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Dans les mutations que connait de la Terre de nos Aïeux, tous les miracles sont possibles sauf le miracle économique. Et puisque l’argent est le nerf de la guerre, aucun miracle n’est finalement possible sans que le miracle économique ne s’opère. Pour cause, le Togo est gangréné par le mélange de genre au plus haut sommet.
 
Les dirigeants politiques sont devenus de véritables hommes d’affaires qui, de leur trafic d’influence et abus de pouvoir, rongent toutes les sphères de l’économie. Après avoir construit son pays pendant au moins 20 ans, feu Eyadema, une fois sorti du cyclone du vent de l’Est, a commencé par s’en vouloir de servir « un pays ingrat » plutôt que de se servir lui-même. La construction s’est donc arrêtée et le « Baobab » de Lomé II a passé le plus clair de ses derniers moments à s’enrichir. C’est dans ces conditions que son fils  lui a succédé. En bon héritier, celui-ci croit qu’il n’y a meilleure façon de construire un pays que de faire main-basse sur son économie pour alimenter les paradis fiscaux personnels. Ainsi, s’invite-t-il dans toutes les transactions juteuses au point de devenir un véritable homme d’affaires sous la peau d’un politique. Bonjour les compromissions, l’impunité, la navigation à vue et c’est l’économie qui plonge.
 
Nous ne croyons pas si bien dire quand notre Rédaction martèle depuis un bail que le miracle économique est impossible avec le prince héritier. L’efficacité dans la gestion des deniers publics se nourrit de la transparence. Il n’y a pas transparence lorsqu’il n’existe pas une ligne rouge entre les dirigeants politiques et les affaires. Mais ici, ceux-ci se révèlent des actionnaires dans tous les secteurs de l’économie nationale.
 
En effet, Faure Gnassingbé, puisque c’est de lui qu’il est question, ne fait rien pour nous aider à croire en sa volonté de relever l’économie nationale. Partout où le pays regrette un scandale économique, on voit l’ombre du prince. Partout où des opérateurs économiques doivent lancer des actions pour monter une affaire, le prince se taille une place si ce n’est la part du lion. Le contraire surprendrait quand on voit ce qui se trame dans la gestion des grands maillons de l’économie nationale. Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, un lâche accident de travail a fait six morts à WACEM, West African Ciment.
 
A la lecture du rapport ITIE-Togo 2012, cette entreprise créée au Togo depuis 1996 est à 92% extractive et 8% transformative. Elle a en charge l’exploitation et la transformation du clinker.
 
L'actionnariat de Wacem, une entreprise quasi délinquante pour laquelle la vie des employés togolais ne vaut rien | Infog : 27avril.com; Données : Le Rendez-Vous
 
Les actions se réclament à :
 

  • 10% propriété de l’Etat togolais à la lumière de l’article 55 du code minier et
  • 40% reviennent à KENELM Ltd qui se dit basée au Royaume-Uni. Et pourtant, toutes nos recherches pour localiser KENELM Ltd dans ce Royaume se sont avérées vaines.
  • 24% propriété de l’indien MOTAPARTI Prasad,
  • 17% de RAFLES HOLDINGS basée au Panama,
  • 4% à QUARTZ Ltd encore du Royaume-Uni et enfin
  • 5% aux privés togolais.

 
Mais dans la fièvre de cet accident, toutes nos recherches pour effectivement localiser certains actionnaires sur le globe terrestre se sont avéré une vaine entreprise. Tout porte à croire que ces indiens et autres sociétés aux dénominations ronflantes qu’on dit basées dans des pays de surcroit adeptes des paradis fiscaux et du blanchiment ne sont ni plus ni moins que des prête-noms qui servent d’interface aux vrais actionnaires togolais.
 
Qui sont en réalité les vrais actionnaires de WACEM ? Le prince a forcement sa part des actions, peut-être la part du lion. Il ne peut pas en être autrement quand on sait le danger écologique que représente WACEM dans la zone d’exploitation sans être inquiétée et l’injustice souvent fatale qu’elle fait aux employés Togolais. Or, le Togo est le premier exploiteur du clinker dans la sous région avec une transformation sur le tas du ce minerai en ciment. Mais le pays demeure un des plus chers en ciment. Lors du dernier conseil des ministres, instructions ont été donné au Premier Ministre de prendre langue avec WACEM par rapport à cet accident dont les victimes viennent d’être mises sous terres. Dans les pays normaux, le dernier accident intervenu est assez scandaleux pour que cette entreprise soit sérieusement inquiétée.
 
Il y a quelques années, la même société a été poursuivie et condamnée à payer des amendes mais sur ses comptes bancaires, la justice togolaise n’a trouvé aucun rond. Personne n’a rien dit. Qui se cache derrière les Indiens de WACEM ? Pour qui roulent-ils ? A qui profite le trésor engrangé par le clinker togolais? Le temps le dira à coup sûr.
 
