Me Dodzi Apevon va-t-il franchir le pas de la création de sa propre formation politique ? Ce qui visiblement à cette issue que l’on tend. Cette s’entendrait comme un dénouement (sic) de la crise interne traversée par le Comité d’action pour le renouveau (CAR) depuis plusieurs mois et une façon pour le Président national de sortir du bourbier engendré par les ambitions séniles de « Président Fondateur ». Mais cette solution comporte aussi des risques.
 
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Apevon à un pas de créer son propre parti
 
Des indices ces derniers temps renforcent cette éventualité. Le dernier en date, c’est l’appel ouvert lancé par la jeunesse du CAR à Dodzi Apevon de franchir le pas. En effet à en croire les informations, venus de toute l’étendue du territoire national, les jeunes militants rassemblés samedi dernier à Lomé, ont ouvertement appelé le Président national à créer sa propre formation politique. C’était d’ailleurs l’objectif de cette rencontre. Ces jeunes militants se disent prêts à le suivre dans son nouveau parti car des deux protagonistes de la crise, c’est lui qui, à leurs yeux, répond le mieux à leurs aspirations.
 
« Nous, nous sommes là pour le soutenir » ; « Le parti est aujourd’hui la risée des Togolais, il faut que cela s’arrête. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est que Me Apévon crée son propre parti» ; « Lorsque nous demandons qu’un nouveau parti soit créé, c’est parce qu’il y a quelque chose qui va mal et que nous étions en train de dénoncer. Le vivre-ensemble n’est plus possible, et sur la scène politique togolaise, il n’y a pas de parti politique qui puisse incarner nos visions » ; «Arrivé à un moment de la vie, même dans un couple, le divorce est mieux pour sauvegarder certaines choses. Notre rêve le plus grand était de voir notre parti accéder à la magistrature suprême ; il fallait de grands hommes pour incarner ce rêve, et Me Paul Dodji est ce grand homme qui a manqué », ce sont quelques propos de jeunes recueillis par le confrère afreepress.
 
Ce ne devrait pas être à proprement parler une surprise, si Me Dodzi Apevon venait à créer sa propre formation politique. C’est une option envisagée depuis l’ouverture de la crise au sein du CAR, et l’annonce de son imminence a été plusieurs fois déjà relayée par une certaine presse à la solde de Yawovi Agboyibo, une façon tacite de pousser le Président national à explorer cette piste et ainsi laisser le champ libre à « Président Fondateur ». « Lorsque vous êtes dans une voiture qui tombe en panne, vous devez chercher une autre voiture pour embarquer les passagers afin de poursuivre votre route », aurait caricaturé Apevon au début de la crise. Ce serait une façon plutôt soft de sortir de la crise traversée par le CAR et qui n’honore pas ce parti et ses premiers responsables qui étaient du combat démocratique au Togo.
 
Une issue plutôt civilisée
 
Cette création imminente par Dodzi Apevon de sa propre formation constituerait pour le CAR une solution douce, effleurions-nous, dans cette crise qui aura avili ses responsables. D’un côté Dodzi Apévon peint par ses détracteurs comme un homme qui veut s’accrocher à la présidence du parti bien qu’étant à sa tête depuis huit (08) ans, et de l’autre Yawovi Agboyibo qui donne l’image d’un insatiable du pouvoir en voulant revenir après avoir passé la main.
 
Vis-à-vis de l’opinion qui ne comprend pas trop ce qu’il se passe, Apévon est décrit comme un monarque et comparé à quelqu’un qui est dans son 3e mandat – suivez les regards-, étant à la fin de son second mandat de Président national élu en 2008 puis reconduit (sic) en 2012. « La réalité de la chose est que juridiquement, ce qui est présenté comme second mandat d’Apevon n’en est vraiment pas un, parce qu’aucun congrès n’ a été tenu en 2012, comme le préconisent les textes, pour l’acter, comme ce fut le cas du tout premier mandat. Au regard de cette donne, on ne saurait juridiquement brandir la présidence de 2012-2016 comme étant son second et dernier mandat. C’est ce qu’on n’explique pas bien aux militants qu’on instrumentalise et aux populations qui n’ont pas les ressources intellectuelles suffisantes pour cerner le problème (…) Pour Agboyibo, c’est vrai qu’aucune disposition de nos statuts ne lui interdisent de revenir reprendre la tête du parti ; mais c’est juste une question de morale, d’éthique. Ce n’est pas honorable d’entendre que lui qui a fait plus de 20 ans à la tête du CAR et a passé la main en 2008, une démarche saluée à l’époque comme un exemple d’alternance dont devraient s’inspirer les autres, revient», nous explique un cadre du parti qui dit n’être d’aucun camp.
 
