« corruption d’agents publics étrangers », ainsi est stipulé le chef d’accusation contre le milliardaire breton, seigneur des ports africains. C’est d’ailleurs deux de ces port (Lomé et Conakry) qui font l’objet de ses ennuis judiciaires dans sa France natale où la justice ne semble pas fléchir aux humeurs des Hommes d’affaires très liés aux chefs d’Etats comme c’est le cas dans le Tiers-Monde.
A l’origine, Vincent Bolloré est soupçonné d’avoir usé de son agence de communication Havas pour obtenir le contrat sur deux principaux ports africains, celui de Lomé et de Conakry. La filiale de communication Havas de Vincent Bolloré avait été mise à contribution pour « faciliter » l’élection en 2010 de Faure Gnassingbé au Togo et d’Alpha Condé en Guinée, deux pays dont il obtient dans les mêmes périodes, les concessions portuaires des lucratifs terminaux à conteneurs dont celui du Togo pour 35 ans.
Selon Le Monde, Vincent Bolloré était convoqué en tant que mis en cause ce mardi, alors qu’une perquisition dans les locaux du groupe Bolloré en France aurait occasionné la découverte d’éléments compromettants. « Plusieurs autres cadres du groupe étaient eux aussi en garde à vue ce mardi : le directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix et Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international de l’agence de communication Havas».
C’est donc le début d’ennuis pour ce breton très décrié en Afrique, qui pour un investissement de 400 milliards au port de Lomé, aurait pris tout en otage, à tel enseigne que le port autonome de Lomé, jadis poumon économique du pays, n’arrive même plus à contribuer au budget national.
Pendant ce temps, ceux qui ont été favorisés par ces tours de passe-droit pour venir au pouvoir au Togo, continuent de se pavaner dans la nature avec le soutien d’une armée dite républicaine, mais dont les officiers et généraux arborent la tenue de militants dans les congrès du parti au pouvoir.
 
A. Lemou
 
icilome/http://news.icilome.com/?idnews=848274&t=port-de-lome–vincent-bollore-place-en-garde-a-vue-en-france
 
Voici l’article apparu dans Le monde Afrique
 
 
Il aurait sans doute préféré aller pêcher la crevette à Beg-Meil, dans le Finistère, qui l’a vu grandir et où il se trouvait lors de la perquisition du siège de son groupe en avril 2016. Mais deux ans plus tard, ce mardi 24 avril, c’est dans les locaux de la police judiciaire, à Nanterre, où il était convoqué en tant que « mis en cause », que Vincent Bolloré était attendu.
Selon les informations du Monde, le milliardaire breton a été placé en garde à vue dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment pour « corruption d’agents publics étrangers » et portant sur les conditions d’obtention en 2010 de deux des seize terminaux à conteneurs opérés par le groupe Bolloré sur le continent africain, l’un à Lomé, au Togo, l’autre à Conakry, en Guinée.
Les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains en assurant des missions de conseil et de communication sous-facturées. Et ce, dans un seul objectif : obtenir les concessions portuaires des lucratifs terminaux à conteneurs.
Plusieurs autres cadres du groupe étaient eux aussi en garde à vue ce mardi : le directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix, et Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international de l’agence de communication Havas.
Recours judiciaires
M. Dorent s’est ainsi occupé d’une partie de la campagne présidentielle guinéenne en 2010 pour le compte du candidat Alpha Condé, rentré de son long exil parisien au cours duquel il s’était lié d’amitié avec Vincent Bolloré. Cette même année 2010, M. Dorent a aussi eu la charge d’une partie de la communication du jeune président togolais, Faure Gnassingbé, toujours au pouvoir aujourd’hui. Le fils de Gnassingbé Eyadema, resté plus de trente-sept ans à la tête de ce pays d’Afrique de l’Ouest, était alors candidat à sa propre réélection.
Les conseils de M. Dorent et de son groupe Havas pour ces campagnes électorales ont-ils facilité l’octroi à Bolloré Africa Logistics des concessions portuaires de Conakry obtenues quelques mois après l’élection de M. Condé, et de Lomé l’année précédente ? Interrogé il y a plusieurs mois, le président guinéen Alpha Condé ne semblait guère inquiet des suspicions pesant sur l’obtention en 2011 de la concession du port de Conakry par le groupe Bolloré. « Bolloré remplissait toutes les conditions d’appels d’offres. C’est un ami, je privilégie les amis. Et alors ? », disait-il au Monde au printemps 2016.
En novembre 2010, Alpha Condé accède à la magistrature suprême à la suite de la première élection libre du pays, qui sort de cinquante-deux ans de régime autoritaire. Une élection omineuse pour le groupe français Necotrans, spécialisé dans la logistique portuaire en Afrique. Dès mars 2011 en effet, la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry, octroyée en 2008 pour une durée de vingt-cinq ans à sa filiale Getma, est rompue. Alpha Condé confie la gestion du port à son « ami » Vincent Bolloré. Une bataille judiciaire est alors engagée en France par son rival Necotrans, qui finira en redressement judiciaire et dont une partie des actifs seront rachetés pour une bouchée de pain par Bolloré à l’été 2017.
« C’est un fantasme que de penser qu’un coup de main à la campagne d’un candidat à la présidentielle qui faisait figure d’outsider comme Alpha Condé permettrait l’obtention d’un port », balayait il y a plusieurs mois M. Dorent, interrogé par Le Monde.
Au Togo, le groupe Bolloré a remporté en 2009 – quelques mois avant la réélection de M. Gnassingbé l’année suivante – la concession du terminal à conteneurs du port de Lomé pour une durée de trente-cinq ans. Une décision elle aussi contestée, cette fois par un autre concurrent. Jacques Dupuydauby, ancien associé de Bolloré au Togo, a multiplié les recours judiciaires pour dénoncer les conditions dans lesquelles il considère avoir été évincé.
Sous-facturation
Selon les informations du Monde, la police a saisi de nombreux documents à l’occasion de perquisitions réalisées en avril 2016 au siège du groupe Bolloré à Puteaux (Hauts-de-Seine). Ceux-ci laissent apparaître les pratiques du groupe Bolloré au Togo et en Guinée et corroborent l’hypothèse d’une sous-facturation des prestations d’Havas au bénéfice des dirigeants de ces deux pays.
La garde à vue de M. Bolloré intervient une semaine à peine après que l’industriel breton a créé la surprise en cédant la présidence du conseil de surveillance de Vivendi à son fils Yannick, patron du groupe de publicité Havas.
Dans un communiqué publié en fin de matinée, le groupe Bolloré « dément formellement que sa filiale de l’époque SDV Afrique ait commis des irrégularités. Les prestations relatives à ces facturations ont été réalisées en toute transparence ».
Alors que le magazine Challenges évoquait il y a deux semaines la convocation à venir de M. Bolloré et plusieurs dirigeants du groupe, l’avocat de ce dernier, Olivier Baratelli, avait affirmé dans un communiqué que « face à une concurrence exacerbée, c’est la seule expérience du groupe Bolloré, son réseau industriel, son expertise portuaire depuis plus de 30 ans, sa position de leadeur sur le continent africain et les investissements très importants qu’il y réalise (plus de 2 milliards d’euros sur les huit dernières années) (…) qui lui permet de se voir attribuer, seul ou en partenariat, des concessions portuaires ».
 
source : lemonde.fr/http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/24/ports-africains-vincent-bollore-en-garde-a-vue_5289749_3224.html
 

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