SNPT, la nature en faillite
 
Le scandale des phosphates a commencé du vivant d’Eyadema. L’histoire de ce minerai, c’est aussi celle des scandales. Un scandale lié, entre autres, à deux noms : Barry Moussa Barqué et Faure Gnassingbé. Ces deux hommes ont une histoire commune dans les scandales financiers. Jamais l’un sans l’autre dans les milieux nauséabonds de la finance publique au point qu’ils sont devenus inséparables. Certes, ils ne sont pas les seuls, mais si certains se sont déjà retirés après s’être assez servis à la Société Nouvelle des Phosphates du Togo ( SNPT), le couple n’étant pas encore repu, reste encore en activité.
 




Alors que Eyadema était encore là, pour le scandale qu’ils incarnaient dans cette boîte, les deux ont été dégagés un midi du conseil d’administration sans en être informé. Cette exploitation a pris de l’âge, ses engins et ses méthodes de gestions avec. La SNPT, c’est désormais un amas de ferrailles cachés derrière un mur sur lequel trône en maître mot « l’opacité ». Contrairement aux autres minerais, il est impossible, présentement, de savoir vers quel pays du monde s’exporte le premier minerai togolais; même le rapport de l’ITIE n’a pas pu déceler le mystère.
 
Quand la BTCI, Banque Togolais pour le Commerce et l’Industrie, a été mises sur place, elle avait pour prérogative de soutenir prioritairement l’exploitation des phosphates. Mais la banque finira par tomber en faillite. De la SNPT à la BTCI, les gourous du phosphate ont fait des découverts et autres transactions illicites un fonds de commerce, chacun par le truchement de ses réseaux de cadres placés ici et là dans les arcanes décisionnels. Eyadema a fait de ce minerai une fierté personnelle au point de faire de sa gestion une affaire de famille. C’est à Faure Gnassingbé qu’il a « logiquement » légué les clefs avant de se retirer.
 
D’un scandale à l’autre, aucun audit n’a pu situer les responsabilités dans la déliquescence avancée de cette exploitation. Le seul audit qui a pu déceler une gestion scabreuse n’a jamais connu de suite. Tout se limite aux changements de nom à la structure : OTP, IFG, SNPT et bientôt autre chose. Chaque scandale apporte un nouveau nom à la société, on joue le jeu de chaises musicales en remplaçant un ami par un autre, on rajuste les pions et on avance. Où vont les devises tirées de cette matière première ? A qui profite le trésor de guerre sur les champs miniers de Hahotoé ? Le père en a fait une gestion personnelle, le fils en fait de même, et on se demande où va ce trésor ?
 
Le trésor de guerre de Faure Gnassingbé se nourrit aussi des éléphants blancs
 
Que devient le fameux Contour Global ? 125 milliards de CFA investis dans un projet bidon à rembourser sur cinq ans dans le but de sortir le Togo du cercle infernal du délestage et donc trouver une solution à la carence énergétique. Mais à peine lancé, le projet s’est essoufflé. Le délestage revient de plus bel. La montagne a accouché d’une souris, l’Etat a reconnu que le projet ne peut plus tenir ses promesses. Et pourtant, Contour Global, c’est un projet initié au sommet d’un Etat. Un projet qui est venu endetter le pays. Un projet qui n’a duré que le temps que les autorités en place déplacent d’un bureau à l’autre, de l’argent liquide dans des sacs de jute comme de petits pains.
 
Qui est derrière Contour Global? Les sources informées répondent que Contour Global, c’est d’abord Faure Gnassingbé lui-même. L’arnaque à la nigériane lui a été introduite par un ami blanc encore en service dans son cercle. Puisque lui-même est assuré d’en garder la part du lion, le dossier est passé sans hésitations. Peu importe si l’économie nationale est enrhumée par des délestages, peu importe si les pauvres Togolais doivent payer la facture à travers la cherté du kilowatt. L’essentiel est que grâce à ce projet, les décideurs ont déjà alimenté leur paradis fiscaux. Inutile de rappeler qu’au moins 40 % des 125 milliards de prêt alloué pour la réalisation de Contour Global a été retenu par Faure Gnassingbé et ses sous hommes. Après deux ans, l’Etat reconnait que la machine est plombée. Qui peut taper du poing sur la table pour faire la lumière quand on sait que même le premier décideur a sa main dans la bouche de Contour Global ?
 
Le miracle économique au Togo, c’est aussi Togo Télécom. Pour gérer la plus importante société de télécommunication du pays, il n’a pas choisi les hommes au hasard. L’un à la tête de Togo télécom, l’ex DG Sam Bikassam, est un ami, l’autre, Cina Lawsson, à la tête du ministère chargé des télécommunications et de l’économie numérique, son intime. La complicité entre les deux a accouché d’une guerre de clans sur fond d’une dette de 140 milliards FCFA. Il fallait sauter un fusible, et puisque que les maîtresses de la république ont la côte, c’est l’ami qui est sauté de sa direction.
 
