Comme de coutume, après sa nomination, le Premier ministre présente le programme de son gouvernement devant les députés. Ceux-ci donnent leur onction et le travail peut commencer. Victoire Tomegah-Dogbé, nouvelle patronne de la primature togolaise s’est aussi pliée à cette règle. Vendredi 02 Octobre dernier, elle était devant les députés pour justement présenter son programme fondé sur trois axes. Rien de nouveau sous le soleil. Pis, elle semble confondre la Primature au développement à la base avec des promesses. Reste à concrétiser le stéréotype redondant.

Le nouveau gouvernement togolais très attendu est finalement sorti le 1er Octobre 2020. On note de nouvelles entrées, de nouveaux portefeuilles, et beaucoup de départs. Pour entamer son mandat, le nouveau Premier ministre togolais, Victoire Tomegah-Dogbé, a présenté vendredi dernier le programme d’action du gouvernement décliné sous trois grands axes devant les élus du peuple. C’était lors de la quatrième séance plénière de la deuxième session ordinaire de l’année 2020.

Le programme d’action présenté par Victoire Tomegah-Dogbé est décliné sous trois axes qui sont entre autres le renforcement de l’inclusion et l’harmonie sociale, la dynamisation de la création d’emplois et la modernisation du Togo. Le premier axe, c’est justement l’inclusion et l’harmonie sociale

L’inclusion et harmonie sociale…

Selon le programme présenté par le premier ministre, la réalisation de ce premier axe sera fondée sur la solidarité nationale et la maximisation du capital humain, l’identification de tous les togolais à travers la biométrie, la mise en place d’un registre social unique ou encore la promotion de l’accès universel aux soins sanitaires et la mise en place d’un programme d’assurance maladie pour tous.

Victoire Dogbé est sans doute consciente que les gouvernements auxquels elle a fait partie depuis son arrivée au gouvernement en 2008 ont exhibé ces programmes mais ont failli à leur mission. Ils ont failli sans doute à cause de la mauvaise volonté et de la course à des intérêts personnels au détriment des citoyens.

Comment peut-on parler de solidarité nationale quand sévit une injustice sociale qui met un clan, celui auquel appartient la Premier ministre l’abondance et l’opulence financière et sociale alors qu’un autre composé de la majorité n’a pas le minimum pour gérer le quotidien… Comment peut-on évoquer cet esprit de solidarité quand les libertés sont muselées ou quand les ressources du pays sont mal reparties ? Qu’appelle-t-on capital humain si tout tourne autour d’un groupe de personnes ? L’identification biométrique est la nouvelle trouvaille des autorités togolaises. C’est certes une bonne chose mais c’est la mise en œuvre qui est importante.

Le premier ministre parle d’accès universel aux soins sanitaires et la mise en place d’un programme d’assurance maladie pour tous. Loin d’être une comédie sous les tropiques, ces propos de dame Tomegah Dogbe ressemble plus à une utopie. Combien de fois le togolais n’a pas entendu ce refrain ? Combien de fois Faure Gnassingbé n’a pas promis des meilleurs soins de santé ou encore l’assurance maladie aux togolais ? Victoire Dogbé a du boulot à faire. Les scanners promis pour le centre hospitalier du Togo ne sont jamais arrivés, alors que les hôpitaux et les centre de santé sont dans un état piteux. Sous le regard impuissant on se rappelle d’un système dirigé pendant près d’une décennie par l’actuel Premier ministre en tant que numéro trois du pouvoir.

L’autre axe du programme du gouvernement concerne l’emploi. Il est intitulé ‘’Dynamisation et création de l’emploi…’’

Dans ce domaine, Victoire Dogbe et son gouvernement pensent à une formation adaptée au marché de l’emploi, l’accès aux financements, la poursuite du désenclavement des zones rurales, la promotion de l’économie bleue, le dédoublement de la Nationale Numéro 1, la poursuite de la modernisation du Port de Lomé, l’industrialisation et la transformation des produits naturels et agricoles. C’est extraordinaire.

