Pierre Nkurunziza

« Rien n’est plus clairement la marque d’un homme d’État que de savoir quand passer le flambeau à une nouvelle génération» (Kofi Annan)

Pierre Nkurunziza, le président du Burundi était sur la short-list des dictateurs impénitents, à l’instar de Blaise Compaoré, Abdelaziz Bouteflika, Omar el-Béchir, Joseph Kabila, Faure Gnassingbé…Ils ont connu des destins différents, certains chassés par la rue, d’autres par leur propre armée qu’ils ont bâtie à leur image, d’autres encore ont décidé de sortir par la grande porte en se retirant, d’autres enfin, grisés par le pouvoir, excluent toute éventualité de retraite et se soudent solidement au trône comme une sangsue.

Parmi ceux qui ont été touchés par l’épiphanie se trouve l’autre fils du père, Joseph Kabila qui, après ses deux mandats autorisés par la constitution et après avoir rusé pour s’autoriser une troisième mi-temps très élastique, a finalement décidé sous la pression de la communauté internationale, de rendre le tablier et permettre à d’autres Congolais d’apporter leur pierre à l’édifice.

Comme lui, le dictateur burundais Pierre Nkurunziza, après trois mandats présidentiels, s’était engagé à ne pas se représenter. C’était d’autant plus surprenant qu’il avait organisé un référendum controversé sur une révision de la Constitution qui lui permettait de rester au pouvoir jusqu’en…2034. Personne ne l’avait cru quand il avait annoncé son retrait du pouvoir en 2020.

Mais Pierre Nkurunziza a tenu parole en apportant son soutien au candidat du parti au pouvoir, le général Evariste Ndayishimiye pour le scrutin présidentiel du 20 mai prochain dont la campagne électorale bat son plein dans un contexte de crise sanitaire liée au Covid-19. Mais les Burundais ne devraient pas avoir de souci à se faire quant aux gestes barrières, car ils seraient un « peuple béni de Dieu ». A en croire les autorités, le Burundiserait protégé par « la grâce divine. »

Pierre Nkurunziza avait la possibilité de s’accrocher au pouvoir. Son renoncement est un signe d’humilité et de grandeur qui doit inspirer d’autres dirigeants africains. Il y a malheureusement certains fous du pouvoir qui se croient irremplaçables et qui se permettent même d’agiter le spectre du chaos. Ceux-ci prétendent que leur départ causerait plus de problèmes qu’il n’en résoudrait et que leurs pays encore fragiles sombreraient. A ces despotes, Barack Obama rétorquait qu’« un chef d’Etat qui pense qu’il doit forcément rester au pouvoir, et qu’il est le seul garant de la prospérité et de la stabilité de son pays est un leader qui a échoué à construire une véritable nation. »

Joseph Kabila est parti. La vie au Congo Kinshasa ne s’est pas arrêtée. Au contraire. Pierre Nkurunziza a décidé de céder le pouvoir. On n’assiste pas au chaos au Burundi. La vie suit son court dans ces pays comme dans d’autres où les dirigeants ont volontairement renoncé au pouvoir.

Le pouvoir d’Etat ne doit pas être une fin en soi pour s’y accrocher indéfiniment. Il faut apprendre à partir. L’humilité et la simplicité dont certains se font le chantre, c’est aussi de savoir perdre le pouvoir la tête haute.

Médard AMETEPE / Liberté

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