Le mardi 5 octobre dernier marquait le 20ème anniversaire du soulèvement populaire qui eut lieu à cette date en 1990 et boosta l’avènement démocratique au Togo. Cet anniversaire était une occasion de faire un bilan du long processus démocratique parsemé de péripéties aussi mouvementées que  douloureuses. Certains des meneurs du mouvement, dont la plupart ont tourné casaque, ont organisé des rencontres ; des leaders d’opinion qui sont rentrés en hibernation ont saisi l’occasion pour briser le silence. Et l’Antéchrist Gilchrist Olympio aussi a cru bon s’illustrer à travers une déclaration.
 
Le Président de la désormais coquille vide de l’Union des forces de changement (Ufc) a joué aux âmes sensées en rendant hommage à « tous les martyrs de la démocratie togolaise », et de citer Sylvanus Olympio, mort le 13 janvier 1963, Mgr Bernard Atakpah en février 1977, Omer Adoté décédé à la suite de tortures à la prison civile de Lomé en septembre 1985, les martyrs du 5 octobre 1990 et de la lagune de Bè en avril 1991, Tavio Amorin, Marc Atidépé et autres. Il est même allé jusqu’à proposer d’ériger un « mausolée des martyrs de la démocratie togolaise ».
 
Assez noble comme démarche, mais la question est de savoir si les âmes de tous ces martyrs accepteront vraiment les hommages venant d’un… traître. Et dans tout ce lot, c’est surtout le  regretté Marc Atidépé qui doit se remuer dans sa tombe, lui qui s’était sacrifié, avec onze (11) autres compagnons, en mai 1992 pour sauver Gilchrist Olympio, voyant en lui le messie qui allait libérer les Togolais de la dictature et de la misère. « Ces gens ne méritent pas de se saborder pour un pareil personnage », s’est emporté un compatriote. Ils sont morts gratuitement car la cause pour laquelle ils luttaient a été trahie par l’homme qu’ils croyaient le sauveur. Gilchrist Olympio a bradé des décennies de lutte sur l’autel de l’ego et de la cupidité ». En véritable somme de contradictions, le « Maréchal » a affublé  Sylvanus Olympio de « Père fondateur du Togo moderne et modèle, Première victime de la dictature héréditaire togolaise » ; mais malgré cela, il a choisi d’aller à la table du régime qui a trucidé  son « cher » père, de pactiser avec les héritiers de la dictature qui l’a fait passer de vie à trépas.
 
Plein de remords au sujet de son deal avec le diable, il a essayé de le justifier en parlant de changement de stratégie, servant une sagesse chinoise selon laquelle « peu importe la couleur du chat, pourvu qu’il attrape la souris ». Gilchrist Olympio  s’est découvert subitement des talents de conciliateur, quémandent la paix des braves. « Permettez-nous pour terminer, de faire de nouveau appel à la compréhension, à l’humilité et au soutien de tous ceux qui aspiraient sincèrement à l’avènement plénier et imminent de la démocratie au « Pays de nos Aïeux », pour qu’en relativisant nos divergences d’opinion sur les stratégies pour la « lutte finale » à la pensée que la politique n’est pas une science exacte, et en acceptant de « faire la paix des braves » entre tous les « combattants pour la démocratie » au Togo, en nous rappelant que « c’est L’Union qui fait la force », nous puissions unir et soutenir nos efforts de la manière la plus efficace pour « parvenir à notre fin » par « l’alternance démocratique pacifique », a-t-il gribouillé.
 
Par ces mots, l’« opposant historique » démodé se peint en apôtre de la paix. Mais ironie du sort, ceux-là qu’il appelle à la conciliation, il venait juste de les traiter de tous les noms d’oiseaux. Il s’est carrément ressourcé dans les insultes, traitant ses anciens lieutenants de « nouveaux zélateurs de la démocratie togolaise », « nouveaux sophistes et populistes de la démocratie togolaise », « beaux parleurs » et  « révolutionnaires de la plage ». Le plus cocasse dans toute cette histoire, c’est que le « vieux » les traite d’« amnésiques ». C’est Gilbert Bawara qui doit sourire à ces mots, puisque c’est lui qui a le brevet de ce terme.
 
« Gilchrist Olympio, traiter quelqu’un d’amnésique ? Il faut dire que c’est le monde à l’envers. Plus amnésique que lui au Togo, tu meurs. On se rappelle encore son intervention dans laquelle il peignait Assoli comme « un petit village tout près de celui d’Eyadéma », ce que tout élève de cours élémentaires connaît comme préfecture, même le tout dernier de la classe », raille un confrère.
 
Le « Leader charismatique » s’est même cru un instant la plus grande victime de la dictature militaire, s’auréolant de connaître plus la réalité du combat démocratique dans la chair, faisant ainsi allusion aux évènements de Soudou. Certes, Gilchrist Olympio a été atteint mortellement dans cette localité, mais cela fait-il de lui la plus grande victime du régime Rpt ? Et que dire des millions de Togolais qui eux, sont nés sous le régime Gnassingbé, ont passé toute leur existence au Togo synonyme de toutes les misères du régime, alors que lui, ses séjours cumulés sur la « Terre de ses Aïeux » feraient à peine une décennie ?
 
Tino Kossi
 
source: LIBERTE HEBDO TOGO