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Passation de services au premier ministère
 
La cérémonie de passation de services s’est déroulée hier au premier ministère entre Arthème Ahommey-Zunu et son successeur Sélom Komi Klassou. Une cérémonie à l’issue de laquelle Ahoomey-Zunu a fait des confidences sur la gestion des fonds dans le cadre de la CAN 2013, et la suspension du programme de formation civique. Des révélations qui reposent le problème de la gouvernance au Togo.
 
Nommé le vendredi 5 juin, le nouveau Premier ministre, Sélom Komi Klassou, a officiellement pris fonction hier avec la traditionnelle cérémonie de passation de services. « Vous savez aussi bien que moi, qu’au point où nous sommes arrivés, notre pays a besoin d’hommes non seulement de bonne volonté, mais engagés qui aiment leur pays et qui sont prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes dans l’intérêt de nos populations. Et je pense que vous réunissez toutes ces qualités et tous ces critères précis », a souligné Ahoomey-Zunu.
 
Quant à son successeur, il s’est félicité du travail accompli avant d’ajouter : « Je ferai tout avec le gouvernement qui sortira sous peu, afin que le projet de société que le chef de l’Etat a présenté aux Togolais, soit traduit dans les faits ». Un véritable griot qui, depuis samedi 6 juin, n’a que cette phrase au bout des lèvres. Passons.
 
Après trois ans passés au poste de Premier ministre, Ahoomey-Zunu est bien aguerri pour prodiguer d’« utiles conseils » à l’ancien 1er vice-président de l’Assemblée nationale. « N’oubliez jamais ceci : dans toutes les circonstances, continuez à rester juste et droit. Que des gens qui viennent vous sourire dans votre bureau, tournent le dos et vous calomnient, restez juste et droit … Cela me paraît important pour gérer notre pays », a-t-il conseillé à Klassou. Des propos pleins d’amertume. Ahoomey-Zunu a donc souffert des coups bas qui ont toujours prospéré au sommet de l’Etat. Des ministres puissants qui n’ont aucun égard pour le chef de gouvernement, des amis de Faure Gnassingbé qui préfèrent lui rendre compte directement, les commères de tout acabit qui lorgnent le poste de Premier ministre…, il en a connu de toutes les couleurs.
 
Le natif de Kpélé Tsavié s’est, à l’issue de la cérémonie, prononcé sur la gestion des fonds mobilisés dans le cadre de la CAN 2013, reconnaissant au passage que cette affaire lui a empoisonné la vie. « Vous découvrirez que le Premier ministre que je suis, d’abord par nature, par éducation, par culture et par inclinaison, n’a même pas vu un franc passer mais qu’il a tout fait pour que les gens gèrent l’argent avec le plus grand respect dû aux biens publics. Vous le découvrirez », a-t-il dit. Mais que découvriront les Togolais si lui, en tant que Premier ministre, n’avait pas eu le courage de publier les rapports ? Les Togolais attendent …
 
Pour ceux qui ne le savent pas, il y avait au temps de Gilbert Houngbo un fonds destiné aux médias qui étaient appelés à publier des articles ou produire des émissions sur la formation civique. Mais quelques mois après l’arrivée d’Ahommey-Zunu, le projet est suspendu, mieux bloqué. Un acte que les journalistes ne lui ont jamais pardonné. Et avant de quitter le premier ministère, il a tenté de faire acte de contrition. « Il n’y avait pas de fonds qui vous étaient destinés et qui sont bloqués », a-t-il affirmé. « Lorsque je suis arrivé, a-t-il poursuivi, il y avait des fonds à la Primature qui permettaient de vous donner de l’argent pour faire du civisme. Lorsqu’en fin juillet, on devait payer et qu’on me faisait le point, il n’y avait que 89 000 francs dans le compte. Lorsque j’ai cherché à savoir d’où venait cet argent, on me dit que ce compte était alimenté par le ministère du commerce d’où je venais et sans que je ne sache. Les prélèvements étaient faits sur les fonds du comité pétrolier et sur les fonds sociaux pour réaliser cette opération. Ce compte s’appelait Initiative du Premier ministre. J’ai dû vous payer pendant trois mois sur mes propres fonds politiques mais j’ai compris qu’on ne pouvait pas continuer ».
Ministre du Commerce à l’époque, Ahoomey-Zunu ne savait pas que des fonds quittaient son département pour atterrir dans les caisses de la Primature. En clair, il n’avait aucun contrôle sur les différentes entités de son ministère. Pourquoi les fonds n’étaient plus envoyés après qu’il était nommé Premier ministre ? Mystère.
Disons-le quand même, ces comportements sont courants au sommet de l’Etat. Le chef de l’Etat et son entourage immédiat qui considèrent le pouvoir comme un legs, encouragent cet état de choses. Il y a plusieurs pôles de décisions qui échappent au chef du gouvernement et à certains de ses ministres. Me Yawovi Agboyibo en sait quelque chose.
 
Kédjagni
 
source : Liberté Togo
 

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