Faure Gnassingbé démission, Faure Gnassingbé dégage », le chant des militants du FRAC
Les militants du FRAC ont battu à nouveau les pavés ce samedi 12 février 2011. Ils ont d’abord condamné les tentatives de musellement de certains médias privés par le pouvoir, notamment la fermeture des radios X-Solaire, Providence et Métropolys. Mais pour l’essentiel, ils ont demandé le départ de Faure Gnassingbé. En témoigne les slogans scandés par la quasi-totalité des manifestants présents à ce rendez-vous. « Faure Gnassingbé démission, Faure Gnassingbé dégage », ont-ils chanté de Bè Kondjindji à la plage en passant par le Pavé NDA, le Marché de Bè, le Boulevard Félix Houphouët-Boigny, l’Immeuble FIATA, le Bd Circulaire, Deckon, Avenue Maman N’Danida (vers le Grand Marché), Cinéma Rex, Avenue du 24 Janvier et le Bd de la Marina.
Au total, ils étaient environ 15 000 Togolais, selon certains observateurs, à prendre part à cette manifestation placée sous le signe de la mobilisation du peuple togolais pour dénoncer la persistance des violations des Droits et Libertés des citoyens et exiger la levée immédiate des interdictions arbitraires et abusives qui frappent les médias privés, notamment les radios X Solaire, Métropolys et Providence ainsi que le journal Tribune d’Afrique.
Trois interventions pertinentes ont été enregistrées au cours du grand meeting qui a eu lieu à la plage. Professeur Komi Wolou du PSR est pour sa part revenu sur la gestion catastrophique des ressources financières du pays : « Faure Gnassingbé a acheté une voiture à 1 milliard alors que le Centre Hospitalier Universitaire de Lomé n’a pas de scanner. En trois mois, il a dépensé près de 3 milliards dans les voyages, alors que seulement 6 milliards sont prévus dans le budget pour l’augmentation des salaires ». Et à lui d’ajouter : « Le Togo est mal gouverné. Si un pays est géré de cette manière cela aboutit forcement à la situation que nous avons vécue en Tunisie, en Egypte et qui finira par arriver au Togo. »
Jean-Pierre Fabre, le président de l’ANC a de son côté invité tous les Togolais à soutenir les medias qui font l’objet de musellement de la part du pouvoir : « Nous ne devons pas laisser les journalistes seuls dans cette lutte. Nous devons être solidaires avec eux », a-t-il dit.
Claude Améganvi, le leader du Parti des Travailleurs a d’abord fait l’historique de la lutte politique au Togo: « Le 21 novembre 1966, le peuple togolais s’était levé pour demander la démission du Président Nicolas Grutnisky. Ce dernier était sur le point de démissionner quand l’Ambassadeur de France au Togo, Claude Roustain lui a demandé de rester pour ne pas prêter à une contagion en Afrique ». Pour lui, la marche de ce samedi 12 février va en soutien à la révolution égyptienne. « Nous saluons la détermination qui a fait démissionner le dictateur Moubarak », s’est-il réjoui avant d’annoncer que pour le bon aboutissement de la révolution togolaise, « dorénavant nous ferons tous les jours nos manifestations ».
Jean-Pierre Fabre est également revenu sur la même question en insistant sur l’organisation des manifestations tous les jours pour faire partir Faure Gnassingbé du pouvoir.
Olivier GLAKPE
Réactions des responsables du FRAC : Claude Améganvi, Secrétaire Général du Parti des Travailleurs
« Aujourd’hui, notre marche va en soutien à la révolution égyptienne. Nous saluons leur détermination qui a fait démissionné le dictateur Hosni Moubarak. Il y a 6 ans, quelque chose s’est produit au Togo. Après la mort de feu Eyadéma Gnassingbé en février 2005, les gens se sont retrouvés en coalition le 12 février. Le premier meeting qui devait se tenir à Fréau Jardin aujourd’hui place Anani Santos a été un calvaire pour les Togolais. Des Togolais au nombre de douze ont trouvé la mort puisque tués par les forces de l’ordre. D’autres encore ont été séquestrés au siège du RPT. La marche de ce jour relève un thème essentiel qui est « Faure Gnassingbé démission ! Faure Gnassingbé dégage ! » Ce thème doit faire écho dans les autres villes du Togo pour que la mobilisation atteigne son paroxysme afin que Faure démissionne et dégage pour la liberté du peuple. Dorénavant, nous ferons tous les jours nos manifestations. Nous serons dans la rue jusqu’à ce que Faure quitte le pouvoir ».
Prof Komi Wolou, Porte-parole PSR
« C’est une réalité que nous étions les premiers au Togo à demander le départ d’un gouvernement illégitime. C’est nous qui avions tracé la voie aux peuples tunisien et egyptien. Si le peuple demande à un président de quitter le pouvoir, ce n’est pas une parole de fantaisie mais il y a des faits qui justifient le désir de ce peuple.
Au Togo, tout porte à croire que les intérêts du régime RPT priment sur ceux du peuple. A preuve, lors des élections du 04 mars 2010, le régime RPT a déployé une somme faramineuse pour la campagne de son candidat. Il y a un peu plus d’un an, le président Faure a acheté une voiture à hauteur d’un milliard de francs alors qu’au même moment, nos hôpitaux ne disposent pas de scanner.
Pire encore au cours de l’année 2010, les chiffres ont révélé qu’en trois mois, Faure Gnassingbé a dépensé près de trois milliards (3.000.000.000) de francs pour ses voyages qui à la fin n’ont rien apporté aux Togolais. Si six milliards ont servi, nous dit-on, à augmenter le salaire de près de quarante mille fonctionnaires togolais alors que Faure seul dépense trois milliards en trois mois pour ses voyages, c’est la preuve que le Togo est mal gouverné.
