• Dégradation de l’environnement, érosion des maisons entretenues

Un projet ambitieux dans un quartier calme certes, mais avec des impacts tant environnementaux que sociaux méritent-ils que les autorités se taisent là-dessus au détriment des autres habitants ? Au quartier Lankouvi à une vingtaine de km du centre ville, des villas de haut standing sortent de terre. Mais lorsqu’on jette un regard sur l’envers du décor, grincements de dents et désolation se font entendre et se lisent sur des visages. Un lac artificiel créé ronge progressivement les fondations des riverains qui vivaient tranquillement avant, avec son lot de noyades. Des eaux de pluie issues de la cité sont sauvagement drainées sur la voie publique sans égard pour l’environnement. Sous les regards complices du préfet du Golfe ?

Un projet de 152 logements dit « Cité des Anges » au quartier Lankouvi, avec trois types de villas destinées à la vente : Basilic au prix de 50 millions FCFA (tout est déjà vendu), Rose au prix de 100 millions FCFA, et Dahlia + à 300 millions FCFA. C’est dire que le promoteur, « N (comme Noagbodji ?) Real Estate » avec ses partenaires que sont Ecobank, Shelter Afrique, BTCI et Residomia savait où il allait. Sur le terrain, un vaste domaine encerclé par une rigole enterrée, des villas qui s’alignent les unes à côté des autres, un calme certain y règne. Des fenêtres ouvertes indiquent que beaucoup d’entre ces demeures sont habitées. Mais pourquoi une rigole entourant tout un domaine ?

Le paysage ayant une dénivellation naturelle, les eaux de pluie se dirigent vers un espace vide sablonneux qui permet une infiltration rapide juste après. Mais il y a quatre ou cinq ans, tout a changé. L’espace a laissé place à un bassin de près de 3 à 5 mètres de profondeur. Des traces de pneus de camions laissent entrevoir que des gros véhicules se sont succédé pour extraire le sable. En lieu et place, un trou béant désormais rempli d’eau qui ne tarit plus. Au grand désarroi des riverains qui attestent que le sable est convoyé vers les villas en construction. « Ce bassin a commencé à se former au moment où les travaux de construction de la « Cité des Anges » de M. Jean Noagbodji de CAFE INFORMATIQUE ont commencé. Des pelleteuses suivies de camions ont commencé l’extraction du sable sur l’espace à côté de notre maison. Un jour, un enseignant riverain les a approchés pour comprendre ce qui se passait ; le conducteur de la pelleteuse s’est rué sur lui, le faisant fuir. Le chef du quartier Lankouvi Djogbedji, TogbuiEkli a été appelé. Après sa visite, on ne sait ce qui s’est passé, il n’est plus jamais revenu. Ce bassin a failli occasionner des pertes d’enfants ; trois enfants y étaient tombés, mais heureusement qu’un maçon qui savait nager avait plongé et les a sauvés. Mais tous avaient bu une bonne tasse d’eau. Le chef du quartier peut mieux vous renseigner. Il y a même un adulte qui y est aussi tombé, mais heureusement que des fidèles de l’église située juste en face ont donné l’alerte ; il a aussi été secouru après avoir aussi avalé une bonne quantité d’eau. Le problème généré par ce bassin sauvage est appelé à durer. Quand il pleut, le sol se dérobe progressivement de nos habitations, ce qui fait que certains ne peuvent pas ériger de clôture, de peur que ça ne tienne pas. Cette situation fait que la TdE et la CEET ne veulent pas arriver à notre niveau. Parce qu’elles craignent qu’avec le temps, l’érosion emporte leurs installations », nous a confié un riverain victime des travaux de la « Cité des Anges ».

4…de par son approximation en aval à Lankouvi

La topographie du milieu est telle que la rigole qui entoure le domaine débouche sur une rue ; ce faisant, les eaux s’écoulent sur une bonne distance avant de rejoindre le bassinn situé plus loin. Conséquence, le terrain est raviné, rendant impraticable la voie. Et quand les promoteurs ont voulu « canaliser » leurs eaux, c’est à ciel ouvert avec une approximation désolante que la rigole a été prolongée jusqu’au bord du bassin sauvage. Et sans faire preuve d’ingéniosité, les côtés de ce prolongement de la rigole sont appelés à subir une autre érosion qui, à terme, affectera aussi d’autres riverains. Apparemment le préfet ne serait pas ignorant de cette situation dommageable. Mais que dit-il ? Et pourtant, celui-ci aurait demandé au Directeur général de CAFE INFORMATIQUE, M. Noagbodji Jean, de recourir aux services d’ingénieurs pour préserver les riverains. Ce dernier l’avait assuré en disposer. C’était lors d’une réunion en 2016 dans les locaux de la préfecture. Mais les « travaux » réalisés sont pires que ceux d’un maçon amateur. Il suffit de visiter les lieux pour apprécier leur légèreté. Malheureusement aux dépens des riverains.

