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Interpellations tous azimuts des opposants, exhibitions à tout va de prétendues preuves :


Vers la dissolution de certains partis (ANC, OBUTS et ADDI) et l’interdiction du CST pour subversion


Depuis que les marchés de Lomé et de Kara ont cramé et levé le coin du voile sur l’inefficacité du Service des Sapeurs pompiers togolais, au demeurant peu ou pas du tout équipé, c’est une véritable chasse aux opposants qui a été engagée. Le pouvoir engagé dans une course contre la montre que l’esprit sensé peine à comprendre procède à des interpellations à la pelle d’opposants et à des exhibitions de preuves aussi bien testimoniales qu’indiciaires.
 
Qu’est-ce qui fait tant courir le pouvoir togolais ?
 
L’incendie du Reichstag ? Avait titré un confrère, explorant la piste d’une conspiration machiavélique ourdie par le locataire du palais de la Marina et ses argousins pour se payer la tête de ses adversaires politiques, à l’instar d’Adolph Hitler en Allemagne nazie. Et il ne croyait pas si bien faire. La suite des événements, si elle ne confirme pas encore de façon irréfutable cette thèse, ne révèle néanmoins aucun élément susceptible de la battre en brèches.
 
En effet, dès le lendemain de l’incendie du marché d’Adawlato, survenu quarante – huit heures après celui ayant ravagé le marché de Kara, Gérard Adja, 1er Vice-président de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union Un Togo Solidaire (OBUTS) est arrêté, destination Service des Recherches et Investigations (SRI) de la Gendarmerie nationale. Dans un si court instant, des recoupements et sérieuses enquêtes ont-ils pu être menés au point de permettre l’interpellation des présumés auteurs ou commanditaires desdits actes ? L’attitude du pouvoir en place quelques heures après cet acte opéré sans mandat d’amener et donc en violation de la loi, traduira cette lapalissade : l’interpellation ne se fondait sur aucun élément crédible révélé par la soi-disant enquête, mieux, sur aucun indice grave et concordant susceptible de mettre en cause la personne interpellée. A preuve, le gouvernement fera appel à deux experts de la Police scientifique français pour l’appuyer dans l’enquête. Ceux-ci devront déterminer quelle substance a pu provoquer cet incendie aux effets dévastateurs pour l’économie togolaise. Rien de plus. Si la Commission d’enquête mise en place ne savait exactement quelle substance a été à l’origine du sinistre dans les deux marchés, encore moins ceux qui s’en sont servis si tant est qu’ils étaient d’une origine criminelle, qu’est-ce qui a bien pu permettre au Capitaine Akakpo et à ses éléments d’aller opérer cet enlèvement subtilement habillé ? Difficile d’y répondre sans parler d’un scénario grotesque au cœur d’une vendetta visant à exterminer politiquement le front qui critique vertement la gouvernance de Faure Gnassingbé.
 
Comme pour confirmer la thèse d’une conspiration machiavélique, Agbéyomé Kodjo, président de l’OBUTS et ancien président de l’Assemblée nationale a vu son immunité parlementaire levée, à travers une procédure galvaudée, une opération qui avait donné le feu vert à son interpellation à son domicile seulement trois heures après. La vague d’arrestations n’épargnera pas Jean-Eklou, président national de la jeunesse de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC), ni Alphonse Kpogo, Secrétaire national de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI). Deux semaines seulement après la survenue des sinistres et alors que les experts français disent ne pas être parvenus à une quelconque conclusion sur l’origine ou la nature de la substance ayant provoqué les incendies, la Gendarmerie nationale a presque déjà ses COUPABLES.
 
