« Qui donne la leçon doit l’exemple » (Georges Courteline)

 « Aujourd’hui, la jeunesse togolaise sait qu’elle est la seule richesse du Togo. Cette jeunesse doit travailler, doit construire un système de valeur autour du travail, de la rigueur, de l’abnégation, du respect de l’engagement et de l’honnêteté pour relever les défis du développement économique à travers l’entrepreneuriat ». Ceci est un extrait de l’entretien accordé au site d’information agridigitale.net par Mme Sahouda Gbadamassi-Mivedor, Directrice du Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes (Faiej).  

A la lecture de cette déclaration, nous avons éprouvé de l’admiration pour son auteure. La raison est que de pareils propos qui encouragent les jeunes, mais les mettent aussi devant leur responsabilité sont rares dans l’équipe gouvernante actuelle. La jeunesse doit, en effet, connaître son potentiel et se comporter en y tenant compte.    

Nous ne doutons pas un seul instant que la directrice de Faiej a parlé sans penser à autre chose qu’à sa cible, c’est-à-dire, la jeunesse. Néanmoins, nous ne pouvons pas non plus nous empêcher de voir, à travers cette déclaration, une analyse profonde de la situation de la jeunesse du pays. Et nous aurions voulu qu’elle provienne d’une autre personnalité plus influente, en l’occurrence Faure Gnassingbé.

Malheureusement, celui qui incarne le pays est lui-même en déphasage avec les valeurs vers lesquelles la jeunesse est appelée. Depuis son arrivée au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé a réussi à déconstruire dans la tête de la jeunesse les valeurs du travail, de la rigueur, de l’abnégation, du respect de l’engagement et de l’honnêteté. Depuis plus de 15 ans, la mentalité des jeunes togolais a évolué vers le gain facile. Au lieu de les appeler à redoubler d’effort dans le travail, Faure Gnassingbé a préféré faire des jeunes des instruments de propagande. A chaque rendez-vous électoral, ils sont recrutés, entassés dans des camions et déversés dans les rues pour faire croire que la population lui apporte toujours son soutien. Des heures entières, ils sont convoyés de quartiers en quartiers et reçoivent à la fin un billet de 2000 FCFA, pour les plus chanceux.  

Aujourd’hui, la jeunesse togolaise a la ferme impression que le travail bien fait ne garantit plus une vie épanouie. Sous Faure Gnassingbé, ceux qui ont le plus évolué au Togo sont ceux-là même qui trainent derrière eux des casseroles. Les scandales de détournement de fonds se révèlent régulièrement et les personnes incriminées ne font l’objet d’aucune poursuite. Ceux qui travaillent dur sont ignorés alors que des promotions sont accordées à ceux qui doivent plutôt rendre compte de leur gestion du bien public. 

La rigueur, chez Faure Gnassingbé, se limite à son pouvoir. Tous ceux qui tentent de le lui arracher sont injustement soumis à la rigueur de la loi, la justice étant aux ordres. Le chef de l’Etat ne se prive pas de moyens pour réduire au silence toute contestation qui aiderait à mettre en lumière le malaise du peuple. Il ne ménage aucun effort pour s’éterniser au pouvoir pendant que la jeunesse est abandonnée, loin des meilleures conditions pouvant lui permettre de contribuer efficacement au développement du pays.

Prendre des engagements et ne jamais les respecter est devenu une spécialité de Faure Gnassingbé. Depuis l’Accord politique global (APG) de 2006, toutes les conventions intervenues entre le chef de l’Etat et ses adversaires politiques n’ont jamais été suivies d’actions.

Dans ces conditions, comment ne pas comprendre que la jeunesse qui, des décennies auparavant, se tuait à travailler et à vivre des fruits de son labeur, devienne inactive ? Elle compte désormais plus sur le hasard que sur la force de ses bras. La raison est qu’elle a perdu les repères, désorientée par les discours et actions politiques, surtout celles de Faure Gnassingbé et de son entourage. Ils présentent le militantisme politique comme la clé du succès et agissent comme tel.

Geraud AFANGNOWOU / Liberté Togo

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