La célébration, le 15 septembre, de la Journée internationale de la démocratie est une occasion de faire l’état des lieux de chaque pays. Au Togo, on constate malheureusement que la démocratie chantée par le pouvoir en place est en réalité une dictature implacable.

Les Nations Unies célèbrent, le 15 septembre de chaque année, la Journée internationale de la démocratie. Occasion de réexaminer l’état de la démocratie dans le monde. Pour cette année 2020, crise sanitaire oblige, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, exhorte les gouvernements à être ouverts et transparents, réactifs et responsables dans leur réponse à la COVID-19 et à veiller à ce que toutes les mesures d’exception soient légales, proportionnées, nécessaires et non discriminatoires. « Alors que le monde est aux prises avec la COVID-19, la démocratie joue un rôle vital en ce qu’elle assure la libre circulation de l’information, la participation à la prise de décision et l’application du principe de responsabilité dans le cadre de la lutte contre la pandémie », écrit-il. Et de marteler : «La meilleure action est celle qui permet, d’une manière proportionnée, de parer aux menaces immédiates, tout en protégeant les droits de l’homme et l’état de droit ».

Cette journée dédiée aux réflexions sur l’état de la démocratie ne saurait laisser les Togolais indifférents pour la simple raison qu’ils sont toujours en quête de cette démocratie. Des événements, lointains ou récents le rappellent bien. Un pays tenu par une dictature cinquantenaire de père en fils, des élections qui donnent toujours vainqueurs ceux pour qui les électeurs n’ont pas voté, la violation permanente des droits de l’homme, une gestion unilatérale et opaque des biens publics et un détournement érigé en mode de gouvernance…

Mais au-delà, des rapports édifient amplement sur la situation au Togo. En début d’année, le magazine britannique The Economist publiait son rapport annuel sur l’état de la démocratie dans le monde. Contrairement aux discours du pouvoir en place qui tente de faire croire que le pays est une démocratie, le rapport révèle que le régime ne s’est pas encore débarrassé de son statut de dictature. Le pays est classé parmi les régimes autoritaires avec une moyenne de 3,30 sur 10. Il est classé 126ème et logé dans la même zone que le Qatar, le Zimbabwe, le Congo… alors que des pays comme le Burkina Faso, le Bénin, le Nigéria et le Liberia sont classés parmi les régimes hybrides où la dictature perd ses dernières feuilles. Le Togo est encore très loin du Ghana (55ème) qui obtient 6,63 points sur 10.

Ce classement du Togo parmi les dictatures n’est nullement le fruit d’un hasard. Sur les différentes références utilisées pour établir le rapport, le pays obtient des notes presque toutes inférieures à la moyenne. Sur les « processus électoraux et pluralisme », il obtient une note de 3,17 sur 10 ; 1,79 par rapport au « fonctionnement du gouvernement » ; 3,33 sur 10 pour la « participation à la politique ». Le pays est noté 5,00 sur 10 pour la « culture politique » et 3,24 sur 10 par rapport aux « libertés civiles ».

Outre les rapports externes, ceux réalisés par des structures internes ne ménagent pas non plus le régime en place. Dans un rapport de synthèse publié en juillet 2019, l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED) rapporte que selon la perception de la population, le fonctionnement de la démocratie n’est pas une réalité au Togo. « L’enquête révèle que plus de la moitié (52,7%) de la population en âge de voter a une opinion négative sur le respect des droits de l’homme dont 17,3% qui considèrent que les droits de l’homme ne sont pas du tout respectés dans le pays. A l’opposé, 14,9% d’entre eux estiment que ces droits sont beaucoup respectés », indique le rapport.

L’INSEED souligne aussi que la perception négative du respect des droits de l’homme au Togo augmente avec le niveau d’instruction de la population.De 47,2% chez les personnes n’ayant aucun niveau d’instruction, elle passe à 63,5% pour les personnes ayant atteint le supérieur. « De même selon le milieu de résidence les urbains (64,3%) et plus particulièrement les résidant à Lomé (66,2%) pensent que le droit de l’homme n’est pas respecté contre 49% en milieu rural », lit-on dans le rapport.

Toutes ces études confirment le statut de dictature attribué au Togo, n’en déplaise à ceux qui tentent vainement, à travers un habillage de réformes, de présenter le pays comme un Etat modèle de la démocratie. Le Togo n’en est pas une. Par ailleurs, un pays où les institutions obéissent au doigt et à l’œil au pouvoir exécutif ne peut réclamer le statut de démocratie.

G.A. / Liberté Togo

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