Le Directeur de Cabinet du Président du Part des Togolais Nataniel Olympio, dans cet entretien exclusif à Togotopnews aborde un certain nombre de questions de l’actualité politique nationale et surtout la question des élections locales et de la décentralisation. Il tire la sonnette d’alarme
 
Nathaniel_Olympio


sur les conséquences d’une démarche solitaire d’une organisation unilatérale du pouvoir.
 
Monsieur le Directeur de cabinet du président du Parti des Togolais, envie de vous demander comment se porte le parti en termes de vos activités ?
 
C’est la question traditionnelle, quand on rencontre un journaliste, vous avez l’impression d’être avec un médecin, il a envie de savoir si ca va, si vous toussez… Le parti des Togolais travaille, il est sur le terrain, il sensibilise, organise des formations civiques, d’ailleurs le weekend dernier nous avons été à Atakpamé où nous avons organisé une formation à l’endroit des femmes de la région sur le thème « Droits de la femme et développement », donc comment les femmes peuvent contribuer au développement si leur droit sont respectés. La formation été dispensée par Me Célestin Agbogan Vice-président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (Ltdh).
 
Avez-vous conduit la délégation ?
 
Oui les cadres du parti, un certain nombre d’entre eux ont été là-bas, j’y étais également. C’est un évènement important pour nous, pour plusieurs raisons, d’abord cela s’inscrit dans le cadre de notre formation civique ensuite cela concerne les femmes et tout cela revêt un caractère important pour nous.
 
Apparemment Nataniel Olympio prend le du Parti des Togolais ?
 
Comme le président du parti lui même a pris le parti des Togolais, je prends le parti des Togolais, les militants prennent le parti des Togolais. Je crois que vous avez compris notre engagement, et c’est ce que nous faisons tous les jours.
 
Le font de la question c’est où est passé Alberto Olympio, et de l’autre côté on a l’impression que vous prenez la main au Parti des Togolais…
 
Le Parti des Togolais est la conception originelle d’Alberto Olympio avec quelques autres togolais autour de lui, je pense que lorsqu’on a une idée et qu’on a la force de l’exprimé puis la détermination de la mettre en œuvre, on ne la laisse jamais tombée. On la poursuite on la laisse grandir jusqu’à l’aboutissement de l’objectif poursuivi. C’est vrai qu’il est en dehors du territoire national en ce moment mais je peux vous garantir que nous sommes entrain de préparer son retour. Vous serez bien servis à son retour avec toutes les réflexions qu’il a eues à mener tout ce temps d’absence.
 
L’actualité ces derniers jours est occupée par la question des élections locales, comment à votre niveau, appréhendez-vous cette question de la décentralisation et des élections locales ?
 
Il y a beaucoup de choses à prendre en considération, ce ne sont pas des concepts que tout le monde assimile et maitrise. D’abord, il faut passer à la décentralisation des pouvoirs, c’est à dire les pouvoirs qui sont consacrés au niveau centrale soient transférés au niveau local.
 
Quels sont à votre sens les pouvoirs à déléguer prioritairement?
 
Je pense que, c’est aussi un apprentissage, on ne passe pas le bac au premier jour de la scolarité. Je pense qu’il faut aller progressivement. Le gouvernement du Togo doit proposer quels sont les pouvoirs centraux qui aujourd’hui peuvent être délégués aux collectivités territoriales.
 
Mais d’autre part, il y a toute la déconcentration à faire, c’est à la dire la représentation de l’Etat de manière à être plus proche des populations. Jusque-là, on n’a connu que des préfets et bien peut être que nous aurons des gouverneurs. Ce sont des étapes à vulgariser pour que les citoyens sachent la configuration dans laquelle les communes, les collectivités seront dirigées.
 
Que doit être la suite ?
 
Ensuite, il faut faire face à la démarche des élections locales, c’est tout un processus. On passe par le fichier électoral et pour nous quand on parle de fichier électoral, c’est l’état civil et notre état civil est dans un état lamentable. Vous vous souvenez que l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) nous a dit l’année passée que 75% des Togolais n’avaient pas présenté de pièce d’identité pour l’élection. Or notre code électoral dispose que les électeurs peuvent être inscrits même avec un acte de naissance. Les togolais n’ont pas d’acte de naissance. Si nous voulons que les élections locales se déroulent dans la paix, nous devons revoir le fichier électoral.
 
Les élections locales ont un caractère différent des élections présidentielles, et le citoyen qui est dans le canton reculé, n’appréhende pas généralement l’élection présidentielle avec la même acuité que le citoyen qui est à Lomé. Mais lorsqu’on va lui parler d’élections locales, il sera beaucoup plus concerné. Les pouvoirs publics ont intérêt, ont obligation de conduire cette élection avec beaucoup plus de sérieux, en écartant toute idée de forcing. Il y va de l’acceptation des résultats par les citoyens.
 
Dans le cadre du processus des élections locales, le gouvernement fait un certain nombre d’actions, le conseil des ministres a adopté l’avant projet de loi relatif à ces élections et a crée de nouvelles préfectures, les chefs traditionnels sont rencontrés, avez vous été approché ?
 
