Le Togo traverse une crise, même si les autorités s’échinent à ne pas le reconnaître. Mais est-ce pour autant que les salaires ne doivent plus connaître de tendance haussière ? Alors que la pauvreté et la misère sont ambiantes dans tous les coins et recoins du Togo, les fainéants députés togolais s’octroient une indécente augmentation de salaire. Qu’ils soient du pouvoir ou de l’« opposition », ces «élus» du peuple ne sont l’hémicycle que pour se goinfrer et faire des affaires au détriment de leur employeur, le peuple togolais .
 
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Alors que la pauvreté et la misère sont ambiantes dans tous les coins et recoins du Togo, les fainéants députés togolais s’octroient une indécente augmentation de 85% de salaire. Qu’ils soient du pouvoir ou de l’« opposition », ces «élus» du peuple ne sont à l’Assemblée nationale que pour se goinfrer et faire des affaires au détriment de leur employeur, le peuple togolais. Que vous voulez-vous, les autres branches de l’Exécutif du pays sont aussi pourries: La présidence est un marigot de crocodiles dont le gros est Faure Gnassingbé lui-même. La justice, elle, est à vendre au prix offrant. Pouaf ! Quel pays !
 
Les députés ont vu leurs émoluments revus à la hausse depuis fin février, ce qui peut paraître incompréhensible pour certains. Mais ont-ils des raisons de « se servir », étant donné qu’ils sont ceux qui votent les budgets ? Sous quels angles doit-on analyser cette augmentation de salaires et que doit attendre d’eux le peuple qui les a élus pour défendre ses intérêts?
 
85% d’augmentation de salaire, tel est le constat établi en consultant les indemnités des députés depuis fin février 2016. Désormais, tous ceux qui percevaient 700.000 FCFA d’indemnités, touchent 1.300.000 FCFA. Est-ce trop ? Est-ce trop peu ? Le constat est là. L’augmentation doit paraître démesurée ; seulement, il doit arriver un temps où les textes de loi qui existent, soient respectés.
 
En effet, la loi organique n° 96-001/PR du 2 février 1996 composée de dix-sept articles regroupés en quatre chapitres et accompagnée d’une annexe de sept articles disponible dans le Journal Officiel du 9 février 1996 a consacré la revalorisation des émoluments des représentants du peuple, et si cette année il a été décidé que cette loi soit mise en application, il ne doit pas y avoir de quoi déclencher un tsunami dans le pays. Car pour ceux qui l’ignorent, depuis 2008, la situation salariale des fonctionnaires, puis des ministres a été revue. Mais aucun bruit n’a été fait autour de la chose. Les députés pour qui la même mesure est prévue devront-ils s’en passer, eux qui représentent le peuple? Ils ont juste, comme le prescrivent les textes, aligné leurs indemnités, conformément à la loi qui prévoit également qu’ils bénéficient de privilèges. Mais savez-vous par exemple que les députés voyagent en classe économique alors que la loi prévoit qu’ils soient en première classe et en classe affaires, du fait des desiderata du ministre Ayassor qui, lui, voyage toujours en première classe et n’hésiterait pas à rentrer dans le cockpit des pilotes si « son rang » le lui permettait?
 
Pour avoir approché certains élus, on a appris que dans l’orthodoxie fonctionnelle de l’Assemblée nationale, l’institution devrait disposer d’un budget autonome de fonctionnement, ce qui permettrait d’en user selon son règlement financier. Mais du fait des coupes drastiques et injustifiées du ministre Adji Otèth Ayassor – à qui, selon des informations, la présidente d’un groupe parlementaire aurait dit, lors du dernier collectif budgétaire, qu’à l’allure où il dit gérer les finances du pays, viendra un moment où même les élus de son propre parti rejetteront des textes de loi qu’il leur présentera-, le règlement financier de l’Assemblée nationale n’est pas respecté. A en croire un élu du peuple, cette situation aurait été évoquée dans les instances parlementaires supérieures comme l’Assemblée parlementaire francophone (APF) et l’Union interparlementaire (UIP) au sein desquelles le Togo devient la risée des autres. A titre d’exemples, il nous a été rapporté par des députés dépités par l’attitude du ministre à la rigueur sélective qu’au Gabon, non seulement les députés perçoivent au moins 4 millions d’indemnités, mais en plus, disposent annuellement de 10 millions de FCFA pour exécuter de mini projets dans leurs localités d’origine. Au Ghana à côté, c’est 44.000 dollars annuel. Mais les députés togolais reçoivent une dotation de…500.000 FCFA par an pour réaliser des mini-projets!
 
