« Trop peu d’honneur pour moi suivrait cette victoire. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire» (Pierre Corneille)

La campagne électorale pour la présidentielle du 11 avril 2021 au Bénin est ouverte le 26 mars et les trois listes pro Talon retenues par sa CENA et sa Cour Constitutionnelle, après avoir mis sous éteignoir les challengers de taille, se sont jetées dans l’arêne pour séduire les électeurs à porter leur choix sur eux. Le seul enjeu de ce scrutin vidé de tout suspense, sera le taux de participation. Quant au vainqueur, il était connu plusieurs mois à l’avance. Comme l’observait l’administrateur du programme de gouvernance politique de l’ONG Osiwa, Mathias Hounkpè sur Rfi, ces élections sont du « Talon contre Talon ». 

            Tous les dirigeants africains qui ont organisé les élections l’année dernière et cette année 2021, ont tous réalisé un coup K.O. Dans certains cas avec des scores à la soviétique, et ce n’est pas Patrice Talon qui serait le dindon de la farce. Déjà certains partis supplétifs qui soutiennent Talon dans cette farce électorale, donnent de la voix en promettant des scores à la Noursoultan Nazarbaïev, du nom de l’ancien président Kazakh, avec un score moyen de 96% des voix pour ses 28 années de règne. Il explosait jusqu’en 2019, les records des dirigeants les mieux élus au monde.

            « En 2016, le président Patrice Talon a eu 65%. Si jamais il a encore 65% au soir du 11 avril 2021, ça veut dire qu’il a redoublé la classe. Pour ne pas être ingrats, il va falloir que le duo Talon-Talata ait 90-90, c’est-à-dire 90% pour le taux de participation et sur ce taux, qu’il y ait 90% pour notre duo », s’est laissé aller un responsable de l’Union Progressiste (UP), Louis Gbèhounon Vlavonou.

            Dans une élection à sens unique où Patrice Talon sera face à lui-même, obtenir 90% des voix aurait un goût de défaite. Il devra frôler les 100% de suffrages exprimés. Bénéficiaire de la démocratie qui lui a permis de monter au pinacle en 2016, Patrice Talon s’érige aujourd’hui en bourreau de cet ideal démocratique éprouvé. Sous son magistère, le Bénin connaît un plongeon démocratique vertigineux. La démocratie béninoise est mise à rude épreuve et ce modèle dont étaient si fiers nos voisins de l’Est, n’est plus que l’ombre de lui-même.

            C’est la première fois dans l’histoire du pays depuis la Conférence nationale de février 1990 qui a consacré la fin du parti unique et le retour du Bénin à la démocratie que faits extraordinaires,  trois consultations électorales majeures consécutives sont organisées où toute l’opposition en est exclue : les élections législatives, municipales et présidentielles. Inédit. Reste à savoir si le pays pourra un jour se relever de ce coup fatal porté contre la démocratie béninoise par Patrice Talon.

            A quelques mois de la présidentielle, des observateurs avaient exprimé des inquiétudes que ce scrutin ne se déroule sans opposition crédible. A cause d’une modification du code électoral et plusieurs condamnations judiciaires contre des figures de l’opposition. A raison. Patrice Talon n’est pas un « compétiteur » comme il le clame souvent. Son Talon d’Achille demeure une compétion loyale, légale, organisée dans les règles de l’art pour permettre aux forces en présence de se mésurer.

Patrice Talon a déjà démontré qu’il n’est pas un homme d’honneur en se soustrayant à sa promesse électorale de mandat présidentiel unique. Espérons qu’après ses deux mandats dûment autorisés par la Consititution béninoise, il ne sera pas contaminé par le virus du 3è mandat et qu’il videra le plancher pour permettre au Bénin de reprendre son souffle démocratique.

Médard AMETEPE

source : Liberté

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