En marge de la 73ème Assemblée Générale des Nations Unies, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, facilitateur dans la crise togolaise a accordé une interview à la chaîne France 24. L’entretien a porté sur la problématique de la migration des jeunes africains vers l’Occident et la menace terroriste. La crise sociopolitique au Togo était également au cœur des échanges. Pour le président ghanéen, l’enjeu de la crise togolaise est la limitation du mandat présidentiel.
Sur la volonté de certains présidents africains de s’éterniser au pouvoir en modifiant la Constitution ou en organisant des référendums, le président ghanéen s’est réjoui du fait que son pays a pu franchir l’étape des débats autour de la limitation du mandat présidentiel. « Nous avons eu une période de débat constitutionnel assez fort. Ce qui fait qu’il y a 25 ans, on a pris la Constitution de la 4ème République qui a rassemblé toutes les discussions que nous avons eues avant. Ce qui fait que maintenant, on a une Constitution qui prévoit la limitation du mandat, le vote universel, le multipartisme dans notre environnement politique. Tout cela fait partie du débat, de l’histoire du Ghana », a-t-il indiqué.
Contrairement à la tendance, surtout en Afrique francophone, où les présidents se sentent indéboulonnables, Nana Akufo-Addo pense ne pas avoir envie de modifier la Constitution pour obtenir un pouvoir à vie. « Je ne suis pas seule personne, il y a d’autres Ghanéens », a-t-il dit.
Le principe de la limitation du mandat présidentiel est un bon principe. C’est ce qu’a déclaré le facilitateur dans la crise togolaise. « Moi je pense que c’est un bon principe. C’est ce que nous avons au Ghana et c’est sur ce principe que nous avons accepté de jouer le jeu, sur cette Constitution qui prévoit deux mandats (présidentiels, Ndlr) », a-t-il déclaré.
Pour le président ghanéen, le principal enjeu de la crise togolaise est la limitation du mandat présidentiel. Un enjeu qui complique, selon lui, les négociations. Malgré les difficultés, Nana Akufo-Addo pense que « le processus de médiation n’est pas au point mort parce que ce qui est en jeu au Togo est d’accepter une nouvelle disposition constitutionnelle qui fait qu’il y aura une limitation de mandat. Actuellement, il n’y en a pas. L’opposition aussi bien que le pouvoir ont décidé d’accepter qu’à l’avenir, il y aura une limitation de mandat ».
Interrogé sur la question de la rétroactivité de la loi devant permettre à Faure Gnassingbé de se représenter ou non en 2020, le président ghanéen a estimé que « c’est ce qui fait qu’il y a des difficultés dans la situation ».
Faut-il abandonner la médiation ? Impossible, assure le facilitateur, si on veut éviter les répercussions de la crise togolaise sur les pays voisins. « On ne peut pas abandonner la médiation, surtout pour un leader ghanéen. Le Togo, c’est notre voisin de l’Est. C’est le même peuple, entre le Ghana et le Togo », a-t-il dit. Et de rappeler : « La dernière fois qu’il y a eu une crise au Togo, c’était après le décès du père de Faure Gnassingbé, le président Gnassingbé Eyadema. Il y a eu des situations qui ont fait qu’il y a eu au moins 100.000 Togolais qui se sont réfugiés au Ghana. Depuis cette époque, il y en a qui sont restés au Ghana. Pour nous au Ghana, une crise togolaise, ce n’est pas quelque chose qui est lointaine et qu’on lit dans les journaux ».
Ces derniers jours, il a été constaté un regain de tension et des violences sont à craindre dans le futur. « On espère que ce ne sera pas le cas », a souhaité Nana Akufo-Addo.
Enfin, le facilitateur se dit optimiste. « On va continuer, persister. Moi je suis un peu optimiste dans la mesure où l’opposition et le pouvoir persistent à s’engager dans la voie du dialogue. C’est ça qui est important. C’est ça l’espoir qu’il y a dans la situation », a-t-il conclu.
Géraud Afangnowou
Source : Liberté