« La justice trop aveugle, c’est le risque certain de rendre un coupable innocent et un innocent coupable, il serait utile parfois que le bandeau aveuglant tombe! »(Guillaume Prevel)

Le magistrat n’a pas de plan de carrière, a l’habitude de claironner le ministre de la Justice, Pius Agbetomey. Mais à l’heure où un nouveau gouvernement avec un nouveau ministre de la Justice se prépare à être formé, beaucoup de magistrats attendent de voir si le nouveau président du Conseil supérieur de la magistrature, en même temps Président de la République et surtout garant de l’indépendance de la justice saura prendre les taureaux par les cornes et siffler la fin des haricots pour les « protégés », mieux, les « intouchables ».

Lorsqu’il s’agit d’un magistrat qui a des idées trop « indépendantes », on n’hésite pas à l’oublier quelque part. Mais quand un autre affirme son zèle, cadeaute sa hiérarchie et excelle dans le « béni-oui-oui », il est maintenu à son poste et toutes les occasions sont bonnes pour le propulser. Surtout quand il sait rapporter, « comérer ». Beaucoup ont gravi les échelons via cette pratique. C’est ainsi qu’on croise des procureurs dont les mandats dépassent ceux de Faure Gnassingbé, des juges d’instruction qui poussent des racines en première instance, des présidents de tribunaux qui font le yoyo entre la Cour d’Appel et la première instance pendant que leurs promotionnels sont casés ailleurs.

Si des magistrats font moins de quatre ans à un poste et sont envoyés ailleurs, c’est par la volonté du ministre et du président sortant et retraité depuis le 1er avril 2020 du Conseil supérieur de la magistrature. Tout comme si des juges donnent l’impression d’être rivés au même poste depuis 7, 8 voire 9 ans. Et dans ce dernier cas, c’est une aberration couplée de favoritisme.

S’il est un ministre de la Justice que le corps ne regrettera pas, tout comme le corps des greffiers, c’est à n’en pas douter Pius Agbetomey dont les phraséologies ont longtemps fait croire qu’il transposerait les bonnes habitudes de l’inspection générale vers le ministère. A l’heure du bilan, récriminations, soupirs, jurons. Tant au niveau des magistrats que des détenus qui, soit dit en passant, devraient séjourner dans une « maison de correction », synonyme de prison.

A quel rythme l’inspection générale visite-t-elle les univers carcéraux au Togo pour écouter des détenus et prévenus abusivement gardés ? Quelles mesures le ministre a-t-il prises depuis le mécontentement des greffiers dont certains ont fini par quitter le corps et d’autres ont vu leurs salaires coupés ? Absolument aucune, si ce ne sont des affectations sauvages en cours d’année. Si ce n’est pas de la méchanceté, ça y ressemble fortement. Et pourtant, sans le greffier, la justice ne peut fonctionner. Mais alors, au nom de quelle justice les revendications des uns –les magistrats- peuvent-elles être solutionnées et que celles des autres –les greffiers- doivent être noyées dans des sévices ? Justice à plusieurs variables semble le terme approprié pour qualifier cet état de fait.

Beaucoup fondent des espoirs sur  l’arrivée imminente du Président de la République à la tête du Conseil supérieur de la magistrature. Encore faudra-t-il qu’il soit coaché par un bon ministre de la Justice : impartial et juste !

Godson KETOMAGNAN / Liberté Togo

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