« L’usure du pouvoir conduit au despotisme, au clanisme et à l’inefficacité » (M. Issoufou)

Le président nigérian Muhammadu Buhari a saisi l’occasion du sommet de la CEDEAO tenu lundi à Niamey au Niger pour rappeler à l’ordre ses pairs testés positifs au virus du 3ème mandat. La zone ouest-africaine considérée jusque-là comme l’un des meilleurs élèves en matière de démocratie et d’Etat de droit, est en totale régression à cause justement d’une poignée de dirigeants groggy par le pouvoir et qui portent des coups à l’intégration démocratique.

L’effondrement démocratique communautaire est porté par le Togo, la Côte d’Ivoire et la Guinée, trois pays dont les dirigeants ont mis le bistouri dans la constitution pour prolonger le bail à la tête de leur pays. La mode en vogue actuellement dans ces satrapies, est la remise du « compteur à zéro ». Une escroquerie politique des autocrates pour prolonger leur règne après la fin de leurs mandats dûment autorisés par la Constitution. On tripatouille ensuite la loi fondamentale, on remet tout à plat pour ensuite rebondir avec un troisième et un quatrième mandat anti-constitutionnel. Pour perpétuer le règne sans fin, le régime de Faure Gnassingbé avait donné le la à cette manœuvre qui a pris corps également en Guinée et en Côte d’Ivoire. A leur tour, Alpha Condé et Alassane Ouattara ont décidé, contre la volonté de leur peuple, de briguer un troisième mandat malgré les risques énormes d’instabilité politique qu’ils vont faire courir à leur pays.

Le syndrome du 3ème mandat, de l’avis de nombreux analystes, risque de précipiter la sous-région déjà meurtrie par le terrorisme dans le chaos. Une inquiétude partagée par Muhammadu Buhari qui se pose en gendarme de la région ouest-africaine. Il a exhorté ses homologues à la retenue et au respect des dispositions constitutionnelles tout en insistant sur la nécessité de garantir des élections libres, justes et crédibles. « Cela doit être le socle de la démocratie qu’il faut soutenir dans notre sous-région, de la même façon que le respect de l’état de droit », a martelé Buhari.

Ce n’est pas la première fois que le président nigérian exerce la pression sur certains dirigeants de la CEDEAO. Lors de la crise sociopolitique de 2017 au Togo, Muhammadu Buhari était monté au créneau pour exiger ouvertement l’alternance démocratique dans notre pays. A l’époque, le Togo était la seule calamité dans l’espace communautaire. Faure Gnassingbé s’était accroché frénétiquement à son fauteuil. Il était déjà à son 3ème mandat et manœuvrait pour rallonger son règne.

Aux yeux de Buhari les tripatouillages constitutionnels assurant un pouvoir à vie sont passés de mode. Abuja avait exercé une pression inédite sur le pouvoir togolais. Muahammadu Buhari avait même pris langue avec certains de ses pairs pour contraindre Faure Gnassingbé à ne pas se représenter à la dernière élection présidentielle. Une incursion dans le dossier togolais que Lomé II avait fort peu goûtée à l’époque.

Aujourd’hui, le président nigérian sonne à nouveau la charge. On espère que Faure Gnassingbé a compris le message et prendra la décision d’entrer dans l’histoire par la grande porte. Le temps de la présidence à vie est révolu.

Médard AMETEPE

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