« L’acquisition par Faure Gnassingbé, Président du Togo d’un vaste terrain de plus 250 hectares, sera-t-elle à la base d’un conflit communautaire latent dans la commune du Zio 3 ?

C’est en tout cas ce qui ressort des premières observations faites par votre journal ce jeudi 17 mars, alerté du déroulement d’un mouvement d’humeur à Agblévé, localité située dans le canton de Gamé, dans la commune d’Agbelouvé.

N’eut été l’intervention du maire Atsou Dzene, le chaos pourrait décrire mieux cette journée.

Rappel des faits…

Un terrain de plus de 250 hectares a été acquis par achat par le sieur Djagli Kodjo qui depuis quelques mois entretient des travaux d’installation d’une ferme, dans le village d’Agbleve.

Ironie du sort, ce vaste terrain qui appartiendrait à six collectivités qui forment ce village, en l’occurrence les Ayamali, Folly Adaban, Amadanti, Apedjabgo, Agbovogan et Adekpoeti, aurait été vendu par les membres d’une collectivité du village voisin d’Avedzé à savoir les sieurs Agblowou, Ague Kossi, Atsi Basile et Attiso Koffi.

Une décision de justice à la base du quiproquo ?

A la base de cette vente une décision de justice confiant 25 hectares d’un terrain mitoyen à la collectivité incriminée d’Avedze.

D’après le représentant des populations d’Agbleve, M. Boutamekpo Kodjovi, il s’agissait à la base d’un litige frontalier entre les deux villages.

La première collectivité ( Avedze) soutenait que c’est la voie publique qui fait office de frontière entre les deux villages, tandis que celles d’Agbleve soutiennent le contraire, affirmant qu’historiquement seul un lit de ruisseau, un cours d’eau peut être destiné à cette cause et surtout que dans le cas d’espèce, ils avaient une frontière connue de tous.

Néanmoins la justice prit partie pour la collectivité d’Avedze leur conférant ainsi le droit de propriété sur 25 hectares.

Sur la base de ce jugement, les sieurs Agblowou, Ague Kossi, Atsi Basile et Attiso Koffi se seraient donc permis de vendre jusqu’à 250 hectares et auraient des vues sur des parcelles restantes allant aux abords du village d’Akati, ce qui menace de faire disparaître le village d’Agbleve.

La goutte d’eau…

Ces terres vendues sont exploitées depuis des générations par les collectivités d’Agbleve qui vivent essentiellement du commerce du teck et des ignames qu’elles y cultivaient.

Dès la notification du titre de propriété par le nouvel acquéreur, Kodjo Djagli, les tracteurs ont envahi le terrain et rasé toutes les cultures, coupant ainsi tout moyen de subsistance aux populations. Les métayers ont été virés à pas de charge et les femmes qui hasardaient à aller sur ce territoire pour aller chercher le bois de chauffe sont poursuivies à coup de bâtons et de machette.

Désemparées, désespérées par toutes les tentatives infructueuses au tribunal de Tsevie, face aux infructueuses médiations tentées ici et là, ces dernières ont décidé d’attraper le taureau par les cornes.

Armées de leurs gris gris et vêtues de rouge et noir, jeunes, femmes, enfants et adultes ont parcouru plus de 25km qui les séparent du lopin de terre qu’on leur laissé en l’état actuel, pour aller défier les tracteurs et ouvriers sur la grande ferme en chantier de M. Adjagli Kodjo.

Avec des pancartes appelant à la restitution de leurs terrains volés, ces populations étaient surexcitées et tendues une fois dans la ferme où tous les travaux ont été stoppés de fait.

« Nous voulons juste que le sieur Djagli sache que les hectares qu’il a payé ont été volé. Ce sont nos terres et l’on doit nous les rendre, c’est le but de notre action de ce jour. Nous ne comptons pas nous arrêter tant que nous n’allons pas rentrer dans nos droits car trop c’est trop », a confié le porte-parole des populations d’Agbleve.

Que vient chercher le Président Faure Gnassingbé dans l’affaire ?

D’après plusieurs témoignages, confirmés plus tard par le représentant des populations d’Agbleve, « on nous a dit que c’est Faure Gnassingbé lui-même qui a payé nos terrains » ou encore le sieur Djagli affirmerait que c’est « le président Faure lui-même qui lui a ordonné de démarrer les travaux d’installation de sa ferme ».

Un argument qui met en émoi bon nombre.

« Nous savons que le Président de la République ne peut pas procéder ainsi. S’il a payé nos terres ou pas, qu’il sache qu’il ne les a pas payé chez les vrais propriétaires et surtout que nos terres sont la seule source de subsistance que nous avons. Nous en appelons à son grand cœur et nous en remettons à sa politique sociale et de paix afin que nous puissions rentrer dans nos droits et nos terrains rétrocédés », a lancé Kodjovi Boutamekpo.

L’intervention salutaire du maire et suites…

La journée a connu un heureux dénouement grâce à l’intervention du premier responsable communal, le maire Atsou Dzene.

Dans un calme absolu et empreint d’une sagesse inespéré, ce dernier a ordonné la suspension immédiate des travaux sur le terrain en cause.

Il a pris les contacts nécessaires afin de convier les trois parties au conflit et trouver un terrain d’entente.

Fait marquant, il a effectué le trajet retour avec les populations déchaînées, s’assurant ainsi qu’aucune violence ne soit commise et qu’aucun affrontement n’ait lieu.

Une fois au village, le maire a pris le temps d’écouter les populations sur le réel problème et pris la résolution d’œuvrer à une sortie de crise.

Il a également rassuré les populations sur la mise en œuvre d’un dédommagement en raison des cultures rasées par le nouvel acquéreur et a promis donner des consignes nécessaires à cet effet.

Il a, pour finir, invité toutes les populations à s’approprier les idéaux du président de la république qui a toujours privilégié les voies du dialogue et de la concertation, en lieu et place de la violence et des forfaitures.

« Si M. Djagli veut installer une ferme dans notre commune, c’est une très bonne chose. C’est un investissement qui ne peut que profiter à l’économie de notre commune. Il est donc de notre responsabilité de faire en sorte que cela se réalise dans les règles et normes et que personne ne soit bafoué dans ses droits. Je salue le sens de l’écoute et de responsabilité des populations qui malgré leur colère et désarroi n’ont pas cédé à la tentation de la violence et qui ont accepté écouter mon appel. Je vais m’activer afin que toutes les parties soient réunies pour une solution de sortie de crise. », a conclu le maire.

Contacté depuis par notre Rédaction pour avoir sa part de vérité dans cette affaire qui risque d’embraser la cohésion entre ces deux villages voisins, votre journal n’a pas encore eu de réponse de la part de M. Djagli. Les investigations continuent néanmoins afin d’en savoir plus du côté des vendeurs du terrain.

Nous y reviendrons.

Lesaint

Source : Echosdescommunes

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