Pour en savoir davantage, nous avons joint Darius Hator, gestionnaire du projet. Dans un échange de messages, voici alignées nos préoccupations ainsi que les réponses de Darius Hator. « C’est au sujet de la canalisation qui débouche sur un bassin qui endommage les maisons environnantes. M. Noagbodji a été informé, mais rien ne semble se profiler pour réparer cet état de chose.On nous a dit que vous pourriez nous répondre. Nous cherchons à écouter surtout monsieur Noagbodji ».

« Pas besoin d’écouter monsieur Noagbodji, je peux vous répondre ».

« Est-ce sur autorisation que le canal traverse la voie publique? L’excavation qui recueille les eaux de la cité est elle faite sur autorisation ? Que dites-vous des dommages que ces eaux occasionnent sur les habitations avoisinantes?Qui est le propriétaire du lot qui est transformé en bassin »?

« Tout d’abord, merci d’avoir entrepris de comprendre ce qui se passe dans la zone, c’est vrai qu’il y a des dommages et sont l’objet de nos préoccupations. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons entrepris des travaux dont je dispose des images.La Cité des Anges est un projet immobilier sur un site dont le terrain est immatriculé dans le registre foncier du Togo.Le projet bien avant son démarrage a été objet d’une étude d’impact environnemental et a un permis de construire dûment délivré par les autorités compétentes. L’eau pluviale sur la Cite est retenue et canalisée jusqu’à un bassin de 1 ha appartenant au projet. A côté de ce bassin, il y a un autre beaucoup plus important qui etait une carrière de sable ouverte par les vendeurs de sable de construction. Le projet commence en 2012 après plusieurs arrêts,  vient de livrer les dernières des 57 villas dont certaines sont déjà habitées.Tous les riverains dont les parcelles sont affectées par le projet ont été dédommagés par compensation ou par rachat.Si vous voyez sur le plan de la ville de Lomé cette zone est une zone marécageuse (un bas-fond). Cela s’explique par les dénivelés du terrain naturel constatées de part et d’autres du bassin. Indéniablement cette zone serait inondée avec ou sans ce bassin.Quand vous avez le grand bassin au dos et le petit à votre gauche vous remarquerez que la voie en face de vous est érodée par le flux naturel des eaux de ruissellement et pour ça rien ne pu être fait si ce n’est des canalisations en bonne et due forme. Sur le nouveau plan de la zone, vous verrez qu’il y a une bande de 50 mètres qui comprend notre bassin actuel et qui est destiné au drainage des eaux de pluies (un travail d’assainissement qui devrait régler ce problème auquel sont confrontés bien de quartiers à Lomé). Le terrain sur lequel est le bassin est la propriété de la Cité des Anges.Et ceux dégradés par la suite ont été tous compensés manu-millitari. Aujourd’hui c’est le bassin de l’autre côté de celui de la cité qui déborde et qui entre dans celui de la cité et qui forme une sorte de vase communicant. Malgré cela, nous avons lancé des études pour trouver des solutions idoines.Je reste à votre disposition pour d’éventuels compléments ».

« Les riverains du bassin dans lequel se déversent les eaux sont-ils aussi dédommagés? Dans quelles fourchettes se situent les dédommagements et pourrons-nous avoir des preuves »?

« Nous avons fait des compensations de terrains pour ceux dont les eaux constituent une menace du côté de notre retenue bien sûr ».

« Peut-on avoir les images des travaux entrepris, et les conclusions de l’étude d’impact environnemental ?Savez-vous que 4 personnes dont 3 enfants sont déjà tombés dans ce bassin que vous avez créé ? Sa création était-elle sur autorisation ? Si oui, de quelle structure administrative »?

« Ok je vous transmettrai dès que possible ».

Contrairement aux prédictions de Darius Hator, tous les bas-fonds ne sont nécessairement pas marécageux, puisque le phénomène d’inondation a démarré lorsque le projet a commencé à extraire du sable sur son domaine situé dans le bas-fond ; ensuite, il reconnait que des riverains ont été affectés par le projet ; et les conclusions de l’étude d’impact environnemental et social ne nous ont pas été fournies. Mais si des dédommagements ont été effectués, c’est la preuve que ce projet était destiné à avoir des impacts que son promoteur ne pouvait pas ignorer.

Aujourd’hui, d’autres victimes continuent de subir les effets d’un projet d’un homme de biens. Mais alors, pourquoi ne pas décider de racheter les maisons de ceux qui subissent les effets croissants de ce bassin « privé » ?

Godson K./ Liberté Togo

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