angele_aguigah_500
 

Recensement dans la deuxième zone

 
La Commission électorale nationale indépendante livrait samedi dernier les résultats du recensement dans la deuxième zone. Au total, 1.800.539 électeurs sont provisoirement inscrits sur la liste électorale dans cette zone qui couvre une vingtaine de préfectures. Ces résultats ont été rendus publics en présence de certains partis politiques acquis à la cause du pouvoir et des journalistes. Mais les ténors de l’opposition réclament l’audit des résultats du recensement dans les deux zones.
 
Du 12 au 28 Avril 2013, les opérations de recensement électoral se sont déroulées dans l’ensemble des préfectures concernées de cette zone. Toutefois, en raison de la persistance de l’affluence de potentiels électeurs dans certains centres de recensement et de vote de la préfecture du Golfe et de la commune de Lomé, le recensement y a été prolongé jusqu’au 30 Avril. A l’issue des 19 jours de recensement, un total provisoire de 1.800.539 électeurs ont été inscrits sur la liste soit un taux de plus de 92 % d’électeurs potentiels.
 
Après 36 jours de recensement dans les deux zones, un peu plus de trois millions d’électeurs (3.066.097) sont recensés. Selon les responsables de la CENI, ce chiffre est susceptible d’évolution car les travaux de compilation et de consolidation des données issues de l’ensemble du recensement sont en cours au Centre national de traitement des données (CNTD) en vue d’obtenir un chiffre définitif. Ceci permettra, selon un membre de cette structure, d’avoir un fichier électoral propre.
 
Après cette étape, la CENI va s’activer à détecter et à traiter les doublons. S’en suivront la génération et l’impression des listes provisoires qui seront affichées dans tous les centres de recensement et de vote (CRV), ouvrant ainsi la période des recours prévue par le Code électoral en ses articles 55, 56 et 57.
 
En substance, les recours permettent aux citoyens radiés d’office de la liste électorale ou dont l’inscription est refusée d’adresser une réclamation à la CELI. Cette réclamation peut viser également un électeur indûment inscrit, radié ou omis sur la liste. En cas d’omission, les citoyens ou les requérants peuvent, jusqu’au jour du scrutin, exercer un recours devant le président de la CELI. Le contentieux, en matière d’inscription sur les listes électorales commence dans les 48 heures qui suivent l’affichage des listes. Il couvre une période de 11 jours au total. Ce sont les listes qui seront issues du traitement des contentieux qui serviront de listes définitives au scrutin. La CENI se propose de limiter à 400 le nombre d’électeurs par Bureau de vote afin de gagner du temps pour le dépouillement qui devra intervenir dès la clôture des opérations de vote à 16 heures.
 
S’agissant de la date du scrutin législatif, aucune date n’est avancée. Mais la CENI déclare qu’elle est tributaire des activités de traitement des listes électorales par le prestataire, des moyens mis à sa disposition et de la diligence des partis politiques à désigner leurs représentants dans les bureaux de vote.
 
Si la CENI s’estime confiante que le processus suit son cours normal, cela n’est pas du goût des hommes politiques qui, par contre, voient à travers les démarches de la structure, un cautionnement du pouvoir en place.
 
En effet, l’opposition incarnée par le Collectif Sauvons le Togo et la Coalition Arc-en-ciel estime que de nombreuses irrégularités notamment l’enrôlement de mineurs et d’étrangers ont jonché le processus de recensement. De plus, elle pointe du doigt une répartition fantaisiste et à son détriment des kits ayant servi à cette opération. Elle exige un audit du fichier électoral et dénonce la sourde oreille de la CENI. Par ailleurs, la composition même de cette structure en charge des élections donne du fil à retordre. L’opposition a boycotté cette structure estimant que le moment n’est pas propice pour sa mise en place. Elle continue d’exiger un dialogue préalable afin de régler les questions relatives aux réformes constitutionnelles et institutionnelles devant permettre d’aller à des élections acceptées par tous. Pour expliquer le bien fondé de leurs revendications, certains responsables de ces deux entités de l’opposition se sont rendus il y a quelques semaines en Occident pour rencontrer certains partenaires du Togo. En clair, pour ces responsables de l’opposition, le dialogue est la condition sine qua non pour apaiser les tensions récurrentes consécutives aux élections. La Commission électorale nationale indépendante au Togo a une histoire. Celle de ne jamais servir la vérité, celle qui consiste à cautionner les fraudes électorales au profit du régime en place incarné par les Gnassingbé père et fils. L’allure que prend la CENI actuelle n’est nullement différente des précédentes. La mise en place et la composition de l’institution a prêté à confusion avec un groupe qui attend encore des reliquats. En plus, l’équipe cafouille et fonce à tête baissée malgré les interpellations tous azimuts sur les dérapages. A ce jour, la date des élections n’a pas été encore fixée, le dialogue pour les réformes n’ont pas démarré. Le pont est coupé entre le pouvoir et l’opposition alors que la présidente de la CENI est une militante avérée du parti au pouvoir. Difficile, voire impossible pour elle d’être impartiale. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les acteurs politiques ne devraient pas s’attendre à un miracle au lendemain des élections législatives. Les résultats seront tronqués et manipulés au profit du pouvoir que la CENI sert. C’est pourquoi, la dénonciation des enrôlements de mineurs, l’inscription des étrangers, les différentes irrégularités qui ont marqué le processus jusqu’à ce jour ne perturbent guère les militants du parti au pouvoir réunis au sein de la CENI. Le déni de ces faits constatés et avérés annonce donc les couleurs des fraudes massives qui vont émailler les prochaines élections.
 
Jean-Baptiste ATTISSO
 
L’Indépendant express N° 253 du 07 mai 2013
 
 

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here