Une société qui gère des millions sans aucun dispositif de sécurité

La vie des autres agents exposée…

La victime laisse  derrière elle 4 enfants inconsolables 

Le décor était macabre, la scène horrible. L’émotion était vive, la consternation à son paroxysme. En cette matinée du 22 mars 2021, rien ne présageait une telle horreur à Adidogomé notamment à Boukarou dans la banlieue nord de Lomé.  Mais un braquage armé est venu assombrir davantage le ciel déjà nuageux. Non loin de l’effroyable scène, gisaient deux cadavres. D’un côté, une dame qui venait de succomber aux coups de couteau assénés par l’un des braqueurs qui a été également lynché par une foule déchaînée. Quelques jours après ce braquage, des interrogations subsistent. Actuellement, la famille de la victime, agent de société de transfert internationale d’argent, baigne dans un traumatisme indescriptible, avec ses 4 enfants (dont un de quelques mois)  inconsolables.  Le  veuf est quant à lui presque au bord de la crise de nerf, soutenu par un cabinet de Psychologue. Plusieurs interrogations restent sans réponse pour l’heure. Aurait-on pu éviter ce drame ? Pourquoi la société n’a pris aucune disposition pour assurer la sécurité de la succursale  d’Adigogomé ? Ce crime odieux restera-t-il impuni ?

Retour sur une journée d’horreur

Lundi 22 mars  matin, en face de l’agence Togocel deSoviépé dans les environs d’Adidogomé, ce sont deux corps sans vie que l’un d’une femme, l’autre d’un homme l’on pouvait retrouver allongés. La dame, selon les témoignages a été  poignardée en pleine tête au cours d’un braquage et l’homme, brûlé vif, qui serait un des braqueurs qui n’a pas pu s’échapper.

En effet, rapportent les témoignages, ils étaient deux jeunes hommes qui ont attaqué le l’Agence AL IZZA Transfert d’Argent International où se trouvaient l’agent qui a malheureusement perd la vie et sa domestique qui s’occupait de son enfant. C’est l’une des deux femmes qui a été poignardée par les malfrats en pleine tête et l’autre blessée gravement. Il est rapporté que les malfrats sont parvenus à soutirer de l’argent du kiosque et ont pris la fuite, mais l’un des deux n’ira pas plus loin puisque rattrapé par les populations qui ont répondu l’appel au secours de la jeune dame (la servante) blessée. Et c’est celui-là qui a été rattrapé qui aurait été brûlé vif.

L’autre dame poignardée en pleine tête par les braqueurs y a laissé sa vie le couteau resté dans  sa tête.

Le second malfrat ayant échappé à ses poursuivants serait parti avec la grosse somme d’argent qui a été récupérée de force des mans la tenante des lieux.

 « C’est une dame d’une trentaine d’années qui travaillait dans un kiosque. Deux jeunes garçons sont venus vers elle ce matin, la dame était dans le kiosque avec son enfant qui a un peu plus d’un an et sa bonne. Comme elles étaient 2 dans le kiosque, sa seconde a couru vers une boutique à côté de leur kiosque leur demandant de lui passer son téléphone, qu’elle va appeler son papa, parce que sa maman a été agressée », rapporte un témoin.

Au-delà du drame

Après ce drame qui a coûté la vie à une dame qui ne faisait que son travail, nous avons voulu en savoir davantage sur les circonstances  qui ont pu le favoriser. Dans nos recoupements, nous avons approché la famille de la victime pour en savoir davantage.  Même si elle fait difficilement son deuil, on a pu arracher quelques bribes d’informations.