L’emploi, les autorités togolaises en créent tous les jours. Tout ceci n’est que sur le papier afin de pouvoir être sur la norme telle que recommandée par les institutions internationales et avoir accès à certains avantages comme le MCA américain.

C’est aussi une occasion pour se trouver une place dans les classements Doing Business.

Mais sur le terrain, le gouvernement togolais en réalité crée plus de chômage que d’emploi.

Les financements se font en fonction de la personne en face ; il faut être proche d’un clan ou d’un parti politique, être du réseau avant de pouvoir bénéficier des financements. Et Victoire Tomegah Dogbé en est bien consciente en raison du grand népotisme organisé dans ses précédentes fonctions. Ce n’est pas nouveau.

La promotion de l’économie bleue, cette phrase a fait son apparition dans le dictionnaire togolais depuis 2016 lors du sommet sur la sécurité maritime. Mais quatre (4) ans après, rien de concret. La préfecture maritime reste logée dans une infirmerie et la gestion de l’économie bleue se fait à vau l’eau avec des conflits d’intérêt et de leadership entre des acteurs rompu à la recherche de gain facile.

Quand on parle de l’industrialisation et la transformation des produits naturels et agricoles, le premier ministre doit comprendre qu’elle ne devrait pas comparer son ancien poste de ministre de développement à la base à ce nouveau poste. ‘’On ne fait pas de l’industrialisation ni de la transformation de produit agricole en offrant des égreneuses aux regroupements. C’est un matériel plus sérieux qui a besoin d’un travail sérieux’’, nous a confié un agripreuneur. Et puis, cet exercice, Dame Victoire nous a habitués avec les mêmes chansons sans résultats.

En ce qui concerne le dédoublement de la nationale 1, on attend de voir ce qu’elle fera quand on sait déjà le triste sort qui est réservée à la route Lomé-Vogan- Anfoin.

Enfin le dernier axe est celui de la modernisation du pays ainsi que le renforcement des structures.

Moderniser le pays et renforcer les structures…

Le nouveau gouvernement du Togo entend maintenir le cap des réformes économiques pour l’amélioration du climat des affaires, prioriser le secteur privé, décentraliser la prospérité en misant sur des plans de développement locaux. Et pour y arriver, il faut un climat de paix, de sécurité et de stabilité dans le pays.

C’est vrai que selon les chiffres des autorités nationales, le Togo est sur une bonne voie économique. Le climat des affaires tant vanté par le pouvoir n’est que de façade. Au fond, les opérateurs économiques, les jeunes entrepreneurs ne cessent de se plaindre sur le ralentissement de leurs affaires. Les mêmes problèmes d’accaparement des affaires par les systèmes politiques et claniques sont un grand obstacle pour la stabilité des activités économiques.

Dogbé et son équipe parlent des plans de développement locaux faisant allusions aux collectivités. Il est à rappeler que ces communes sur qui ils comptent n’ont pas encore des fonds de fonctionnement à proprement parler. Même ce qui leur revient directement ne sont pas versés. Quelle sera la formule de Victoire Sidémeho Tomegah-Dogbé ? Les togolais sont impatients de le savoir.

Au vu de tout ceci, loin d’être un oiseau de mauvais augures, le premier ministre n’a présenté que du réchauffé. Peut-être qu’elle a la formule magique de faire passer tout ceci. Visiblement, ayant ramené sur le tapis tout ce qu’elle n’a pas pu réaliser pendant 8 ans dans son programme développement à la base, il est permis de douter. Les togolais assez nombreux à s’interroger sur sa nomination attendent le coup de pioche. Les plus sceptiques concluent abusivement qu’elle se mélange les pédales et cherche encore ses marques de Premier ministre. La preuve, elle n’a pas encore eu le réflexe de convoquer le premier conseil des ministres. Elle devra réussir là où ses prédécesseurs ont échoué. C’est un défi.

Richard Aziague

Source : independantexpress .net

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