La question du régime politique à adopter au Togo a dominé, ces dernières semaines, les travaux du Comité Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC).
Si ce sujet est inscrit, comme l’une des questions prioritaires à résoudre pour tourner définitivement la page des antagonismes politiques dans le pays, c’est justement parce que la classe politique togolaise a su tirer des leçons du fonctionnement chaotique des différents régimes qu’a connu le Togo depuis son indépendance en 1960.
Les analystes ont du mal à faire la typologie de l’actuel régime togolais. Selon eux, il ne s’agit pas ni d’un pur régime présidentiel, ni d’un régime semi-présidentiel et encore moins parlementaire ou semi-parlementaire.
Apparemment, d’après eux, le pays est sous un régime hybride dans lequel l’influence du chef de l’Etat en matière de décision est prépondérante. Ses adversaires lui en veulent de gouverner seul de par ses larges attributions constitutionnelles, même s’il fait preuve d’ouverture, du sens du consensus et de compromis.
Le débat sur le type de régime pour le Togo n’est pas encore soldé par un accord officiellement publié par le CPDC, mais selon des sources politiques indiscrètes et concordantes, la majorité des membres du CPDC serait favorable à un régime présidentiel. Une tendance vers un système présidentiel fort se dessine peut-être au sein du Comité.
L’adoption d’un régime est un processus qui requiert l’implication de spécialistes des questions constitutionnelles ; et les membres du CPDC ont dû faire appel aux juristes Fambaré Ouatara Natchaba et Zeus Ajavon pour les éclairer, au cours de leurs discussions, sur les avantages et les désavantages des différents régimes politiques modernes, afin de se prononcer sur le régime qui conviendrait au Togo dans le présent contexte politique. Mais les socles d’un régime durable ne peuvent être posés que sur l’expression référendaire par laquelle les Togolais se prononceront.
Au demeurant, la crise politique interne togolaise n’est point liée au type de régime, à en croire des politologues internes et externes. Elle tient plutôt à la volonté et à la bonne foi des acteurs politiques comme s’accordent à le souligner les analystes politiques et même des politiciens.
On se rappelle que le régime de la transition démocratique issu de la constitution du 14 octobre 1992 est un système semi- parlementaire qui a attribue des pouvoirs importants au Premier ministre, chef du gouvernement, ministre de la Défense autorisé par la constitution à déclarer la guerre si besoin.
Sur le plan diplomatique, les attributions du chef du gouvernement étaient en conflit avec celles du chef de l’Etat par rapport à la représentation internationale du pays. Autant de sitautions qui ont rendu difficile et cahoteuse la cohabitation entre le général Eyadèma et l’ex-PM Joseph Koffigoh, et plus ou moins houleuse avec son successeur Edem Kodjo. Un tel scénario ne se produirait pas si le consensus s’était reflété dans la constitution. Il était en effet apparu que le président de la République d’alors était dépouillé de l’essentiel des prérogatives de l’exécutif.
La question de régime politique appelle donc urgemment la classe politique au consensus, la bonne foi ne pouvant être que la résultante logique d’un accord largement partagé sur l’option constitutionnelle.
Les défis qui se poseront aux acteurs des principales institutions républicaines, notamment la présidence de la République, le gouvernement et le législatif dans un quelconque régime politique sont ceux du respect des textes et de la bonne foi. Les analystes estiment que si tous les acteurs placent l’intérêt général au-dessus des considérations égocentriques, le Togo peut être épargné à l’avenir des soubresauts politiques fatals. Le qualificatif donné au régime, que ce soit le présidentiel, le semi-présidentiel, le parlementaire ou le semi- parlementaire, semble avoir peu d’importance.
L’essentiel, pour bon nombre d’analystes, est d’éviter la dérive vers l’autocratie présidentielle, le monolithisme politique à la faveur d’un régime parlementaire trop fort, ou des cohabitations sur fond de rivalités aigües dans le contexte d’un régime semi-présidentiel ou semi-parlementaire. Autant de schémas à conjurer, en adoptant une loi fondamentale qui définisse et répartisse clairement les prérogatives des différents acteurs.
source : Xinhua

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