Depuis 1991, année de l’adoption de la charte des partis politiques et de la conférence nationale souveraine, le Togo souffre de déficit démocratique chronique. Un à un, les actes de la conférence nationale souveraine ont été remis en cause par feu GNASSINGBE Eyadema qui a plombé la transition par des coups de force. La constitution de 1992 n’a jamais été appliquée.

Trente (30) ans après, le renouveau démocratique bat de l’aile. La vie politique togolaise est caractérisée par la domination d’un parti (RPT/UNIR) autour duquel gravitent les partis d’opposition qui se combattent et se neutralisent en lieu et place d’une véritable alternance au pouvoir. Les togolais vivent ainsi un multipartisme intégral sans démocratie sur fond de succession patrilinéaire honteux et scandaleux.

Toutes les institutions du pays sont noyautées par le régime au pouvoir qui dispose comme leviers de conservation de celui-ci les forces de défense et de sécurité, l’administration et la justice instrumentalisée.

Pire que le parti unique parti Etat que nous avons connu durant les années de plomb et de l’obscurité fondamentale, nous avons maintenant des appareils ultra dominants dirigés par des chefs d’Etat qui manipulent les constitutions en fonction de leur désir de s’éterniser au pouvoir. Autrement dit la constitution et le corpus institutionnel sont désormais au service exclusif du Chef de l’Etat qui confisque la souveraineté du peuple à travers des hold-up électoraux, des mascarades électorales.

Telles sont les situations qui prévalent au Togo, en Guinée, au Tchad, au Congo, en Côte d’Ivoire etc.

Face à cette situation qui met en péril la démocratie en Afrique, les partis d’opposition n’ont d’autre choix que de s’unir véritablement. Le professeur GNININVI de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA) avait vu juste en 1991 en évoquant le concept de « démocratie d’abord, multipartisme ensuite ». Il fut malheureusement combattu par ses collègues de l’opposition qui voyaient plutôt la menace d’un parti unique de l’opposition croyant que le processus démocratique était irréversible. Aujourd’hui plus que jamais cette philosophie de combat reste d’actualité. S’unir d’abord pour venir à bout du régime de dictature avant d’engager le débat idéologique entre partis politiques.

En effet le problème de leadership au sein de l’opposition remonte à la conférence nationale souveraine. Au fil de l’eau, si la société togolaise n’a pas connu les transformations démocratiques escomptées c’est beaucoup plus en raison d’une opposition minée par un conflit interne de positionnement que de la force politique du régime en place.

En dépit des appels incessants à l’union pour être plus fort les partis politiques de l’opposition se comportent malheureusement comme si nous étions déjà en démocratie. L’opposition togolaise doit revoir sa copie. Elle doit s’unir pour vivre ou périr individuellement à tour de rôle.

Aboudramane Traoré

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