Faut-il relever le système scolaire public ou faciliter l’ouverture d’établissements privés de plus en plus chers ?

Faut-il un enseignement supérieur favorable aux riches, surtout en ce temps de COVID-19 avec des cours en ligne ou à distance non accessibles à tous ou bien le développement des conditions qui favorisent, à tous, l’accès à la formation dans des structures adaptées ? Où est l’équité ? Où se trouve le principe de solidarité tant évoqué par les Africains ?

Et lorsqu’on prie pour un meilleur vivre ensemble, est-ce pour qu’une minorité prenne toutes les décisions pour la majorité sans lui laisser le droit de donner son avis ?

La réponse à ces interrogations semble évidente pour le citoyen. Mais alors pourquoi plusieurs milliers de citoyens ne peuvent-ils pas se faire entendre plus que cela ?
Ne serait-ce pas parce qu’ils ne demandent pas explicitement ? Ne sont-ils pas dans la position de cet enfant qui a envie d’un gâteau mais quand ses parents lui demandent ce qui lui ferait plaisir répond : «Tout ce que vous me donnerez sera bien ».
Après plusieurs années de cette réponse, ne croyez-vous pas que les parents ne prendront plus la peine de chercher un cadeau exceptionnel mais se contenteront de lui offrir la première chose qui leur tombera sous la main ?

Alors pour des millions de Togolais que peut signifier un peu plus de bien-être et un meilleur vivre-ensemble ? C’est clair, c’est la résultante de l’instauration de l’Etat de droit dans notre pays : plus d’équité dans le partage des richesses nationales, plus de respect pour la dignité de l’homme qui est dans chaque citoyen.

Par conséquent on doit obligatoirement demander l’alternance, mais pas simplement pour changer de dirigeants mais de système sociopolitique. Cela signifie des citoyens ayant droit à la parole et exerçant leur devoir de contrôle de l’action des dirigeants politiques.

Plus clairement :

  • que les dirigeants actuels se retirent mais aussi que la classe politique soit totalement renouvelée, que cessent les mascarades électorales et la mauvaise gouvernance ;
  • que soient arrêtées et punies toutes les personnes qui détournent les fonds publics ;
  • que la justice soit indépendante pour pouvoir jouer en vérité son rôle ;
  • que la société civile n’attende pas que les politiques donnent le mouvement, la cadence, le tempo du changement social ;
  • que les intellectuels jouent leur rôle de veilleurs ;
  • que des leaders de la société civile aient le courage de porter ces demandes des citoyens pour les faire aboutir.

Mais voilà, tout cela c’est encore des voeux. Pour qu’ils ne demeurent pas des voeux pieux, il faut une condition : il faut qu’il y ait des personnes qui incarnent ces voeux et soient des signes annonciateurs de la jouissance effective du droit au bonheur des citoyens. En effet à quoi cela servira-t-il à un enfant de demander qu’on lui offre un ballon s’il attend de le recevoir avant d’apprendre à jouer avec ?

C’est pourquoi se mettre en position de profiter de la nouvelle société que nous voulons et de la faire perdurer, c’est reconnaître avec l’Abbé Pierre que « Le plus grand échec est de ne pas avoir le courage d’oser ». Par conséquent, il faut que des citoyens osent :

  • résister au pouvoir en place en renonçant au gain facile mais surtout en acceptant le risque inhérent à cette prise de position ; il ne s’agit pas de ne pas avoir peur mais d’oser parler en temps voulu et sans langue de bois des exactions du régime ;
  • dire en vérité ce qu’ils pensent aux membres de la DMK, relever les erreurs du prélat et les faiblesses de la stratégie adoptée sans surfer sur la crédulité de certaines catégories de citoyens en utilisant la religion de manière démagogique ;
  • dire la vérité aux différents “opposants” qui se croient indispensables mais qui désormais doivent se conjuguer au passé ;
  • réveiller les membres de la société civile qui ne vont pas au bout de leur fonction qui est de s’impliquer totalement dans la bataille de la transformation de la cité sans crainte d’être taxés de suivisme politique ;
  • exiger des intellectuels qu’ils se prononcent sur les grands problèmes de l’heure :
    problèmes politiques, juridiques, économiques et sociaux ;
  • soutenir clairement la presse dans son rôle d’investigation et de dénonciation des scandales financiers et autres, etc.

Oui, faire de notre pays un Etat de droit, demande, en guise de préalable, que les citoyens choisissent d’être des personnes qui veulent avoir le droit d’exprimer leur opinion, de se réunir pour échanger à propos de tout problème et agir ensemble, de manifester publiquement sans être molestés par les forces de l’ordre, de se syndiquer et de faire grève sans répression, de décider du système de santé et du système de formation qui leur convient.
Faire de notre Togo un pays démocratique requiert que les citoyens exigent qu’on leur rende des comptes à tous les niveaux de l’appareil d’Etat et que toute déviation soit jugée et punie ; et donc que toute personne qui ne donne pas satisfaction au plan politique et administratif sache qu’il existe des mécanismes les empêchant de continuer à nuire au bien commun.

En 2021, nous souhaitons qu’advienne la fin du cauchemar togolais qui, plus qu’une dictature féroce et pourrie, est un film d’horreur avec des citoyens devenus des zombies incapables de prendre en charge leur propre avenir, des fantômes qui se lamentent sur leur sort sans vouloir vraiment en sortir…

citeauquotidien@gmail.com

Lomé, le 27 novembre 2020

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here