Le pouvoir de Lomé prend-il au sérieux la menace terroriste qui plane sur le Togo ? C’est la question qu’il urge de se poser, face à l’attitude des gouvernants devant cette problématique. Pendant que la menace est réelle, les risques d’attaques de jour en jour élevés et il est attendu de tout gouvernement responsable de prendre des mesures hardies et urgentes, ici, on préfère faire dans le folklore et la cantate. Comme dans une pièce de théâtre, c’est maintenant que le pouvoir croit devoir mettre en place un…comité interministériel pour mener des réflexions sur le terrorisme.

Menace réelle, l’alerte de la France à ses ressortissants

Au tout début, certains pouvaient croire à de la blague. Comme à l’époque de la contestation où les griots du pouvoir versaient dans des accusations fantaisistes de terrorisme et de jihadisme à l’égard des responsables du Parti national panafricain (PNP). Mais aujourd’hui, il est clair pour tout le monde que la menace est réelle. Depuis l’alerte lancée, début avril, par les autorités burkinabé aux pays limitrophes sur la présence présumée au Togo, au Bénin et au Ghana de jihadistes chassés du Burkina, les risques d’attaques augmentent de jour en jour, particulièrement dans notre pays. Au point que certaines puissances occidentales sont en alerte maximale et trouvent urgent de protéger leurs ressortissants. C’est notamment le cas de la France.

« Compte tenu de la présence avérée de groupes armés actifs au sud-est du Burkina Faso, les autorités togolaises ont déployé d’importants moyens pour sécuriser leur frontière septentrionale. Dans ce contexte d’opérations militaires, la zone frontalière avec le Burkina Faso est formellement déconseillée, de même que le passage de la frontière à Cinkassé », lit-on dans une alerte lancée par les autorités françaises à leurs ressortissants dans notre pays. Pour éviter tout risque, elles leur déconseillent de s’aventurer dans le nord de la région des Savanes et la partie nord de la frontière avec le Bénin, à partir de la ville de Nadoba. « Le front de mer à Lomé et les abords des hôtels situés à proximité sont déconseillés aux promeneurs, particulièrement le soir. Des cas d’attaques à l’arme blanche ont été signalés », informe la note. De la responsabilité, ça s’appelle.

L’attitude normale d’un pouvoir sérieux, c’est d’alerter ses populations face à cette menace terroriste. Mais les dirigeants togolais sont muets comme des carpes. Pas de message de vigilance aux populations, ni communication ou action d’ampleur du régime. Ce traitement fait de cette menace sérieuse est curieux. L’heure est à l’action. Mais non seulement le régime ne fait rien, mais en plus il trouve que c’est le moment de verser dans le folklore et la cantate, d’amuser la galerie.

Un comité pour…réfléchir sur le terrorisme

Le gouvernement togolais, sous la houlette de l’« homme simple », se « dépêche lentement » pour circoncire le fléau du terrorisme avec un…projet de loi élaboré annoncé en conseil des ministres mercredi.

« Le troisième projet de loi adopté par le conseil des ministres est relatif à la sécurité intérieure. L’Etat a le devoir de protéger les personnes et les biens, de garantir l’exercice des libertés publiques et individuelles, de préserver l’ordre et la paix publics dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles. Cette mission régalienne, qui est de la responsabilité du pouvoir exécutif, exige la mise en œuvre de nouveaux outils juridiques permettant une réponse rapide et adéquate à des menaces qui s’inscrivent dans la durée, qu’il s’agisse du terrorisme, des nouvelles formes de la criminalité transnationale, notamment la cybercriminalité, les atteintes à la sureté des personnes et des biens par des groupes radicaux ou la criminalité financière. Le présent projet relatif à la sécurité intérieure est une loi ordinaire sur la sécurité nationale ayant pour objet de donner au pouvoir exécutif les instruments nécessaires pour faire face à des menaces sécuritaires nouvelles et durables, tout en assurant un équilibre proportionné entre la préservation des libertés publiques et individuelles et la sauvegarde de la sécurité publique et de l’ordre constitutionnel. Le garant de cet équilibre sera le juge judiciaire appelé à autoriser les mesures les plus attentatoires à la liberté individuelle sollicitées par l’administration dans le cadre de cette législation », rapporte le Conseil des ministres.

Dans la même dynamique, le gouvernement crée par décret pris par la même occasion, un comité interministériel pour penser lutte contre le terrorisme. Son nom, le Comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (CIPLEV). Ses attributions ont été déclinées dans le communiqué final. « Le conseil des ministres a adopté un décret qui porte création, attributions, organisation et fonctionnement du comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (CIPLEV). La sous-région ouest-africaine est confrontée, ces dernières années, à des menaces terroristes. Les attentats quasi-quotidiens qui secouent certains pays limitrophes en sont une illustration. Dans un tel contexte, le Togo doit anticiper et se doter des moyens nécessaires pour prévenir et lutter contre l’extrémisme violent. Le comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent a pour mission principale d’œuvrer à éradiquer ou à réduire sensiblement la propagation de l’extrémisme violent en donnant aux communautés de base les outils et le soutien dont elles ont besoin pour lutter contre ce fléau et de renforcer la coopération et la collaboration entre l’administration, les forces de défense et de sécurité pour une prévention et une lutte efficace. Il est composé de représentants des départements ministériels impliqués, des leaders d’opinion et de la société civile. Les forces de défense et de sécurité présentes sur le terrain doivent être accompagnées et soutenues par des mesures multisectorielles et transversales visant à prévenir l’extrémisme violent, surtout dans les zones à risque », lit-on dans le compte-rendu. Comédie sous les tropiques, dites-vous ?

Certains pourraient le croire, mais on n’est pas dans un numéro de Fernandel ou de Louis de Funès. Mais nous sommes bien dans la triste réalité. « La guerre a commencé, je veux acheter des armes », telle est l’expression consacrée lorsque l’on attend d’être devant le fait accompli avant de réagir… Ici c’est…Togo !

 

Tino Kossi
 
source : Liberté
 

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here