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Les élections sont le propre des pays dits démocratiques. Même si au Togo élection ne rime pas avec transparence, les populations seront appelées aux urnes dans quelques mois. Mais le mythe de Sisyphe à la togolaise va-t-il se répéter avec le cycle des élections, contestations, répressions puis négociations ? Des signes avant-coureurs font craindre ce nième scénario avec la récente installation du siège d’une milice proche du régime Rpt/Unir à moins de cent mètres de celui du parti. Il s’agit du Front des Associations des Jeunes (FAJ) dirigé par Théo Banassim.
 
Au moment où la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) clôturait ses travaux en avril 2012, il nous souvient que l’immixtion de l’armée dans la politique et l’érection des milices en tant que force de défense de partis politiques, constituaient les sources de violences pré et postélectorales dans le pays, selon les conclusions du rapport remis à Faure Gnassingbé. L’initiative dénommée « Fais ta part » avait pour but d’exorciser le mal togolais de 1958 à 2005 et de mettre les moyens adéquats afin que plus jamais, le Togo ne connaisse des perturbations postélectorales par la force de l’armée ou des milices. Bien que de l’avis général, le processus ait été décrié du fait de l’intrusion – une fois encore – de l’armée dans le déroulement, la mise en œuvre des recommandations par Faure Gnassingbé aurait pu rassurer les plus sceptiques qui n’accordaient pas un iota de confiance à la sincérité de l’initiative. Mais plus d’un an après, c’est toujours le statu quo.
 
Pire, le 15 septembre 2012, une manifestation du Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) et du Collectif « Sauvons le Togo » (CST) a été violemment réprimée par des milices regroupées au sein du FAJ qui ont joué un rôle important dans les violences électorales de 2005. Des images ont montré ces miliciens armés de gourdins cloutés, de haches, cordelettes, coupe-coupe et autres barres de fer violenter des manifestants au quartier Doumasséssé, sous le regard impassible des forces de sécurité envoyées pour sécuriser la manifestation. Des victimes ont été présentées avec de graves blessures sur le corps et la tête. On apprendra plus tard qu’une somme de 150 000F avait été donnée à chaque milicien, pour « services rendus ».
 
Malgré la sortie du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Colonel Yark Daméhame, qui a promis qu’une enquête avait été ouverte pour retrouver et châtier les coupables, près de neuf mois après, aucun rapport n’est porté à l’attention du peuple, et les coupables qui ont opéré à visage découvert courent toujours, conscients de l’impunité dont ils se prévalent. Et les mêmes milices sont encore intervenues aux côtés des forces de sécurité lors de la répression des manifestations des 21, 22 et 23 mai derniers.
 
De plus, UNIR, le nouveau parti n’a pas pu s’empêcher de perpétuer la pratique qui veut qu’il s’entoure de miliciens pour s’imposer au peuple lors des joutes électorales, en dépit des recommandations de la CVJR. C’est ainsi que peu de temps après que le siège du régime Unir a été transféré au quartier Lomégan – puisque ce sont les mêmes personnes et pratiques qui étaient et avaient cours dans le RPT -, le FAJ dont le responsable est Théo Banassim, a aussi ramené son siège à moins de cent mètres à vol d’oiseau de celui d’UNIR. Hasard de la géographie, coïncidence ou préméditation ?
 
Pour le moment, aucune activité notable n’est encore remarquée aux alentours de ce siège situé au bord du pavé du quartier Lomégan. Mais qu’en sera-t-il à l’approche des élections ? Le président de la CVJR, la représentante du HCDH, Mme Olatokunbo Ige et les diplomates accrédités au Togo qui prônent le dialogue avant toute échéance vont-ils se complaire dans leur mutisme et attendre que du sang coule une fois de plus au Togo avant de monter au créneau ? La vie est sacrée, peu importe qu’elle soit nègre ou occidentale et les élections doivent être synonymes d’alternance, même au Togo. Le temps des milices doit être révolu, au risque de considérer toute l’œuvre de Mgr Nicodème Barrigah comme du gaspillage.
 
Abbé Faria
 
Liberté Togo
 

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