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« La tromperie est une horreur, d’abord en ce qu’elle est une fausseté, ensuite, en ce qu’on ne peut tromper quelqu’un sans abuser de sa confiance » (Hypolite de Livry, Pensées et réflexions)
 
Après la mort du Général Gnassingbé Eyadema, le quarteron d’officiers qui avaient fait allégeance à Faure Gnassingbé et certains barons du RPT avaient déclaré que cette démarche était mue par le seul souci de préserver la paix au Togo. Ils étaient même allés jusqu’à proclamer qu’il était nécessaire que Faure dont la mère est de la région méridionale, succède à son père afin d’éviter aux 56 600 km² une guerre civile. Dans cette dynamique, il avait été présenté comme un homme moderne, ouvert et formé dans les plus prestigieuses universités occidentales. Pour ses partisans, il est « un homme nouveau avec un esprit nouveau ». Un discours qui avait même emballé des opposants au régime de son père qui avaient choisi de lui donner une chance. Et c’était cet état d’esprit qui avait rendu possible le dialogue togolo-togolais ayant abouti à l’Accord politique global (APG) du 20 août 2006. Mais aujourd’hui, Faure Gnassingbé confirme la formule populaire selon laquelle « une carpe ne peut jamais donner naissance à un silure ». Comme son père, il s’est agrippé à l’APG pour avancer. Les portes qui lui étaient jadis fermées, lui ont été ouvertes. Même Jacques Chirac qui avait proclamé qu’il était « l’ami personnel » du Général Eyadéma, ne l’avait reçu à l’Elysée qu’après cet accord. Tous les partenaires qui avaient suspendu leur coopération avec notre pays pour déficit démocratique, ont fait leur come-back. Tout est redevenu normal, l’argent recommencé à couler et il s’est développé autour de « l’expert financier » un réseau de pilleurs et d’hommes d’affaires véreux. Passons.
 
Faure Gnassingbé et Gnassingbé Eyadéma, c’est bonnet blanc et blanc bonnet, à la seule différence que le Général-président n’a jamais embastillé son frère pour une affaire de pouvoir. Lors de la signature de l’Accord-cadre de Lomé en 1999, Eyadema avait promis de remettre la démocratie sur les rails et de se retirer à la fin de son deuxième mandat. Mais in fine, il avait dribblé tout le monde. Aujourd’hui, c’est au tour de Faure de narguer les Togolais après avoir profité abondamment de l’APG et promis de faire les réformes. Comme Laurent Gbagbo, il s’échine à rouler dans la farine ses adversaires politiques. Aucune des promesses n’a été tenue et le Prince n’a aucun égard pour ses compatriotes. Comment un chef de l’Etat responsable peut-il refuser de répondre à une lettre à lui envoyée par le chef de file de l’opposition ?
 
Obnubilé par le pouvoir, Faure Gnassingbé n’écoute plus personne et ne peut même plus respecter la Constitution qu’il a eu à « toiletter » en 2002 avec Natchaba et consorts. Son ultime préoccupation, c’est de faire un passage en force, quitte à marcher encore sur des cadavres. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la convocation du corps électoral pour le 15 avril prochain. Une date qui ne répond à rien du tout. Le processus électoral étant sorti du cadre légal, il revient à tous les acteurs de trouver une solution consensuelle et d’en profiter pour opérer les réformes. Mais ce qui se fait actuellement éloigne notre pays d’un scrutin apaisé. Le « retour aux vieux démons » est réel et les efforts consentis au cours de ces dix dernières années sont en train d’être annihilés. Tout simplement, on retourne à la case départ avec le « boulanger de Lomé ».
 
Source : [26/02/2015] Zeus Aziadouvo, Liberté N° 1892
 

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