La rive nord de la lagune de Bè qui abrite le siège du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) a, le dimanche 27 mars dernier, vibré au son d’une conférence de presse par laquelle, ce parti a signé son retour sur scène suite au décès de son président national, Me Yawovi Agboyibo et aux funérailles grandioses ayant suivi, plus d’un an après.

Face à la presse dimanche dernier, le parti des déshérités, représenté dans toutes ses composantes, s’est prononcé sur les points saillants de l’actualité nationale. A savoir notamment, les régionales en perspective, l’état de droit et les libertés publiques en péril, la corruption endémique et la vie chère et la gestion fantaisiste de la pandémie de covid-19. Un appel dit ‘’Appel du 27 mars’’ a été lancé aux forces vives de la nation en vue d’une résistance à l’oppression du pouvoir. D’entrée de jeu, le CAR s’offusque de la perversion de la volonté du peuple togolais, clairement exprimée dans sa constitution de 1992, d’être une « République unie et indivisible » par le parti au pouvoir enclin à une confiscation sans vergogne de toutes possibilités d’une alternance pacifique au sommet de l’Etat. Evoquant les régionales en vue, le parti, fustige la précipitation avec laquelle le processus est enclenché, qui dénote des intentions inavouées du parti au pouvoir d’organiser tout, sauf des régionales libres, équitables, transparentes et acceptées par tous. A titre d’illustration, le défaut de consensus sur les modifications apportées au code électoral que ce parti s’est empressé de faire adopter par un parlement acquis à sa cause d’une part, et la violation par le gouvernement des termes des recommandations de la Concertation Nationale des Acteurs Politiques (CNAP) qu’il a lui-même taillée sur mesure, d’autre part. Ce qui dénote, à n’en point douter, d’une volonté de confiscation de la décentralisation en cours. En témoignent, entre autres, la prise en otage des communes par l’Etat, l’institution de la préfecture comme circonscription électorale pour les régionales contradictoirement à la loi sur la décentralisation.

 Le CAR ne passe pas sous silence, les irrégularités qui entachent les élections au Togo, surtout le cas des trois dernières. Pour mettre le pays à l’abri des contentieux électoraux sans cesse croissants, le parti insiste sur la nécessité d’une thérapie appropriée avant l’organisation de nouvelles consultations quelles que soient leurs natures. Aussi appelle-t-il à la mise en place d’un cadre adéquat pour une résolution durable des crises électorales en privilégiant un dialogue sincère. Au passage, il relève que la composition de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) telle qu’effectuée le jeudi 24 mars dernier, tranche avec le consensus national sur la composition paritaire de l’Institution, confirmée par la feuille de route de la CEDEAO. D’où un holdup électoral en cours de téléchargement.

Evoquant l’Etat de droit et les libertés publiques en péril au Togo, le CAR fustige la confiscation des libertés de manifestation et d’association, les interpellations des journalistes, des leaders politiques, des citoyens et autres acteurs de la société civile, la détention en prison des sympathisants des partis politiques, une récente descente des forces de l’ordre dans les locaux d’une radio à Dapaong pour arrêter une émission relative à un préavis de grève d’un syndicat des enseignants. Le parti dit s’indigner et se réserver le droit de s’interroger sur le silence coupable des partenaires internationaux notamment l’Union Européenne, sur ces violations répétées des droits de l’homme. En ce qui concerne la corruption endémique et la vie chère, le parti des déshérités, fait cas des nombreux scandales économiques et financiers affectant la gestion des ressources du pays mais qui demeurent sans suite. Entre autres, il évoque celui ayant entaché la concession du Port Autonome de Lomé au Groupe Bolloré, étalé dans toutes ses dimensions, sur la place publique par la justice française. Au chapitre de la gestion fantaisiste de la pandémie de Covid-19, le parti met en causel’irréparable commis par le gouvernement à travers le suivisme des pays occidentaux, ce qui ne sera pas sans conséquences néfastes sur l’économie du pays malgré les aides qui lui seront octroyées. Avec amertume, il relève l’augmentation des frais de péage et leur extension aux engins à deux roues. Tout comme la prolongation de 12 mois de l’état d’urgence sanitaire par l’assemblée nationale qui crée ainsi un imbroglio autour de l’institution qui dirige et contrôle effectivement le pays, entre le Parlement et le Gouvernement. Pour les besoins de la cause, le CAR lance un appel dit ‘’Appel du 27 mars’’ à toutes les forces vives du pays, éprises de vérité, de liberté et de justice à la résistance face à l’oppression du pouvoir dans le souci de création des conditions de la Refondation. La grande règle étant de sauver la République en péril. Au cours des débats qui ont suivi, les responsables du CAR ont répondu sans ambages aux préoccupations des journalistes, essentiellement portées sur la guerre de succession à la présidence nationale du parti et la position de ce dernier sur les régionales en vue. Sur la guerre de succession, les dirigeants du CAR ont déclaré que le parti n’est secoué par aucune crise liée à la course à la présidence nationale. Ils estiment normal qu’en cas de vacance d’un poste aussi stratégique, des candidats avérés comme potentiels élèvent des prétentions, mais que ce n’est pas pour autant qu’on puisse parler d’une crise. En ce qui concerne les régionales, les dirigeants ne manifestent aucun enthousiasme pour leur participation. Ils évoquent une organisation cavalière à travers la composition non paritaire de la CENI, le galvaudage des discussions à la CNAP pour dénier aux régionales en vue, le caractère d’un scrutin libre, équitable, transparente et acceptable par l’ensemble de la classe politique. Quoiqu’orphelin de Père-fondateur, à travers sa position, les propos de ses dirigeants qui accordent un point d’honneur au dialogue tout en s’inscrivant dans la logique du combat libérateur, le CAR donne la certitude de demeurer égal à lui-même.

Pour s’en convaincre, il suffit de considérer ce vibrant appel du 27 mars qui résonne comme un cri de ralliement dans la perspective du lancement d’une croisade concertée en vue de la conclusion de la lutte pour le changement démocratique et la réalisation de l’alternance sue la Terre de Nos Aïeux. Après la conférence de presse, Togbui DAGBAN, l’un des responsables du CAR s’est retrouvé avec les journalistes autour d’un pot chez lui sur la rive sud de la lagune. Une occasion pour cette tête couronnée de revenir quelques points dont la guerre de succession. Pour lui, il est hors de question de prétendre spontanément au fauteuil présidentiel du CAR, au regard de ses obligations vis-à-vis du trône qui lui confère un nom et une pérennité. A la limite, précise-t-il, il ne pourra se jeter dans cette course que lorsqu’on trouvera en lui, le profil requis et qu’on lui fera appel dans ce sens. Là encore, relève-t-il il lui faudra consulter l’oracle et obtenir son autorisation avant de se prononcer. Il a énuméré les critères auxquels les potentiels candidats au poste de la présidence doivent répondre.

Le Changement N°777 du Jeudi 31 mars 2022

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