Nous avons appris sur les médias cet acte de déconcentration qui a consisté à créer de nouvelles préfectures, c’est le droit de l’Etat de créer des préfectures mais certainement ils le font avec des visés électoralistes. Le Parti des Togolais n’a pas été associé. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas que nous demandons qu’à chaque décision que le gouvernement veut prendre, les partis d’opposition soient associés. Ce n’est pas cela la démarche mais il est indispensable que le gouvernement associe les partis politiques dans le cheminement global du processus de préparation des élections locales parce que les élections locales sont une activité politique qui concerne avant tout les partis politiques. D’autres structures peuvent participer au processus mais essentiellement, ce sont les partis politiques qui dialoguent avec le pouvoir pour les élections.
 
Que le Président de la République rencontre les chefs traditionnels, soit, on ne va pas s’en offusquer. Je dirai même que c’est bien, mais ce qui peut être un peu discutable dans la démarche du pourvoir, c’est que les choses se déroulent presque en catimini. On n’a mis dans la main des partis politiques aucun document pour qu’ils puissent réfléchir là-dessus. On a l’impression que le gouvernement veut faire cavalier seul et lorsqu’il va être prêt dans les dispositions qui l’avantagent, alors il dira à l’opposition qu’on va aux élections.
 
Est-ce que l’opposition va se laisser faire ?
 
Nous prenons conscience de cette marche solitaire du gouvernement et il revient à nous les partis politiques de nous organiser pour peser sur la démarche. Il faut privilégier le dialogue mais le gouvernement à tout intérêt à ouvrir le jeu des élections locales. En tout cas pour nous au Parti des Togolais nous croyons fortement que le gouvernement va avoir la lucidité des élections locales transparentes. Si le gouvernement s’enferme dans une démarche solitaire, les frustrations seront plus grandes et les réactions des populations seront plus expressives.
 
L’opposition appelle à l’organisation des locales, le gouvernement donne les signes pensez-vous que les élections locales vont avoir lieu très tôt comme les signes laissent l’entrevoir ?
 
En 2005, lorsque le chef de l’état à pris le pouvoir, il s’est engagé pour le respect des 22 engagements pris vis-à-vis de l’Union Européenne dont l’organisation des élections locales. Une décennie après, presque rien n’a été fait. Les sorties du gouvernement, les décisions prises en Conseil de ministre, la rencontre avec les chefs traditionnelles, ce sont les actes posés mais tout cela ne nous indique pas qu’il y a une démarche organisée claire qui nous accompagne vers les élections locales. Le gouvernement ne donne aucun signe clair. S’exprimer la dessus serait de la pure supputation, c’est seul le gouvernement qui sait ce qu’il va faire. On n’a déjà vu la création de ce comité technique il y a deux ans, si on a pronostiqué comme quoi les élections seront organisées dans un an on se serait complètement fourvoyé. C‘est la même chose aujourd’hui, le gouvernement ne donne aucun signe tangible qu’on va vers les élections locales très prochainement.
 
Tout de même est ce que vous au Parti des Togolais, vous êtes prêt pour les élections locales ?
 
On n’est jamais suffisamment prêt pour une élection. Une élection, on l’a prépare jusqu’au dernier jour du scrutin. Pour ce qui nous concerne au Parti des Togolais, nous sensibilisons nos militants sur la question et nous continuons à nous préparer tous les jours comme si l’élection aura lieu le lendemain.
 
Nous nous acheminons vers la fin de notre interview et alors nous allons vous poser une question d’actualité. Ces derniers jours le gouvernement opère des arrestations dans le cadre de la lutte contre la corruption, pensez-vous que se sont des menus fretins ou des gros poissons ?
 
La question de lutte contre la corruption ne s’exprime pas en termes de menus fretins où de gros poisons. Il ne s’agit pas de faire du sensationnel, il ne s’agit pas non plus de faire du saupoudrage. Il ne s’agit pas de faire dans la demi-mesure. Aujourd’hui, nous avons la Cour des Comptes, l’Armp, mais le mal au Togo c’est que nous mettons en place des institutions mais nous les vidons de leur substance opérationnel, du fait de leur composition et leur fonctionnement, si bien que les résultats de ces institutions sont bien loin des attentes. A titre personnel, je ne pense pas que le gouvernement est en train d’engager une véritable lutte contre la corruption.
 
Avez-vous mot de fin ?
 
Ce qu’on peut encore dire, c’est que le Togo est un pays qui se trouve dans une situation délicate, certainement délicate pour le gouvernement aussi parce qu’il est empêtré dans un mode de fonctionnement qu’il ne sait pas par où prendre les choses. L’opposition également donne l’impression d’être essoufflée mais je crois que l’opposition va se renouveler dans sa démarche, dans sa manière d’aborder le débat politique, de nouvelles personnalités vont émerger, de nouvelles idées vont émerger pour poursuivre la lutte. Mais avant tout, les citoyens doivent s’investir d’avantage, dans les partis politiques ou dans les organisations de la société civile.
 
Propos recueillis par Germain Doubidji
 
source : togotopnews
 

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