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Un cadre de la préfecture : « Le Commissaire qui a directement tiré sur la population jouit de sa liberté »
 
Massacrées par des éléments des forces de sécurité et de défense, les populations de la préfecture de l’Oti porteront pendant longtemps les stigmates de cette répression. Les nombreux blessés sont abandonnés à eux-mêmes, avec des plaies qui pourrissent et qui aboutissent à l’amputation du pied d’une victime.
 
Les 6 et 7 novembre 2015, les populations de l’Oti ont organisé une manifestation pacifique en vue de protester contre l’instauration de la faune pour laquelle elles avaient payé un lourd tribut dans les années 1980. Mais cette manifestation a été sévèrement réprimée par les forces de sécurité et de défense qui ont fait usage de balles réelles. Le bilan est de cinq morts et de plus de 20 blessés dont des cas graves. Des balles tirées en l’air qui sont venues atterrir sur l’abdomen des manifestants, c’était l’une des explications incroyables données par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Colonel Yark Damehame, lors de son passage devant les députés. Ce jour-là, il a également annoncé que des mesures étaient prises pour accompagner les blessés : « Avec ces cadres, nous avons rendu visite aux blessés et présenté les condoléances du gouvernement aux familles éplorées et souhaité un prompt rétablissement aux blessés. Nous avons mis à la disposition du préfet et des responsables des hôpitaux les moyens pour suivre les soins à administrer à ces blessés ».
 
En revanche sur le terrain, la réalité est bien différente. Ce qui signifie qu’il ne faut jamais avoir foi aux déclarations du ministre de la Sécurité. Les blessés sont abandonnés à eux-mêmes. Par faute de moyen, le pied percé par la balle d’un jeune s’est gangrené au point qu’une amputation de celui-ci a été l’ultime solution. « Il n’y a aucun soutien du gouvernement, affirmé hier sur Fréquence 1, M. Djatoti Abdoudjibar, porte-parole des ressortissants de l’Oti à Lomé. Si celui dont le pied a été amputé avait reçu à temps les soins adéquats qui avaient été promis, on n’en serait pas arrivé là. Il a perdu un pied comme ça par manque de moyen ».
Mêmes les vieux ont été grièvement blessés par la sauvagerie des agents criminels de Faure Gnassingbé à Mango. Certains carrément amputés | Photos : Bonéro Bêtum-Lawson
 
Mêmes les vieux ont été grièvement blessés par la sauvagerie des agents criminels de Faure Gnassingbé à Mango.
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Certains carrément amputés | Photos : Bonéro Bêtum-Lawson
 
Selon les informations, bien qu’ayant des balles dans leur corps, des blessés sont rentrés chez eux du fait de la déficience de moyens. « Laissés à leur sort, certains blessés ont regagné leur domicile pour revenir chaque jour à l’hôpital. Ils sont soignés à leurs propres frais ou grâce aux quêtes que nous organisons », a-t-il ajouté.
 
Par ailleurs, une manifestation prévue hier à Mango n’a pas pu avoir lieu, faute d’autorisation. Certaines sources affirment que les manifestants auraient été dissuadés par certains cadres de la préfecture. Mais en fin d’après-midi de lundi, huit des onze personnes encore en détention ont été libérées. Les populations attendent la libération des trois autres et insistent qu’elles ne veulent pas de faune sur leur sol. Elles crient aussi justice si on en croit le porte-parole : « Le Commissaire qui a directement tiré sur la population jouit de sa liberté. Ça, nous le savons ». Lors de la manifestation du CAP 2015 samedi, le député Alphonse Kpogo a également révélé que le jeune Nayo Alim (18 ans) a été assassiné par le Commissaire de la localité et ce dernier aurait posé un genou au sol avant de tirer et atteindre mortellement sa victime qui a été touchée à la tête.
 
Enfin, M. Djatoti Abdoudjibar estime qu’« on ne peut pas maintenir le préfet et parler d’apaisement » et annonce les discussions promises par le gouvernement n’ont jamais commencé. Pendant ce temps, les blessés souffrent dans leur chair.
 
Source : [25/11/2015] Z. Agb., Liberté
 

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