La lutte contre les détournements de deniers publics, des ressources nationales, l’enrichissement illicite, la corruption et autres fléaux associés est l’une des chansons fredonnées par le pouvoir Rpt/Unir depuis des années.
 
Alors RMC Kaboré tente combattre vigoureusement les crimes économiques au Burkina Faso, Faure Gnassingbé encourage ces crimes au Togo en promouvant les voleurs et les pilleurs des ressources du pays | Caricature : Donisen Donald / Liberté
Alors RMC Kaboré tente combattre vigoureusement les crimes économiques au Burkina Faso, Faure Gnassingbé encourage ces crimes au Togo en promouvant les voleurs et les pilleurs des ressources du pays | Caricature : Donisen Donald / Liberté


Dans le cadre du processus d’accès au programme Compact du Millenium challenge account, la lutte sérieuse contre la corruption constitue un paramètre essentiel. Mais visiblement, elle ne se réduit au Togo qu’aux discours et autres incantations, pendant que sous d’autres cieux, on parle avec des actes, le cas notamment du Burkina Faso avec Roch Kaboré. Dans quel domaine le Togo servira-t-il d’exemple aux autres pays ?
 
Roch Kaboré engage déjà des actions contre les détournements
 
La promotion de la bonne gouvernance fait partie de ses nombreuses promesses de campagne qui ont sans doute séduit les électeurs qui l’ont plébiscité. Et Roch Kaboré sait aussi que cela ne devrait pas rester à l’étape de promesses, qu’il doit joindre l’acte à la parole. C’est ce qu’il a commencé à faire, en annonçant en fin de semaine dernière l’audit sur les parcelles de Ouaga 2000, un quartier chic de la capitale burkinabé.
 
« Le gouvernement va demander à l’Autorité supérieure du contrôle de l’État et de la lutte contre la corruption (Asce-Lc) un audit de la gestion et attribution des parcelles de Ouaga 2000 », indique-t-on. Avant le gouvernement, c’est le Balai citoyen, l’organisation de la société civile phare dans la révolution et la chute de Blaise Compaoré qui demandait un audit des lotissements au Burkina afin de démasquer les « voleurs aux cols blancs ». « Toutes les personnes qui détiennent des parcelles et des immeubles dans cette partie de la capitale doivent pouvoir justifier les revenus qui leur ont permis de les acquérir », ont requis les responsables de cette structure de pression citoyenne.
 
Plusieurs sommités dont l’ancien Premier ministre de la Transition, le Général Yacoubou Isaac Zida sont citées dans une affaire de parcelles dans ce quartier huppé de Ouagadougou où elles sont accusées d’avoir acquis des terrains à vils prix. Sans faire de ressentiment en guise de gratitude au service rendu par ce général pour l’issue de la transition, le président burkinabé avait mis la pression et estimé que Zida, en séjour aux Etats-Unis d’Amérique depuis la fin de la transition, « n’a pas de choix que de rentrer en avril pour lever le voile de suspicion qui pèse sur lui ». Et cette pression n’a pas tardé à porter ses fruits. Comme s’ils se reprochent quelque chose, le Général et son épouse ont renoncé aux parcelles acquises.
 
Selon le contenu de correspondances envoyées, « L’ex-Premier ministre et son épouse ont décidé de renoncer volontairement à l’attribution de ces parcelles, sous réserve que les avances qui avaient été payées sur la base de la minoration du mètre carré leur soient intégralement remboursées », a indiqué le ministre de l’Habitat Maurice Bonanet, au sortir du Conseil des ministres vendredi dernier. On parle respectivement de parcelles de 17.000 mètres carrés et de 7.000 « qui leur avaient été attribuées à Ouaga 2000 ».
 
Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années, dit-on. La lutte contre la mauvaise gouvernance n’est pas une question de durée au pouvoir. A peine quelques mois de présidence que le nouvel homme fort du Burkina engage déjà des actions résolues contre les pilleurs de la République où qu’ils se trouvent. Ce n’est sans doute que le début d’une lutte acharnée de Marc Kaboré contre le détournement des ressources nationales, l’enrichissement illicite, la corruption et les prévarications de toutes sortes. Et c’est à tout son honneur.
 