Le code financier a également prévu que les groupes parlementaires disposent d’assistant parlementaire rétribué pas l’Assemblée nationale ; mais à ce jour, ce sont des députés qui déboursent personnellement pour payer les émoluments des assistants. Autre réalité, les véhicules de fonction ne sont pas un droit. Seuls les membres du bureau de l’Assemblée nationale, les présidents de groupes parlementaires et les membres des commissions y ont droit. Conclusion, il existe au Togo des députés qui se rendent à l’Assemblée nationale juchés sur des motos. Parce que le prêt de 4 millions à eux alloués pour leur installation, ne peut pas tout couvrir, encore qu’il est remboursable durant la mandature. Un député nous a confié que rien que pour la dernière rentrée universitaire, il a reçu 63 sollicitations pour les frais de scolarité. Voilà ce que vivraient des députés. Alors, 85% ou 100% d’augmentation, du moment que la loi le prévoit, on doit s’y plier. « Le respect de la loi qu’on s’est prescrite est liberté ». Mais la fonction de député a des exigences, pas seulement des privilèges, messieurs les députés !
 
Si les élus du peuple sont prompts à relever les restrictions dont ils sont l’objet pour justifier cette augmentation, le peuple qui les a élus est loin d’être satisfait par le volume de travail qu’ils produisent, à commencer par l’omerta sur les débats à l’Assemblée nationale. Aucun député n’est élu par le pouvoir exécutif, mais ceux du parti au pouvoir semblent tétanisés lorsqu’il s’agit d’appeler un chat un chat alors qu’il est écrit que tout mandat impératif est nul. Ceux de l’opposition, lorsqu’il s’agit des questions politiques, étaient prompts à convoquer des conférences de presse, mais depuis les révélations qui se font dans les médias sur la gestion économique approximative des ressources du pays, pas une seule conférence de presse pour prendre le peuple à témoin du refus d’un ministre à venir répondre de ses actes. Le dernier crime économique concerne la Compagnie énergie électrique du Togo (Ceet) que l’ancienne direction a contribué à mettre à genou financièrement. Des ministres ont justifié les retards des travaux de sociétés par des intempéries. Quel député ou groupe parlementaire a communiqué sur la démarche entreprise pour connaître la vérité ?
 
L’article 74 de la Constitution rappelle au président de la République de faire annuellement l’état de la nation au peuple. Quel député ou groupe parlementaire a-t-il une fois interpellé le président de la République via celui de l’Assemblée sur cet état de chose, et quelle a été sa réponse ?
 
En supposant que tous les 91 députés soient au même niveau d’indemnité, ce qui n’est pas vrai, ce sont au plus bas mot 655,2 millions de FCFA qui s’ajouteront aux émoluments des élus du peuple. Un effort plus conséquent leur est demandé pour une meilleure défense des intérêts communs et une reddition plus visible. Autrement, la fin de l’actuelle législature est pour 2018, et il reviendra aux citoyens de sanctionner tel député et de renouveler sa confiance à tel autre. Et c’est seulement à l’œuvre qu’on reconnaîtra l’effort produit par chacun des députés et chaque groupe parlementaire. Si pour leur augmentation d’indemnités, ils ont pu s’entendre pour faire passer la loi, on veut croire que dans l’intérêt supérieur du peuple togolais et non l’intérêt partisan d’un parti, ils prendront de la hauteur pour se départir de considérations futiles pour arrimer le pays à la locomotive du progrès.
 
source : Liberté
 

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