Protagonistes du désastre de Togo Télécom | Infog : 27avril.com
 
Malgré le scandale, la dame est reconduite à son ministère. Elle est reconduite après avoir mis à genou la plus prestigieuse société d’Etat dont dispose le pays. Elle a échoué depuis plus de cinq ans à relever le défit de l’internet qui continue à être une denrée rare et chère. Actuellement, Togo télécom est en transfusion sanguine grâce à Togocel. Pendant que Sam Bikassam est en recyclage pour un éventuel come-back aux affaires, un autre DG est mis au gouvernail. Vaille que vaille, il se bat pour relever une entreprise minée par les surfacturations, les commandes non honorées auprès d’entreprises chinoises et les faux frais. Il faut bien qu’un chef de l’Etat soit complice pour laisser passer impuni un scandale financier de plus de 140 milliards FCFA dans un pays qui est classé le 12ème le plus pauvre au monde. Quelle est la part du gâteau du jeune monarque dans ce scandale ? Peut-être la lumière sera faite après lui.
 
Port Autonome de Lomé
 
Même dans la réhabilition en cour du Port Autonome de Lomé, le prince n’est pas absent parmi les actionnaires. Ceux qui sont jaloux de ses acquis lui attribuent 20% dans le troisième quai.
 
Bâtiments et Travaux Publics
 
Faure Gnassingbé, c’est aussi les BTP. Il se dit que le monsieur a un droit de regard dans les actions de certaines entreprises des Bâtiments et Travaux Publics. Ce monde est devenu le business le plus porteur de nos jours étant donné que tout le pays est à reconstruire. Une grande partie des prêts qui se font présentement sont engloutis dans ce que l’on veut bien designer par « les grands travaux ».
 
Des infrastructures dont la durée de vie reste à désirer se font ici et là, les entreprises de BTP ont poussé comme des champignons pour, dit-on, « répondre à la demande ». Sauf que toutes ne sont pas logées à la même enseigne. Tantôt, elles arrachent les marchés gré-à-gré malgré tout ce qu’on leur reproche, tantôt, aux petits soins du plus « faure », si elles ne mettent pas des hélicoptères à la disposition du prince pour les campagnes politiques, se chargent de régler les factures à chaque fois que le prince doit faire de grosses dépenses.
 
Un grand domaine en partie bâti autour duquel se battent deux des nombreuses maîtresses nationales, vient d’être acquis à concurrence de 400 millions FCFA en pleine ville dans le quartier Agoè. C’est l’une des entreprises de BTP, présentement sur tous les chantiers, qui a honoré la facture.
 
Allant du ministère des Finances à celui des Mines pour aboutir aux investissements dans d’autres domaines, certains portefeuilles ne sont que la stricte chasse gardée des amis et des maillons du dernier cercle. Dans les grandes négociations, il faut savoir faire le retour à l’ascenseur en garantissant la part du lion dans la gestion des retro-commissions pour garder longtemps un poste administratif juteux.
 
Le prince, Faure Gnassingbé, s’est tellement fourvoyé dans de nombreux scandales que la fameuse reforme économique portée par l’OTR, Office Togolais des Recettes Rackets, a du mal à convaincre. Le père a passé ses derniers moments à engranger, pour ses rejetons, un trésor trop gros pour être partagé. Pendant que ceux-ci s’envoient en prison pour le contrôle de la manne, le plus malheureux, pardon le plus chanceux des héritiers, Faure, se sert à deux mains.
 
Depuis son avènement au pouvoir, les flux financiers illicites ont triplés, les détournements avec. L’argent, l’argent, l’argent, le prince et ses hommes amassent un véritable trésor de guerre depuis qu’ils ont compris que de leur capacité à corrompre dépendra leur longévité au pouvoir. Les voleurs à cols blancs trônent en maître au sommet des ministères et sociétés clefs. L’impunité et les crimes économiques cohabitent en paix, le pays s’endette. Le fonctionnaire ne vaut plus par ses qualités mais ses relations, le vice a pris la place de la vertu et les voleurs en mission contre la corruption.
 
En toute contradiction avec l’esprit des lois, les autorités, à commencer par Faure Gnassingbé, lui-même, ont refusé la déclaration de patrimoine. Puisque diriger c’est donner l’exemple, le prince s’enrichit de sa gestion opaque, la minorité le suit dans ses envolés, le pays plonge dans un endettement sans précédant. Autour du prince, la confiance est entretenue par les billets de banque. Jusqu’où ira cet homme à la tête d’un régime cinquantenaire qui va s’imploser de gré ou de force ?
 
Source : [23/07/2015] Abi-Alfa, Le Rendez-Vous / via 27avri
 

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