Tout d’abord, il faut savoir que dame Tchiou Roukayetou travaillait pour la société AL IZZA, une grosse structure internationale opérant dans le transfert d’argent. « Avec comme activité principale le transfert et la réception d’argent, AL IZZA Transfert d’Argent International est devenu aujourd’hui le Numéro 1 avec le réseau le plus large comptant plus de deux cents (200) agences dont une cinquantaine (60) à Niamey et plus de cent cinquante (150) à l’intérieur et extérieur du Niger. AL IZZA Transfert d’Argent Internationale couvre les pays suivants : BENIN, BURKINA FASO, COTE D’IVOIRE, MALI, NIGER, SENEGAL et TOGO.. », découvre-t-on sur le site internet de la boîte.  Pour ce qui est du Togo, la structure est présente dans toutes les grandes villes notamment Lomé avec plusieurs agences, Aneho, Atakpame,  Kara, Dapaong, Sokode, Mango, Sinkacé etc.

Selon les informations, la plupart des Agences AL IZZA ne bénéficie pas de protection sécuritaire. Or, il se fait que c’est plusieurs centaines de  millions que cette structure manipule. Pour ce qui est spécifiquement de l’Agence d’Adidogomé où le malheureux incident s’est produit, il n y a même pas un petit vigile pour assurer la sécurité de l’immeuble. Il n y a d’ailleurs pas de système de vidéo surveillance.  Est-ce une simple négligence ou une volonté délibérer d’exposer la vie aussi bien des clients que des agents. Pour ce qu’on sache, pour ces structures financière, il y a des dispositions pour sécuriser les agences. Cela dissuade au moins les braqueurs. Si on voit la facilité avec laquelle les deux individus se sont introduits dans l’agence et on opérer leur forfait, l’on est en droit non seulement de se poser beaucoup de questions mais aussi de se révolter.

Le plus triste dans cette affaire, c’est que ce drame aurait pu être évité.  Selon les témoignages, les proches de la victime ont alerté le premier responsable de la structure au Togo du danger qu’encourent les agents qui travaillent là sans aucune sécurité. Plus clairement, le mari de la victime, alors qu’il était en mission hors du pays, a vainement essayé de convaincre M. Loukouman Yakoubou  de trouver une solution à cette situation en vain. D’ailleurs  la dernière alerte a été donnée le 16 février dernier. 

Comment une société internationale qui brasse beaucoup de million puisse être négligente à ce point ? Mais à en croire certaines indiscrétions, les premiers responsables même sont bien gardés dans leur domicile avec des systèmes de sécurité de pointe. Or, les agents sont laissés à eux-mêmes. «  Aujourd’hui, nous avons perdu notre fille, notre femme, notre enfant. Cela pourrait arriver dans n’importe quelle circonstance. La mort n’avertit pas.  Mais ce que nous déplorons et nous indigne, c’est que cela aurait pu être évité. La société savait qu’elle n’était pas en sécurité là-bas. Tout ce que nous avons fait pour leur faire prendre des dispositions s’est révélé infructueux. Notre cri de détresse, ce n’est pas seulement pour notre enfant qui est décédé dans des conditions tragiques et épouvantables mais  pour les autres qui sont toujours exposés », soupire un des parents de la victime.

Cette affaire ne devrait pas d’arrêter. C’est vrai qu’au niveau de la famille, on n’est pas prêt à lâcher. Il faut bien sûr que justice soit faite à la victime. Mais l’autorité doit bien voir du côté de l’employeur et voir les failles qu’il y a pu exister.

Nous avons tenté de joindre à plusieurs le premier responsable d’AL IZZA Transfert d’Argent International au Togo. Tout d’abord, celui-ci a catégoriquement refusé de nous donner sa part de réponse au téléphone et nous a donné rendez-vous hier à son bureau à 11 heures. Nous l’avons appelé et il a confirmé le rendez-vous. Seulement une fois sur place, l’intéressé est introuvable. Joint, il estime être à la DCPJ pour les raisons de l’enquête. Nous lui avons bien évidemment signifié que le dossier devrait paraître aujourd’hui. Nous estimons avoir faire le nécessaire pour recueillir son avis. Toutefois, nous sommes disposés à lui donner la parole dans nos prochaines parutions.

Pierre Afanou

Source : Le Tonerre

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