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S’il y a un acteur politique qui est réellement embarrassé par la situation sociopolitique au Togo, c’est bien Gilchrist Olympio, le fils de Sylvanius Olympio, premier Président du Togo.
 
Lui qui, depuis de longues années s’est présenté au peuple togolais comme l’ardent défenseur des droits de l’homme, des libertés publiques, de l’Etat de droit et de l’épanouissement de l’être humain, se trouve aujourd’hui dans un dilemme sans merci.
 
Plusieurs raisons expliquent cet embarras dans lequel l’ancien frondeur du régime des Gnassingbé se trouve aujourd’hui.
 
D’abord la gestion calamiteuse du pays qui marque la gouvernance de Faure Gnassingbé.
 
A tout point de vue, les principes cardinaux sur lesquels reposent les fondements d’un Etat moderne sont systématiquement foulés au pied depuis que Fo Gil a accepté de composer avec Faure Gnassingbé pour gérer les affaires du Togo.
 
Et pourtant, avant qu’il n’accepte de s’engager dans cette aventure tout risque, il avait obtenu beaucoup de garanties sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles, sur la promotion de la démocratie et de l’Etat de droit, sur le partage pur et simple du pouvoir.
 
A peine a-t-il accepté de composer avec Faure Gnassingbé qu’il se heurte à des résistances sans pareille dans les rangs des dinosaures du régime RPT.
 
Pour commencer, il n’a obtenu que 7 postes ministériels mais il avait la garantie que des directions générales de sociétés, des ambassades et des préfectures seraient confiés aux membres de son parti, l’Union des Forces de Changement.
 
Quatre ans après cet engagement, rien de substantiel ne lui a été réellement accordé à part le fait qu’il a réussi à introduire quelques-uns de ses éléments dans les conseils d’administration de certaines sociétés, dans certaines institutions comme la HAAC et dans deux ou trois préfectures où ses militants ont été nommés.
 
Que faire dans ces circonstances ?
 
Faut-il rompre le contrat avec Faure Gnassingbé ? Les risques là aussi sont énormes.
 
Il a conscience que son parti a perdu de sa sève, les principaux lieutenants s’étant dissociés de lui à cause de cette erreur politique, il ne pourrait plus avoir du poids sur la scène politique togolaise sans l’un ou l’autre des deux camps.
 
Pour qu’il ait encore de la crédibilité dans l’opposition, il lui faudra absolument demander pardon à ses anciens compagnons de lutte qui ont forgé de toutes pièces son image politique dont il jouit aujourd’hui.
 
Et encore faudrait-il que ces derniers acceptent de recevoir ce mea culpa surtout qu’ils ont eux aussi poussé suffisamment d’ailes depuis le divorce de 2010.
 
FO Gil est assez confus, mais il sait aussi qu’en claquant la porte au pouvoir actuel, il court le dangereux risque de tout perdre, car malgré les jeux que l’on lui fait, il y a encore une promesse ultime que lui a faite Faure Gnassingbé devant témoins en 2010 avant qu’il n’appose sa signature sur l’accord bilatéral.
 
Si au-delà de tout, il avait l’assurance que l’actuel Président de la République respecterait au moins cet engagement ultime, il pourrait bien fermer les yeux sur le déséquilibre et l’injustice dont lui et son parti font l’objet dans le partage actuel du pouvoir.
 
Seulement voilà, là aussi, il a le sentiment que le jeune Président a tendance à vouloir l’endormir pour finir par le dribbler. Gilchrist Olympio, pour ainsi dire, a désormais les yeux rouges, il ne sait plus vraiment à quel saint se vouer.
 
C’est pourquoi il a repris langue avec ses amis qui l’ont convaincu à s’engager dans cette aventure qui, il faut le dire, lui a coûté très cher aussi bien dans sa famille biologique que dans celle politique.
 
Oluségun Obassadjo et Blaise Compaoré étaient témoin du deal qu’il y a entre lui et l’héritier d’Eyadema.
 
Eux, ses amis ont pesé de tout leur poids pour qu’il accepte de composer avec Faure Gnassingbé sur la base justement de la parole que ce dernier lui a donnée.
 
Alassane Ouattara n’était pas encore Président à l’époque, mais il est un ami de tous les jours de Fo Gil.
 
Il est allé les voir un à un pour qu’ils raisonnent le fils du général qui ne donne aucun signe de vouloir honorer cet ultime engagement vis-à-vis de lui, un septuagénaire qui l’âge exact de son papa.
 
Il est allé à Abéokouta pour rencontrer Obassandjo, puis à Ouagadougou où il s’est entretenu avec Blaise Compaoré et enfin à Yamoussoukro pour échanger avec Alassane Ouattara en tant que son ami mais aussi en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO.
 
Il leur a clairement dit qu’il a encore du jus, il tient encore debout et il a les moyens de se faire entendre à la tête du Togo. Tous les trois ont ensuite vu Faure Gnassingbé qui, semble-t-il réitère cet engagement.
 
Mais chat échaudé craignant l’eau froide, Fo Gil n’est toujours pas convaincu de la bonne fois de son partenaire. Alors que faire ?
 
C’est le dilemme qui torture le fils du premier Président du Togo depuis des mois.
 
Ceux qui ont bien suivi les événements de ces dernières semaines doivent bien se rendre compte qu’il y a un froid glacial entre Faure et Fo Gil qui boycotte bien de manifestations désormais.
 
Aura-t-il finalement le courage de claquer cette porte pour s’allier à l’opposition quel que soit le prix à payer ? Cherchera-t-il à poursuivre ses pressions sur Faure pour le contraindre à tenir parole en 2015 ?
 
L’équation est forcément difficile à résoudre pour Gilchrist Olympio. Et il lui faudra, nécessairement un supplément d’âme et un dépassement de soi pour prendre une décision dans l’un ou l’autre sens.
 
source : togoinfos
 
 

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