On peut craindre que ce bras de fer n’entraine des conséquences fâcheuses, surtout que le camp de « Président Fondateur » a certaines fois recours à la violence. Des réunions du Bureau politique et au Centre communautaire de Tokoin ont été troublées par ses sbires. Mais en face, on s’est gardé de recourir aux mêmes méthodes pour se faire entendre. La création par Apevon de sa propre formation aura le mérite de constituer une issue civilisée à cette crise.
 
Une victoire pour le Bélier noir, le danger qui guette Apevon
 
Apevon qui porte sur les fonts baptismaux son propre parti pour sortir du guêpier CAR, avoir les mains libres pour mener sa politique et continuer le combat pour un Togo démocratique, c’est en réalité son challenger (sic) qui devrait jubiler. Yawovi Agboyibo devrait être le grand gagnant, car cela permettra de lui laisser libre l’objet de leurs convoitises communes, la présidence du CAR. Il n’aura donc plus de concurrent en face qui lui disputerait la tête du parti. Avec les responsables de Fédérations qu’il a pu corrompre à coups de billets de banque, instrumentaliser et rallier à sa cause « démocraticide », le Bélier noir se fera ramener à la tête du parti sans anicroche. Le congrès et le vote ne seront que pures formalités. Il retrouvera ainsi les rênes du CAR qu’il avait feint de laisser en 2008. Yawovi Agboyibo doit même en ce moment prier que Dodzi Apévon franchisse le pas et annonce la création de son parti. Des manœuvres sournoises avaient été d’ailleurs entreprises pour le pousser à cette solution. C’est ce qui était manifeste dans les écrits de la horde d’organes à la solde d’« Agboblack » qui annonçaient avec insistance qu’il allait créer son parti, une sorte de perche à lui tendue. Agboyibo récupérerait donc le CAR et en ferait usage comme il l’avait mijoté. En clair, ce sera lui le grand gagnant au finish.
 
Avec la création de sa propre formation politique, Dodzi Apevon aura les coudées franches et pourra aisément continuer le combat commencé au CAR. Tout comme l’avaient fait Jean-Pierre Fabre et les siens en novembre 2010 en rompant avec leur maison-mère, l’Union des forces de changement (UFC), pour former l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Mais il y a un danger qui guette le Président national du CAR. Une chose est de créer un parti, une autre est d’avoir des militants. Si l’on veut surfer sur l’impopularité du projet de retour du Bélier noir, Dodzi Apevon peut donc compter sur les militants opposants à cette ambition de Yawovi Agboyibo pour le suivre dans sa nouvelle formation politique. Mais c’est loin d’être évident, au regard de la capacité de corruption et d’instrumentalisation du Bélier noir. « C’est vrai que les 33 Fédérations dont les responsables ont intimé l’ordre à Apevon d’organiser vite le congrès ne sont pas tous pour Agboyibo. Mais la plupart sont vraiment de son côté, à cause de l’argent. Ils ont été corrompus et instrumentalisés, et ils constituent la majorité des Fédérations. Ce sont eux qui vont voter à un éventuel congrès et c’est évident qu’ils vont plébisciter Yawovi Agboyibo », analyse un observateur, et de continuer : « (…) Ma crainte, c’est que Dodzi Apevon ne bénéficie pas de facto du ralliement de la base du CAR. Je me demande s’il a fait un travail de fond envers les militants pour les convaincre de le suivre dans son nouveau parti. Je sais qu’il n’avait pas pu se rendre dans les localités de certaines Fédérations, empêché par les responsables à la solde de Me Agboyibo. Sans ce travail de fond, Apevon risque de se retrouver seul, avec certes plusieurs cadres du CAR, mais pas assez de militants. C’est ce travail important qu’avaient réussi à faire Fabre et son groupe qui ont fait basculer les militants à la base de l’UFC dans l’ANC en un laps de temps». Vivement plus de peur que de mal pour lui…
 
Source : Tino Kossi, Liberté
 

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