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Si Blaise Compaoré avait dominé la tentation de la longévité au pouvoir, il serait encore « Président du Faso, Président de la République, Chef suprême des armées ». Il continuerait à faire la pluie et le beau temps dans le palais de Kosyam et à jouer au grand médiateur dans la région ouest-africaine en attendant d’inscrire non sur la short-list des présidents africains ayant quitté le pouvoir au terme de leur 2ème mandat. Pour paraphraser une assertion en vogue lors du boom démographique en Chine, nous dirons : « Un mandat, c’est l’idéal. Deux, ça passe encore. Trois, c’est trop », même si le successeur de Thomas Sankara a passé 27 ans aux affaires dont 23 depuis que le pays a opté pour le régime démocratique. Mais à cause de son entêtement, il a dû prendre ses jambes à son cou, obligé de se réfugier en Côte d’Ivoire et de se contenter du minimum. Adieu la bombance du palais de Kosyam !
 
Nous ne le dirons jamais assez, la première personne qui doit tirer les leçons de la chute de Compaoré, est le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé à qui l’Histoire tend les bras. Certes, le mandat présidentiel n’est pas limité suite à la modification constitutionnelle de décembre 2002. Mais Faure Gnassingbé, fils du Général Gnassingbé qui « a dirigé d’une main de fer le Togo pendant 38 ans », peut agréablement surprendre la planète entière en décidant de respecter l’essence même de la démocratie.
 
Par exemple, il pourrait dire : « J’ai fait deux mandats et je m’en vais. Il faut que nous commencions à ressembler aux autres pays de la région ». Et pour s’inscrire dans cette dynamique, il devra faire les réformes constitutionnelles et institutionnelles préconisées par l’Accord politique global et les recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. La réalisation de ces réformes pourra résoudre beaucoup de problèmes et adoucir le climat politique tendu depuis quelques années. Pendant que le processus de réformes est lancé, le chef de l’Etat devra libérer tous les prisonniers politiques. Il doit donner une suite favorable à l’initiative du chef canton de Pya et se réconcilier avec son demi-frère Kpatcha Gnassingbé. La même démarche doit être entreprise envers Pascal Bodjona, embastillé depuis août dernier à la prison civile de Tsévié dans la rocambolesque affaire d’escroquerie internationale.
 
En posant ces actes, Faure Gnassingbé va rentrer dans l’Histoire, surtout qu’il avait déclaré qu’il était différent de son père. Personne n’a oublié sa formule : « lui c’est lui ; moi c’est moi ». A présent, il doit prendre ses responsabilités au lieu de continuer à faire confiance aux va-t-en guerre qui l’entourent et qui lui disent de rester contre vents et marées. En dépit du chaos que préparent ses « sécurocrates » qui ne pensent qu’à eux, Faure Gnassingbé peut encore sauver l’essentiel… Il n’est jamais trop tard pour mieux faire.
 
Source : [18/11/2014] Zeus Aziadouvo, Liberte-Togo
 

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