Rien que des discours et des incantations avec Faure Gnassingbé
 
La lutte contre les détournements des ressources nationales est l’un des chantiers les plus chantés au Togo, disions-nous, concurremment avec la réconciliation nationale, par le fils du père depuis son avènement au pouvoir dans les conditions détestables en 2005. Il ne reste qu’à joindre l’acte à la parole. Mais c’est justement ce qui manque. Si dès les premiers instants de son règne (sic) on pouvait comprendre qu’il n’ait pas eu les coudées franches pour agir, ayant peur de frustrer ceux qui l’ont porté au trône et qui font partie des meilleurs (sic) détourneurs des ressources nationales ayant fait fortune dans des conditions obscures, ce disque est on ne peut plus rayé et ne saurait servir aujourd’hui. Faure a réussi à s’incruster au pouvoir et est devenu le seul maitre à bord du navire Togo. Son inaction ne saurait donc être justifiable. Ce ne sont pourtant pas les cas de détournements qui manquent.
 
Mise sous coupe réglée des phosphates togolais avec un réseau de détourneurs, Fonds d’entretien routier (Fer) avec Ferdinand Tchamsi, Togo Télécom avec Sam Bikassam, pillage à ciel ouvert de la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (Btci) avec ses proches collaborateurs en pôle position, détournements de fonds et d’objectifs au ministère de la Santé, le projet Bidc… c’est une multitude de scandales financiers qui jalonnent son règne. Mais la réaction de Faure Gnassingbé se réduit souvent à démettre certains auteurs de malversations lorsque le scandale est sur la place publique, les cacher un moment et les ramener à leurs postes ou à d’autres tout autant juteux.
 




Il suffit généralement pour les mis en cause de prétexter que les fonds détournés ont servi à financer les activités politiciennes et propagandistes du parti au pouvoir, le Rpt/Unir, pour se tirer d’affaire. Quelqu’un parle de « circonstance atténuante générique ». Tout le problème de Faure Gnassingbé se résume à un manque de courage pour poursuivre les auteurs des différents crimes économiques. On se rappelle que dans son discours du 31 décembre 2012, il avait reconnu explicitement que « les ressources de notre pays sont accaparées par une infime minorité des Togolais », ce qui fait que la plupart des Togolais vivent « dans la peine, le dénuement et la solitude ». Ne nous demandez pas ce qu’il a fait par la suite pour châtier les auteurs des pillages tous azimuts. RIEN !!!
 
La couardise (sic) du Prince est parfaitement illustrée par le scandale de détournement de la dizaine de milliards de FCFA dont se sont rendus coupables des membres du gouvernement et proches collaborateurs sur un chantier de réhabilitation d’une route dont les travaux ont de la peine à finir – suivez juste les regards. Alors même que les preuves de ce détournement sont vivantes et évidentes comme le nez planté au beau milieu de la figure, Faure Gnassingbé ne croit pas devoir agir, ne serait-ce que pour plaire aux décideurs du Mca qu’il courtise comme une déesse vierge. L’autre illustration plus actuelle est fournie par le cas Kodjo Menan, ancien ambassadeur du Togo aux Nations Unies, impliqué dans une affaire de détournement de la bagatelle de 922 000 euros, environ 500 millions de FCFA destinée à la rénovation de l’ambassade du Togo aux Usa. Des sources font état de documents comptables détruits dans l’intention de camoufler les magouilles. Convoqué à la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) le 25 mars dernier, il a été gardé à vue. Le commun des citoyens croyait à un début d’une lutte résolue de Faure Gnassingbé contre les détournements des ressources nationales. Mais le monsieur a été libéré sans autre forme de procès jeudi dernier, après quelques jours de détention, grâce aux trafics d’influences tous azimuts. Y aura-t-il une suite au dossier ?
 
Il faut être naïf pour le croire. C’est cela la lutte contre la mauvaise gouvernance sous Faure Gnassingbé ! Il se contente des discours et autres incantations, n’engage aucun acte concret, laissant ainsi le fléau continuer de gagner du terrain.
 
Source : [12/04/2016] Tino Kossi, Liberté
 

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