« Grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et, par extension, des choix décidés par les élites politiques et économiques. Elle est orchestrée quotidiennement pour l’empêcher de s’intéresser aux évolutions scientifiques, technologiques, économiques et autres connaissances essentielles ou sociétales ». Stratégie de la diversion, point N°1 des dix commandements de la manipulation du philosophe et linguiste américain Noam Chomsky. Le pouvoir de Lomé 2 englué dans ses propres contradictions et surtout en perte de vitesse, s’est inspiré de cette stratégie, tout comme celle de Machiavel, pour distraire l’opinion à travers une rumeur bien huilée sur la prétendue mort de Faure Gnassingbé au moment où ce dernier se trouvait en visite en Israël.
 
Comme le dirait ironiquement un observateur, nous sommes en période de l’Avent, mais à Lomé on célèbre encore Pâques ; et pour cause, le plus « Faure » des Gnassingbé est mort et ressuscité. La manipulation des masses à des fins de consolidation du pouvoir est le propre des dictatures. Et Faure Gnassingbé, le diplômé des Universités françaises et américaines ne déroge pas à cette règle, lui le « digne » fils qui, à l’image de son père, devrait fabriquer un mythe autour de sa personne et régner sur le Togo
 
Feu Gnassingbé Eyadéma, après avoir bourré ce 24 janvier 1974 le DC 10 de toutes les provisions (sac de riz, moutons, casiers de boissons) pour la fête au village nonobstant les réticences du pilote, a créé à Sakarawa, avec la chute de l’avion, son attentat qu’il a vite fait d’attribuer aux impérialistes.
 
Deux semaines plus tard, il revient en homme mythique, invulnérable, capable de survivre à un crash d’avion même s’il n’était pas le seul survivant (les autres ayant été achevés pour créer le mythe autour de sa personne). Il regagna Lomé le 2 février sous le délire total tout au long du trajet, des foules sorties pour la circonstance. De ce supposé attentat, Jacques Foccart, l’homme qui dirigeait l’Afrique par la Franceafrique a fait des révélations.
 
En 2012, Faure Gnassingbé dont les velléités de s’éterniser au pouvoir ne souffrent d’aucune ambiguïté, a besoin de créer un mythe autour de sa personne. Profitant des rumeurs sur sa santé que tout le monde sait problématique, le laboratoire du régime distille dans la masse l’information sur le décès du Prince. De fil en aiguille, cette nouvelle est devenue une trainée de poudre qui a ankylosé toutes les activités du pays durant plusieurs jours.
 
Que ce soit au niveau de la Présidence ou du gouvernement, face à ces genres d’informations, on devrait publier du moins un communiqué pour rassurer les populations et les inviter à vaquer librement à leurs occupations ; mais comme c’était une manipulation au sein même du pouvoir, on a laissé faire ou laissé la latitude à quelques flagorneurs de s’en occuper sur les médias. Et dès que l’objectif poursuivi a été atteint, il a été demandé au Prince de rentrer au pays. Ainsi Faure Gnassingbé qui est parti discrètement en Israël après un détour par Milan sans que le citoyen lambda ne soit au courant de cette visite, est rentré « triomphalement » au rythme d’une population surchauffée au comble du délire invitée pour la circonstance à jouer sa partition pour que la comédie soit complète. Voilà donc Faure Gnassingbé désormais sûr d’avoir créé un mythe autour de sa personne déclarer à sa sortie d’avion : « ça m’a amusé lorsque j’ai appris que j’étais mort ».
 
Maintenant que cette mise en scène ubuesque a été faite, le pouvoir va en profiter pour se moquer de ses adversaires et de tous ceux qui ont cru à ce canular. Plus loin, le Prince lui, en profitera pour faire passer à la guillotine ceux qui dans son entourage, ont cru à cette histoire et multiplié les réunions soit dans les casernes, soit au niveau de certaines instances pour discuter de l’après-Faure Gnassingbé. Ne soyez donc pas surpris si des têtes tombent dans les casernes et autres officines du régime dans les prochains jours. C’est le propre des dictateurs de prendre au piège certains de leurs collaborateurs et de les liquider. Le laboratoire de Lomé 2 a réussi son coup, la mise en scène a été parfaite, sauf cette histoire qui rappelle les temps archaïques et les méthodes du régime nord-coréen. Mais la comédie ne pourra en aucune façon éclipser les dures réalités du Togo auxquelles le régime est confronté, à savoir les réformes constitutionnelles et institutionnelles, l’alternance, la misère, l’enrichissement illicite des cadres du régime. Cela ne peut être occulté par ce spectacle cocasse offert aux Togolais par un Président qui voyage en jet privé pendant qu’il n’existe pas de médicaments dans les hôpitaux. Pauvre Togo avec à sa tête un homme qui se dit moderne, mais bien ancré dans les méthodes archaïques. Que nous réservent prochainement Faure Gnassingbé et ses amis ? Une question pour plusieurs champions.
 
Ferdi-Nando
 
lalternative-togo.com