Le montage grotesque de vendredi dernier et les fameuses découvertes au siège de l’ANC
 
Depuis le début de cette enquête, le Procureur de la République a déjà fait deux sorties médiatiques, qui pour claironner que les interpellations respectent la procédure requise (sic), qui pour dire que des indices graves et concordants permettaient de soutenir qu’Agbéyomé Kodjo était l’instigateur, sinon l’un des instigateurs des incendies. Et comme si cela ne suffisait pas, le Col. Yark Damehame a aussi cru bon devoir s’en mêler et exhiber à la face du monde des individus conditionnés, selon le CST, pour noyer ses responsables, notamment le jeune Toussaint Tométy, de son vrai nom Mohammed Loum qui, dans un récit peu cohérent, et jurant au nom d’Allah, prétendra avoir été manipulé par certains responsables de l’opposition et avoir subi une préparation mystique pour le rendre invisible et mettre le feu au grand marché. Vingt-quatre heures plus tard, ce sont quelques tessons de bouteilles et des clous pompeusement qualifiés de cocktails Molotov qui seront exhibés à la Télévision togolaise, comme le corps du délit. Qu’est-ce qui explique cet empressement de Faure Gnassingbé? Selon un observateur averti, tout ceci répond à un plan visant à décapiter le CST, en ce moment où il donne un coup d’accélérateur au processus électoral en cours. Et ceci semble lui réussir, pour l’instant. Secundo, les interpellations tous azimuts des opposants visent cyniquement à orienter les conclusions des experts français dans le sens déjà tracé par le pouvoir. Sinon, le bon sens aurait voulu que les interpellations ne soient opérées qu’une fois les causes de l’incendie connues et les personnes mises en cause identifiées.
 
Tercio, le pouvoir Faure Gnassingbé qui, visiblement et en dépit de toutes les manœuvres auxquelles il se prête, ne parvient pas à convaincre de son innocence dans la survenue des deux incendies, tente de s’éloigner de tout soupçon en jetant l’anathème sur le CST et en brouillant ainsi les pistes. Mais à qui profite le crime ? La perte de leur pouvoir financier par les femmes du grand marché d’Adawlato réputées grandes financières du CST, profite-t-elle aux responsables dudit mouvement ? Ou plutôt au pouvoir en mal de légitimité ? C’est constant que nul ne mord la main qui le nourrit. Le CST serait-il si incohérent et inconséquent au point de commanditer un acte aussi exécrable, quelques semaines seulement après avoir réclamé à cor et à cri la rétrocession à ces dames des fonds dont Massina Yotroféï les a dépossédées ? Qui a fait de ce sinistre une véritable récupération politique ?
 
Pour qui ont marché des soi-disant femmes en guise de soutien pour les mesures qu’il aurait prises dans la gestion de ce drame ? Qui a plus intérêt à ce que l’attention des responsables du CST soit détournée des questions électorales et focalisée sur autre chose, en l’espèce la question des interpellations dans ses rangs ? Qu’est-ce qui fait courir Faure Gnassingbé alors que les auteurs et commanditaires de l’agression des militants du CST à Adéwui, pourtant bien connus pour avoir opéré à visage découvert, ne sont à ce jour, pas inquiétés ? Qui tente de se refaire une santé politique à partir de ce drame ? La réponse crève les yeux et laisse penser que tel l’incendie du Reichstag en Allemagne nazie, le pouvoir togolais, dans un machiavélisme absolu, a fait perpétrer les incendies des deux marchés, pour accuser ses adversaires politiques, et, pour reprendre le Doyen Godwin Tété, « empêcher le CST d’empêcher la tenue des législatives dans les conditions actuelles ».
 
Mais avec le silence complice de la communauté internationale, le pouvoir entend aller plus loin. De sources proches du gouvernement, l’objectif de toutes ces acrobaties est d’étouffer la contestation. On parle dans la foulée de la dissolution de certains partis (ANC, OBUTS et ADDI) et/ou l’interdiction du CST pour subversion. Même le rapport des deux experts français pourrait être orienté dans ce sens.
 
La course contre la montre dans laquelle le gouvernement s’est engagé n’a d’autre finalité que de brouiller les pistes. Mais jusqu’à quand ?
 
Magnanus FREEMAN
 
source : liberte-togo
 

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