Par franceinfo

Les cadres de son parti attendaient impatiemment qu’il annonce sa candidature à la présidentielle d’octobre à l’issue de leur rencontre du 29 juillet à Abidjan. Il leur a promis « qu’il ne les decevra pas ».

Face aux principaux cadres de son parti qui le pressent d’entrer officiellement en campagne, Alassane Ouattara a donc demandé un peu de patience. Juste le temps du recueillement et de la récupération après la mort de son dauphin, Amadou Gon Coulibaly.

Je prends acte de la résolution du conseil politique et de votre demande… Je suis avec vous et vous savez que je ne vous ai jamais déçusLe président Ouattaradevant le conseil politique de son parti le 29 juillet à Abidjan

Alassane Ouattara a promis de s’adresser aux cadres de son parti et à la nation ultérieurement. Ce sera sans doute à la veille de la fête de l’indépendance, le 8 août. A Abidjan, tout le monde a compris que le chef de l’Etat ivoirien s’apprête à dire oui à l’appel de ses compagnons et à se jeter dans la bataille. C’est en tout cas l’avis de l’analyste politique ivoirien Sylvain N’guessan.

« Il n’y a pas de doute. Avec tout ce monde qui défile au palais présidentiel et les marches qui sont organisées par les cadres du parti au pouvoir. Avec la quasi impossibilité de nommer un Premier ministre consensuel pour les trois mois qui restent, ce n’est pas un autre candidat à la présidence qu’ils pourraient trouver. Pour moi, Alassane Ouattara sera candidat pour un troisième mandat », a confié à RFI Sylvain N’guessan, qui dirige l’Institut stratégique d’Abidjan.

Sylvain N’guessan explique que le président Ouattara pourrait craindre qu’une candidature d’un cadre de son parti autre que la sienne puisse susciter la dispersion des militants du RHDP. La tâche s’avère difficile pour le futur candidat et ses compagnons. Il aura fort à faire dans les trois mois qui le séparent du scrutin pour calmer ses dissidents. Il devra aussi affronter l’opposition qui lui conteste le droit d’effectuer un troisième mandat, en vertu de la Constitution qui n’en autorise que deux. Mais le parti au pouvoir estime que l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016 a remis les compteurs à zéro.

Les dissidents pourraient jouer les trouble-fête

Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, Alassane Ouattara ne fait plus l’unanimité au sein de sa propre famille politique. Il doit faire face à la fronde des dissidents qui entendent tout mettre en œuvre pour lui barrer la route. C’est le cas de son ancien ministre des Affaires étrangères, Marcel Amon Tanoh, qui s’est déjà déclaré candidat à la présidentielle d’octobre.

En annonçant sa candidature, cet ancien proche du chef de l’Etat a expliqué qu’il était grand temps que la Côte d’Ivoire « quitte définitivement les sentiers improbables de la discorde et de la division ». Il avait claqué la porte du gouvernement pour marquer son désaccord avec le choix porté sur l’ancien Premier ministre défunt, Amadou Gon Coulibaly, comme candidat du parti présidentiel, après avoir proposé, sans succès, l’organisation de primaires.

Sa dissidence fait grincer la machine bien huilée du RHDP et Ouattara devrait craindre qu’elle soit contagieuse… comme le coronavirusEditorial du 20 mars 2020du site d’information Afrique Confidentielle

Un autre rival et ancien fidèle du président Ouattara tire les ficelles depuis la France où il s’est exilé depuis peu. L’ancien chef rebelle Guillaume Soro avait pourtant été un acteur clé dans la conquête du pouvoir du président Ouattara, avant de s’en écarter et de devenir son farouche opposant. Depuis, la justice ivoirienne l’a condamné par contumace à vingt ans de prison et privé de ses droits civiques pour cinq ans. 

Accusé de détournement de fonds publics, Guillaume Soro dénonce une mascarade de justice, déstinée à l’écarter de la scène politique ivoirienne. Mais pas question pour lui de baisser les bras et de laisser son ancien mentor seul maître à bord. Depuis Paris, l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire mobilise ses réseaux et maintient sa candidature à la présidentielle d’octobre, malgré ses déboires avec la justice. Ses nombreux partisans, regroupés au sein de son mouvement, Génération et peuples solidaires (GPS), comptent peser sur l’issue du scrutin.

La présidentielle d’octobre s’annonce tendue

La présidentielle ivoirienne du mois d’octobre s’annonce donc tendue, dix ans après la crise post-électorale qui avait fait plus de 3 000 morts. L’inquiétude est perceptible dans le pays, tant au sein de la société civile que dans les rangs de l’opposition politique ivoirienne.

Les Ivoiriens ne veulent pas d’un remake d’un film d’horreur qu’on leur a déjà servi. On n’a même pas encore fini de solder les contentieux de l’ancienne crise qu’on réunit encore les ingrédients pour repartir de plus belle. Nous sommes toujours à la case départL’opposant Kouadio Konan Bertin, militant du PDCI-RDAà RFI

Les principaux acteurs de la crise post-électorale de 2010 sont en effet sur le pied de guerre. Alassane Ouattara, qui est sollicité pour se représenter, et l’ex-président Henri Konan Bédié qui lui dénie le droit de briguer un troisième mandat après avoir été investi lui-même par son parti pour défendre ses couleurs. Seul l’ancien président Laurent Gbagbo pourrait manquer à l’appel. Depuis Bruxelles où il réside après son acquittement par la CPI qui le poursuivait pour crimes contre l’humanité, il demande aux autorités ivoiriennes de lui établir un passeport pour rentrer en Côte d’Ivoire. Ses nombreux partisans le pressent aussi de se lancer dans la course, malgré sa condamnation par la justice ivoirienne à vingt ans de prison.

source : franceinfo

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