L’on se plaint souvent que la corruption est l’un des maux qui minent l’administration togolaise. Il faut ajouter à ce mal profond,  les cumuls de fonction et les refus de départ à la retraite.

Les ministères, les grands services et agences de l’Etat regorgent de ces fonctionnaires admis à la retraite depuis des années mais qui continuent à s’accrocher à leurs postes, narguant tout le monde, et hypothéquant ainsi l’avenir des jeunes qui frappent à la porte de l’emploi, ou sapant l’ascension des jeunes talents et compétences dans ces services.

Le phénomène qui est déjà très criard sur le territoire national est plus accentué encore dans les ambassades du Togo à l’étranger.

Pendant que l’on constate dans les ambassades des pays occidentaux et africains basées à Lomé des changements en termes de départs et d’arrivées de personnels malgré la situation de Covid-19 (départs récents au sein des ambassades du Gabon, du Sénégal, de France, de l’Egypte, d’Allemagne, des Etats Unis, de la Suisse…), c’est plutôt une situation contraire dans les Ambassades du Togo dans le monde.

Manœuvres de résistance et trafic d’influence pour s’éterniser dans les ambassades

On dénombre dans les ambassades du Togo en France, en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Afrique du Sud, des fonctionnaires qui bouclent déjà 10, 15 ou 25 ans sur place. Les personnes concernées vont de simples attachés d’ambassades, en passant par les comptables et les diplomates.

La palme d’or de ces refus de départ à la retraite et  de refus de retour au Togo après leur rappel est celui d’un certain NIKA Komlan Kiliyou, un comptable qui totalise déjà 25 ans en poste.

Déjà mêlé à plusieurs cas de détournements de fonds de visas et de surfacturation, M. NIKA Komlan enchaine déjà 10 ans en poste à Bruxelles en Belgique, 13 ans en poste à Paris en France et 2 ans à Genève en Suisse, donc un total de 25 ans en poste sans arrêt.

Parachuté au d ministère des finances, M. NIKA Komlan est nanti d’un BEPC et d’un CAP, qui a commencé sa carrière le 16 novembre 1989 au ministère de l’enseignement technique et professionnel, comme aide-comptable. Il cumule ainsi 25 ans en poste en passant d’ambassade en ambassade, malgré son admission à la retraite, puisqu’il a bouclé déjà 31 ans de service.

D’autres cas similaires sont signalés dans les ambassades du Togo au Koweit, au Japon, en Ethiopie et au Canada.

Pendant que l’on parle de Programme National de Développement, de nouvelle gouvernance et de réformes, et de gouverner autrement (slogan de la nouvelle Première ministre du Togo, Mme Victoire TOMEGAH- DOGBE), il est plus que urgent de régler cette situation de retraités qui continuent de parasiter l’administration. Surtout que parmi ces derniers qui sont nombreux dans les ambassades, plusieurs sont des comptables qui ont à leur actifs plusieurs hôtels à Lomé et à dans des villes de l’intérieur, et sont propriétaires par leurs femmes de sociétés d’import -export, de véhicules de transports en communs, sans oublier qu’ils sont aussi actionnaires de plusieurs sociétés de la place.

On se rappelle que le 28 septembre 2020, le ministre de la fonction publique Gilbert BAWARA a signé un arrêté mettant à la retraite 701 fonctionnaires, à partir de janvier 2021, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Komlan Mally, l’ancien secrétaire général du gouvernement Palouki Massina et l’ancien ministre Mawussi Djossou Semodji. Si ces anciens ministres ou hauts responsables ne semblent pas vouloir faire de la résistance, c’est surtout au niveau des cadres intermédiaires et subalternes que la tension est forte.

Il nous a été rapporté que  des tractations sont en cours et des pressions sont faits pour maintenir certains futurs retraités. C’est dans ce marchandage que se sont engouffrés une dizaine de fonctionnaires des ambassades, qui sont actuellement en séjour à Lomé, ou qui ont dépêchés des émissaires, pour activer les réseaux qui doit les aider à demeurer en poste malgré leur admission à la retraite ou leur rappel au pays.

L’on raconte que certains sont purement partis dans leurs villages auprès des charlatans et autres détenteurs de pouvoirs mystiques pour faire annuler les arrêtés de mise à la retraite ou de rappel au pays des ministres BAWARA et DUSSEY.

Urgence d’assainir la gestion des ressources humaines et financières

Laisser prospérer les mauvaises pratiques que nous venons de dénoncer, c’est cautionner la mal gouvernance, c’est anéantir les espoirs des jeunes qui aspirent eux aussi à gérer et à donner le meilleur d’eux-mêmes. Il est urgent que la gestion du personnel soit révisée de fond en comble dans la mesure où les défis de développement nous obligent à la performance. Or, on constate surtout que les personnes envoyées dans les ambassades sont parfois des gens qui n’ont pas les qualités nécessaires. Surtout les comptables actuels qui sont pour la plupart des personnes nantis du BEPC alors que le Ministère des finances regorge de beaucoup de comptables formés et compétents, des inspecteurs de trésor et de douane qui ont fait de grandes formations et études.

Il est plus juste de ne pas laisser un seul individu occuper un poste pendant 10 à 15 ans dans une ambassade alors que les autres rongent les freins sur place à Lomé depuis des années. Il est aussi urgent pour le ministre des finances de diligenter un audit des ambassades pour contrôler la gestion de leur comptes, car il nous revient que plusieurs malversations sont commises (achats avec surfacturation des matériels consommables, rétrocommissions avec les prestataires, détournement des frais de légalisation et de visas, etc).

Boniface SOUMOLOKI

Citoyen togolais. Membre actif de l’observatoire des pratiques arbitraires dans la fonction publique. Lanceur d’alerte

Email : reformezenith@gmail.com

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