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« Le malheur des uns fait le bonheur des autres ». Ce dicton, les politiques le maîtrisent mieux que quiconque. Pendant que le Collectif « Sauvons le Togo » (CST) est sérieusement mis en difficultés par Faure Gnassingbé, la Coalition Arc-en-ciel, apprend-on de sources sûres, serait en train de manœuvrer pour occuper le terrain dans la perspective des législatives et locales auxquelles elle serait prête à prendre part. Quelles que soient les conditions dans lesquelles elles sont organisées. Pis, une répartition des circonscriptions serait déjà faite, réservant la part belle au CAR et la portion congrue au PDP.
 
Sous le fallacieux prétexte de leur implication dans la survenue des incendies des marchés de Kara et de Lomé, le pouvoir est en train de décapiter le CST, ce regroupement qui s’est juré de ne point laisser les élections se tenir dans des conditions peu rassurantes. Nombre de ses figures de proue sont déjà passées à la trappe ; Agbéyomé Kodjo, Gérard Adja respectivement président et premier Vice-président de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union Un Togo Solidaire (OBUTS) ; Jean Eklou de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC), Alphonse Kpogo, Secrétaire national de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI). Pour leur mettre le grappin dessus, des prétendus aveux extorqués à des jeunes qui se sont identifiés aux auteurs des incendies ont suffi. C’était la parole de ces derniers contre celle des responsables du CST. Le double objectif du pouvoir reste d’une part, de fragiliser le CST et l’empêcher de faire entrave à la tenue des élections dans les conditions iniques actuelles, et d’autre part, de contraindre ce mouvement citoyen – les partis politiques qui en sont membres – à boycotter les scrutins à venir. Car, même si Faure Gnassingbé fait mine de ne pas l’admettre, il redoute l’entrée en lice des partis membres du CST.
 
Pousser ces formations politiques au boycott devrait permettre au RPT/UNIR et à l’UFC son alliée, de remporter l’écrasante majorité des sièges et d’opérer, à leur guise, les réformes constitutionnelles et institutionnelles qui attendent, depuis 2006. Un calendrier qui peine à faire l’unanimité. Car du côté de l’opposition, on table sur les réformes avant le scrutin. Mais jusqu’ici, ce duo dans ses calculs politiciens, semble ignorer un troisième larron, la Coalition Arc-en-ciel qui attend dans le starting-block et semble jouer à l’opportuniste. « La nature a horreur du vide » et le vide qui sera éventuellement laissé par le CST, si d’aventure les scrutins venaient à être organisés, la Coalition Arc-en-ciel officiellement cornaquée par Brigitte Adjamagbo-Johnson et en sous-mains par Me Yaovi Agboyibo, actuel président d’honneur du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), entend le combler.
 
Echaudés par les conséquences du boycott des législatives de 1999, le CAR, la CDPA, l’UDS, le MCD et le PDP n’entendent pas, selon leurs propres termes, « boycotter les futures législatives ». L’existence de leur coalition tire son essence des élections à venir. Il s’agit d’une alliance E-LEC-TO-RA-LE. Elle fait de la confection des listes communes de l’opposition, son crédo. Et le CAR est le plus farouche défenseur de cette stratégie politique. Prendre part aux élections à venir, c’est presque vital pour cette coalition. Et elle semble décidée à y participer qu’importe le prix à payer et les conditions de leur organisation. Plusieurs observateurs sont unanimes sur ce point : « Je pense qu’une partie de l’opposition va boycotter les élections et que l’autre y participera. Je ne crois pas à une union sacrée de l’opposition en faveur du boycott », se prononçait Me Yaovi Jean-Dégli, lors d’un entretien accordé à republicoftogo.
 
Le discours le plus répandu au sein de cette coalition, c’est qu’on est convaincu que le pouvoir en place se ravisera et organisera le scrutin dans les conditions escomptées. Or, depuis l’ouverture de la chasse aux sorcières, le processus électoral a curieusement pris un coup d’accélérateur et rien ne semble indiquer que le pouvoir va marquer une pause. On avance le 24 mars. Ailleurs, on compose avec l’hypothèse d’un probable report de quelques semaines. Le 12 mai circule déjà sur des lèvres. Mais jamais, il n’est envisagé la probabilité que le pouvoir fasse un break et accepte d’organiser le scrutin dans des conditions fixées de manière consensuelle.
 
Dans ce cas, profitant de la probable absence des partis membres du CST à cette joute électorale, la Coalition Arc-en-ciel miserait sur une embellie et espère grappiller certaines voix sur le terrain du CST. Pour ce faire, apprend-on de sources dignes de foi, les partis membres de cette coalition se sont déjà réparti les circonscriptions électorales et le CAR se serait taillé la part du lion, suivi de la CDPA, l’UDS-Togo, le MCD et le PDP. Si l’UDS-Togo se serait vu accorder la Préfecture des Lacs, Anfoin, Afagnan), le PDP ne se retrouverait qu’avec la préfecture de la Binah, fief natal de son leader numéro un Bassabi Kagbara. Les mêmes sources révèlent que cette répartition provoquerait même des grincements de dents chez ceux qui se sont vu réserver la portion congrue. Mais somme toute, la stratégie est si bien huilée qu’elle éveille des soupçons chez de nombreux analystes qui se demandent si Mes Yaovi Agboyibo et Paul Dodji Apévon n’avaient pas eu vent de la vaste conspiration du pouvoir contre le CST. Ils prennent avec beaucoup de circonspection l’argument d’absence de concertation avancé par la Coalition pour ne pas participer aux « Derniers tours de Jéricho ». Ils croient dur comme fer que si la Coalition Arc-en-ciel s’est désolidarisée du CST lors de cette opération que le pouvoir lie aux incendies, c’est bien parce que quelqu’un leur aurait vendu la mèche. Mais le scénario les arrangeant, ils auraient laissé leurs frères opposants se jeter dans la gueule du loup. Des soupçons certes graves, mais légitimés par les propos de Me Agboyibo lors de son traditionnel dîner de presse organisé à son domicile à Tokoin-Doumasséssé, après Noël 2012. Il avait déclaré être capable d’envenimer la situation politique, bref de la pousser au pourrissement. A quelle fin ? Vraisemblablement pour en tirer le meilleur parti, jouant ainsi au pêcheur en eaux troubles. Le soutien timide exprimé par la Coalition Arc-en-ciel aux leaders du CST depuis le début de cette affaire apporte de l’eau au moulin des partisans de cette thèse machiavélique. Une thèse qui, somme toute, n’est pas farfelue. Comme quoi, Faure Gnassingbé et ses obligés ne seraient pas les seuls à se réjouir de la situation que vivent nombre de figures du CST. Quelques opposants aussi. La politique, comme le dirait l’autre, est un jeu sale. Très sale.
 
Magnanus FREEMAN
 
liberte-togo
 

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