« Quand tous les pouvoirs et les contre-pouvoirs sont entre les mains d’un seul homme, la démocratie est en danger » (Ganiou Soglo)

Le Bénin sous Patrice Talon glisse dangereusement. En quatre ans au pouvoir, le roi du coton devenu président a abîmé l’image du Bénin que les Gnassingbé ne l’ont fait en 53 ans de régence au Togo. Le laboratoire de la démocratie en Afrique qui suscitait tant l’admiration du voisin de l’ouest et cité en modèle s’effrite.

Pourtant à son avènement au pouvoir, Patrice Talon avait suscité beaucoup d’admiration des pays voisins notamment du Togo, avec sa promesse d’instaurer un mandat présidentiel unique qui, d’après lui, une exigence morale nécessaire à la bonne gouvernance, et les diverses réformes dont il se disait porteur pour restaurer la crédibilité du Bénin. Il a réussi à bluffer à mystifier tous ceux qui ont voulu croire en lui. 

Mais les espoirs ont été vite déçus, trahis. En quelques mois seulement, Talon fut pris d’une telle ivresse de commandement qu’il oublie ses engagements. Et montre à la face du monde le visage hideux d’un véritable potentat africain en sombrant dans des dérives autoritaires. Comme certains de ses pairs autocrates, il verrouille l’espace politique instrumentalise la justice et déroule le rouleau compresseur contre ses rivaux politiques.

Sébastien Ajavon, faiseur de roi à la présidentielle de 2016, est condamné à 20 ans de prison dans une sombre affaire de trafic de cocaïne. L’ancien Premier ministre Lionel Zinsou,challenger de Talon en 2016 a été lui condamné à 5 ans d’inéligibilité pour dépassement de ses frais de campagne.

Quant à l’ancien président Thomas Boni Yayi, il a été forcé entre temps à l’exil après plusieurs semaines de siège imposé par la soldatesque de Talon autour de son domicile. De plus, un décret est pris interdisant la délivrance de tout document administratif (carte d’identité, passeport, quitus fiscal,…) aux personnes visées par une procédure judiciaire. Sur la liste, plusieurs figures politiques accusés de se soustraire à la justice.

C’est dans ce climat de chasse à l’homme ouverte contre ses opposants que Patrice Talon organisa en avril 2019 les élections législatives auxquelles aucun parti d’opposition n’avait été autorisé à se présenter, s’octroyant à lui seul les 83 sièges de députés à l’Assemblée nationale.

Le président béninois récidive un an plus tard, en mai 2020, avec des élections municipales qualifiées d’une vaste escroquerie politique pour lesquelles seules quatre petites formations politiques de l’opposition ont pu présenter de listes.

A un an de la présidentielle de 2021, l’arène politique béninoise est polluée par des agitations des hurluberlus et courtisans de Patrice Talon qui veulent le voir prolonger son bail à la tête du Bénin. Des appels sont lancés à l’endroit du président béninois afin de se porter candidat aux élections de 2021 et « poursuivre les gigantesques chantiers entrepris pour le développement du Bénin » comme le souhaite un lugubre mouvement politique, l’Union du peuple en action vers 2021 (UPAV 21).

Des thuriféraires du régime ne sont pas en reste. A l’instar de l’ancien secrétaire général du gouvernement de Boni Yayi,Eugène Dossoumoun pour qui ce serait une perte pour le Bénin si Patrice Talon ne revenait pas pour son deuxième mandat. Comme le dirait l’autre, les griots sont là, au réveil du chef, et ils sont encore là, tard le soir, pour éteindre les lumières, au moment où celui-ci s’endort.

Médard AMETEPE / Liberté Togo

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