Adrien Houngbédji sera-t-il le prochain président de la République du Bénin ? C’est la mission à lui confiée par les leaders de l’Union fait la Nation (Un) samedi dernier lors de la cérémonie qui l’a investi comme candidat à l’élection présidentielle de mars 2001. C’était au stade de l’amitié de Kouhounou. Sons et lumières étaient au rendez-vous. Des allocutions aussi.
Samedi 18 décembre 2010. Déjà à 11 heures, les militants des partis membres de l’Union fait la Nation (Un), tous de blanc vêtus frappés du chiffre 1, ont pris d’assaut les gradins du stade de l’amitié de Kouhounou. Malgré les rayons ardents que le soleil dardait impitoyablement sur eux, ils ont tenu à ne pas se faire conter l’événement : l’investiture d’Adrien Houngbédji en tant que candidat unique de l’UN à la présidentielle de 2011. La liesse et la ferveur étaient à leur comble. La foule surexcitée entretenue par les prestations des artistes invités, attendait patiemment l’arrivée des ténors de la coalition Un. Et lorsque la colonne d’une dizaine de véhicules haut de gamme s’immobilisa devant la tribune officielle, les olé soutenus pas les bruits des vuvuzelas devinrent interminables. L’un après l’autre, Bruno Amoussou et les autres présidents de partis de l’Union furent invités par le Maître de cérémonie, Gaston Zossou à s’installer à la tribune. Moins d’une heure après, c’est le président d’honneur de l’Union fait la Nation qui fera son entrée au stade de l’amitié. La tension est montée d’un cran. Dès cet instant, tous les regards étaient tournés vers l’entrée nord où était venu le président Soglo. Une vingtaine de minutes plus tard, le cortège de Me Adrien Houngbédji faisant son entrée. Pour contourner la pelouse et prendre place sur le podium aménagé pour la circonstance, il a fallu une bonne trentaine de minutes. Tant la foule s’était amassée sur son parcours. Au concert des vuvuzelas, se sont ajoutés les slogans faisant déjà de Me Houngbédji le prochain président de la République. Si les élections se gagnaient à la force de mobilisation, depuis samedi, Adrien Houngbédji serait déjà le président de la république du Bénin.
Le ballet d’allocutions
Comme en de pareilles circonstances, plusieurs allocutions ont marqué l’événement. Saturnin Agbo Sohou, maire de Toffo et représentant des jeunes n’est pas allé par quatre chemins pour signifier le désespoir de la jeunesse. Il fustige le favoritisme et le clientélisme qui caractérisent les recrutements dans la fonction publique sous le régime de Boni Yayi. Selon lui, le régime en place est le plus incompétent, le plus corrompu et le plus anarchique que le Bénin ait connu. Il est donc impérieux de le remplacer afin que la jeunesse meurtrie et trahie soit réhabilitée.
Mme Binta Taotao, porte-parole des femmes, affirmera que Adrien Houngbédji est le joker gagnant. Elle appelle ses sœurs à s’unir donc derrière lui pour la présidentielle de 2011. Mais avant, elle a démontré que la césarienne gratuite proclamée urbi et orbi est un leurre. Car, ne couvrant que 8% des frais. S’inspirant du projet de société de l’Un, elle estime que les soins doivent venir en amont et non en aval. Elle appelle également de tous ses vœux à une réorientation du micro crédit de telle sorte que cela cesse d’avilir les femmes.
Pour Paul Gnimagnon, président du Nep-Mixalodo, dernier parti à signer un partenariat avec l’Un, il est paradoxal qu’un Docteur soit à la tête du Bénin et que le pays soit malade. C’est pourquoi l’alternance républicaine doit advenir en 2011. De Me Houngbédji, il pense que de par son parcours politique depuis le régime révolutionnaire, il mérite qu’il soit porté à la magistrature suprême du Bénin.
Le Coordonnateur général de l’Un, Antoine Idji Kolawolé tout en s’extasiant sur l’immensité de l’événement, pense que le peuple béninois venait de prendre le départ avec le développement. « L’heure d’Adrien Houngbédji a sonné », lancera-t-il aux militants.
Le président de l’Undp, Jean-Claude Codjia, félicitera pour sa part, les initiateurs de l’Un pour avoir pensé prendre comme logo la jarre trouée du roi Guézo dont le symbolisme dépasse les frontières béninoises. Il réaffirmera à la face du monde le soutien sans faille du président fondateur de l’Undp au candidat de l’Un.
Dansou Dossou du parti Marche, lance quant à lui, un appel solennel aux forces armées béninoises afin qu’elles demeurent républicaines pour ne pas suivre leurs homologues de la Côte d’Ivoire.
Pour Sèhouéto, il n’y a point à discourir. Un seul mot suffit : KO. Pour lui, cela n’est qu’une question de méthode.
Bruno Amoussou président de l’Un prophétise qu’ils gagneront de manière pacifique les élections de mars 2011.
Le président d’honneur de l’Union aura été le plus prolixe des intervenants. On retiendra de son intervention que le Bénin est en déliquescence. Que cet événement était un tournant historique et décisif de sursauts patriotiques. A l’endroit du candidat, il rappelle les vertus d’un bon chef : la foi, la discipline, la solidarité, l’oubli de soi.
Le président du Madep Séfou Fagbohou rassure les militants en affirmant que la victoire était déjà dans leurs murs. Seulement, il voudrait de Me Adrien Houngbédji de ne jamais oublier qu’il est issu d’une union. Par conséquent, il doit privilégier la concertation.
Léhady Soglo, président de la Rb invite également leurs militants à faire gagner dès le premier tour le candidat Houngbédji.
La priorité du futur président
Le candidat investi a présenté le projet de société de l’Union aux Béninois. Dans son adresse, Adrien Houngbédji cite comme priorité la famine qui se profile à l’horizon. En effet, explique-t-il, avec la forte inondation qui a frappé le Bénin, la famine guette les Béninois. Il faut donc y faire face. Une vision que salue l’ancien ministre de l’agriculture, Gaston Dossouhui. Ensuite, l’éducation est en bonne position. Dans les réformes à introduire, il se propose d’octroyer un ordinateur à chaque étudiant avec un accès numérique. Les femmes ne sont pas du reste. Leur santé ainsi que celle de leurs enfants constitue des priorités auxquelles le futur président entend faire face. Il estime également qu’il faut allouer un milliard au moins à chaque commune afin que le développement à la base soit effectif. Il entend orienter autrement la micro finance. Mais aussi soulager les entreprises nationales à qui l’Etat doit plus de 400 milliards de dette.