« Les débats politiques se résument trop souvent à des « dialogues de sourds pour pensées muettes » » (Frédéric Deville)

Les acteurs politiques togolais -pouvoir et opposition- se sont toujours entendus pour ne jamais s’entendre. Le dernier dialogue, le Cadre permanent de concertation (CPC), initié par le régime pour, dit-on, discuter des questions sociopolitiques, sanitaires et environnementales, de l’extrémisme violent, de la situation économique, des droits de l’Homme, et boudé par les leaders des formations politiques représentatatives du pays en est la preuve.

Au Togo, les acteurs politiques s’entendent sur tout sauf sur l’essentiel. Ce nouveau dialogue est bien parti pour connaître le même triste sort que la trentaine de pourparlers organisés par le régime et qui se sont tous soldés par des échecs cuisants. Il a été émaillé par des dissonances. La Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) qui se considère comme la première force politique du pays et l’Alliance Nationale du Changement (ANC) ont décliné l’invitation du ministre de l’Administration territoriale, Payadowa Boukpessi, faucon du régime et initatiateur de ce nouveau round de discussions.

« Une de nos armes les plus puissantes est le dialogue ». Dans tout pays, les acteurs politique et de la société civile ont besoin se parler, de dialoguer pour ramener la confiance pour retrouver le chemin de la paix et de développement. Mais au Togo, le fils du père se sert régulièrement de ces dialogues de dupes pour se légitimer et garder indéfiniment le pouvoir. Ne l’oublions pas, le régime actuel est une dictature vieille de 53 ans et de type monarchiste, avec un pouvoir de père en fils. Le fils qui ne veut lâcher une once de son pouvoir. Depuis le début du processus démocratique dans les années 90, notre pays a connu une trentaine de dialogues dont les conclusions ou les accords signés n’ont jamais été mis en œuvre.

Les Togolais, dans leur grande majorité, ne se sentent pas concernés par ces discussions dont le sort est connu d’avance. A force de tourner ses adversaires politiques en bourrique, on finit par ne pas se faire prendre au sérieux. C’est ce qui arrive au régime de Faure Gnassingbé qui se fait souvent entourer de quelques partis supplétifs pour discuter des questions censées engager toute la Nation.

« Depuis 1963, le Togo a un seul problème et sa solution se trouve entre les mains de ceux qui sont à l’origine de ce CPC: c’est la confiscation du pouvoir dans une dictature militaire clanique, violente, clientéliste, autocratique et corrompue qui n’est pas prête à partir et qui ne veut pas laisser les Togolais choisir librement leurs dirigeants qui travaillent pour les intérêts des citoyens », observe un acteur de la société civile.

N’empêche, pour le CPC, certaines petites formations politiques, des alliés notoirement connus du régime, ne se sont pas fait prier. La nature ayant horreur du vide, ils sont devenus des grands seigneurs autour de la table avec leur maître. C’est la seule manière pour eux d’exister. En reconnaissance de leur soutien, le régime pourra leur attribuer quelques strapontins lors des élections régionales, comme ce fut le cas à l’occasion des élections législatives de 2018.

Médard AMETEPE

Liberté Togo

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