Au retour de Me Yawovi Agboyibo à la tête du CAR, le Temps avait publié un article sur le sujet. Son décès intervenu le 30 mai dernier remet en question l’avenir de son parti. Nous republions pour nos lecteurs cet article.

Le CAR vient de prendre un grand coup de vieux. Ce matin, le Congrès du Comité d’action pour le renouveau (CAR) vient de re-porter à la présidence du parti, son premier président, Me Yawovi Agboyibo. Jean Kissi, l’ancien secrétaire général garde son poste.

L’ancien Premier ministre se coltine quatre vice-présidents qui sont respectivement Yendouba Kolani, Awokou Nador, Akossiwa Yemey et Yessouwoe Blandine.

L’issue du congrès du CAR est tout sauf une surprise. Le retour de Yawovi Agboyibo est à l’origine de la crise qui a secoué le parti et conduit aux départs de son président Dodji Apevon et d’autres militants. Ces derniers sont allés fonder le mal-nommé Forces démocratiques républicaines (FDR).

Après sa Berezina aux élections législatives d’octobre 2007, où le parti n’a pu disposer que de quatre sièges, uniquement dans son fief ouatchi du Yoto et du Vo, le CAR croupit dans une stagnation.

En dépit d’une stagflation aux législatives de 2013, avec le gain d’un siège dans la Circonscription de Lomé-Golfe, la notoriété du parti ne dépasse guère sa zone tribale du sud-est maritime du Togo.

Un Yawovi Agboyibo poussiéreux

C’est donc d’un parti politiquement affaibli qu’hérite l’ancien nouveau président Yawovi Agboyibo. Il n’est donc pas sûr qu’avec lui le parti retrouve du poil de la bête et sa santé politique en 1994 (37 sièges aux premières législatives de 1994 et première force politique du pays). D’autant plus que ces dernières années il a été le fossoyeur du parti avec ses stratégies peu efficaces.

Adepte de la combinazione, un patchwork d’opportunisme et de combines politiques, souvent avec des négociations sous la table, Me Yawovi Agboyibo, considéré comme la bête politique la plus douée du théâtre national a vu son étoile blêmir au fur et à mesure de l’échec du processus démocratique.

Logiquement comptable comme la plupart de ses rivaux des échecs itératifs de l’opposition togolaise à prendre le pouvoir, Me Yawovi Agboyibo n’a plus de destin national, ni l’influence d’antan.

Il a son passé derrière lui et par conséquent plus d’avenir du tout. Passé aux oubliettes, on attendait plutôt ses obsèques. C’est donc un fantôme qui reprend les rênes d’un parti moribond.

Issu de la tribu des Madji, Agboyibo a le parti chevillé au corps et donna son totem, le Bélier noir, pour emblème au CAR. Une telle identification au parti illustre le problème du phénomène partisan au Togo. Les partis politiques d’ici sont plutôt des associations unipersonnelles créées pour faire le bien du “président-fondateur” et non l’intérêt général.

On peut sans conteste espérer que dans un sursaut d’acte de contrition, Me Yawovi Agboyibo est revenu d’outre-tombe pour repartir avec son joujou.

Ball close.

Source : letempstg.com

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