Si un gouvernant se comporte ainsi, cela aboutit forcément à la situation que nous avons vécue en Tunisie, en Egypte et qui finira par arriver au Togo. C’est clair que le régime en place au Togo ne répond plus aux attentes des Togolais. C’est au vu de ce constat que le peuple doit se mobiliser pour le faire partir »
Jean-Pierre Fabre, président ANC
« Je parlerai de trois petits points. Premièrement, je dénonce le musellement de la presse qui est devenue légion au Togo. Les trois radios notamment X Solaire, Métropolys et Providence qui sont fermées par l’ART&P doivent susciter en nous indignation et révolte. Nous devons être solidaires avec ces radios et par-delà tous les médias qui oeuvrent pour la cause du peuple.
Plus jamais, nous n’allons plus laisser que les médias fassent objet de musellement. Bientôt les journalistes comptent organiser une manifestation. J’exhorte tout le monde à sortir massivement pour les accompagner et les soutenir dans leur démarche afin que le musellement de la presse disparaisse au Togo et pour que règne la liberté de presse. Deuxièmement, nous devons saluer la lutte égyptienne. Depuis 1952 jusqu’à ce jour, l’Egypte a été dirigé par trois militaires notamment Nasser, Sadate et Moubarak. Ce dernier a été un dictateur. Mais seulement dix-huit (18) jours ont suffi au peuple égyptien à le chasser du pouvoir. C’est en cela que la lutte du peuple est invincible. En troisième point, les Togolais sont toujours confrontés à des injustices dans tous les domaines. Nous disons aujourd’hui que «Faure Gnassingbé démissionne » et il va démissionner. Bientôt nos manifestations ne vont plus s’arrêter seulement aux samedis mais vont s’étendre sur les jours ouvrables. Nous sommes décidés à faire partir ce régime tout comme Ben Ali et tout récemment Hosni Moubarak.
Politique des grands travaux dans le désordre : Le Togo exposé à de graves inondations
L’année 2011 a démarré au Togo avec des bouleversements de grande envergure dans la capitale. A l’origine, la politique des grandes travaux qui a amorcé sa phase d’application. Partout à Lomé, des bulldozers, caterpilards, camions sont visibles. La plupart des routes sont en réfection. Pendant plus de quarante ans de pouvoir dynastique des Gnassingbé, sinon Eyadéma puisque Gnassingbé n’est pas apparu que bien après l’accession au pouvoir du frère de Koromssa et de Kabissa, c’est la toute première fois que le gouvernement engage de véritables chantiers des infrastructures routières. Un rattrapage qui vaut la peine vu que les Gnassingbé et le RPT ont mis à genoux tout le pays et la majorité écrasante des populations est aux abois.
Mais au-delà de la légitime fierté des populations de voir leur capitale sortir de sa ghettoïsation, la manière avec laquelle les travaux ont été entamés simultanément pose plus de problème qu’elle n’en résoud.
La conservation du pouvoir, source d’aliénation du Togo
Dans la sous-région ouest africaine, le Togo apparaît le pays le plus délabré sur tous les plans. C’est un petit pays, le seul à n’avoir connu d’alternance depuis l’avènement de la démocratie en Afrique. Aujourd’hui, les chantiers entamés à la hussarde risquent de paralyser pour longtemps les activités dans la capitale. En raison de la complaisance, du copinage et de la médiocrité qui caractérisent Gnassingbé Faure et son pouvoir, il y a lieu de s’inquiéter pour la fin des travaux dans le délai prévu. Etant donné que le développement du pays est relégué au bas de l’échelle, le gouvernement ne prend guère la peine de confier les travaux aux entreprises méritantes.
A preuve, il y a quelques jours, le ministre des Travaux Publics Andjo Tchamdja a rendu publique la liste de certaines entreprises indélicates. Mais avec quelles sanctions ? Figurez-vous que pour les entreprises auxquelles des chantiers ont été confiés pour un délai de douze mois, on se retrouve dans la quatrième année sans que le 1/3 des travaux n’a été exécuté. Pour toute sanction, le sulfureux ministre Tchamdja parle de mise en demeure. Pis, d’autres entreprises n’ont écopé que de simple avertissement.
Dans ces conditions, quelles garanties a-t-on aujourd’hui que toutes les routes cassées à Lomé seront réfectionnées dans un an comme prévu ? Surtout que les mises en demeure et les avertissements ne changeront rien des souffrances des populations qui subissent des désagréments quotidiens des routes cassées. Prenons exemple sur l’Avenue Maman N’Danida à Amoutiévé. Combien de fois ce tronçon n’a pas été fermé pour réfection et rouvert des mois après sans que rien n’ait été fait. La même entreprise est toujours là et se voit confiée d’autres chantiers. Dans ce cas de figure, pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas pris soin d’engager les chantiers à tour de rôle, de sorte que la circulation ne soit aussi paralysée comme c’est le cas aujourd’hui.
En plus, l’épineux et mortel problème d’inondations se pointe à l’horizon avec la saison de pluies qui s’annonce à grand pas. La plupart des caniveaux bouchés pour les travaux de réaménagement des routes est une cause majeure qui va aggraver le problème des inondations cette année. La dernière pluie du jeudi 10 février est la preuve que la suite sera catastrophique.
Nul doute que la grande politique des grands travaux est un véritable appât électoral pour l’enfant de Eyadéma. Conscient de l’échec de son pouvoir, Gnassingbé Faure pourrait s’appuyer sur les chantiers ça et là pour s’imposer indéfiniment au pouvoir. Mais tant que la conservation du pouvoir demeure la devise des Gnassingbé, l’aliénation du Togo continuera pour le grand malheur du peuple.
Kokou AGBEMEBIO