« L’option militaire face au refus de l’alternance n’est plus une idée, mais une règle qui s’imposera à nous tous… » (Muhammadu Buhari)

A l’exception de la grande majorité des Maliens et de l’opinion africaine qui ont réservé un accueil chaleureux aux putschistes, le coup d’Etat contre Ibrahim Boubacar Keïta a été unanimement condamné. Les chefs d’Etat de la CEDEAO étaient à l’avant-garde de la ligne dure qui s’est montrée intransigeante avec les putschistes. Exigeant sans condition le rétablissement de l’ordre constitutionnel et le retour d’IBK au pouvoir.

Autant les coups d’Etat sont condamnables, autant les tripatouillages constitutionnels et les mascarades électorales devraient l’être. Les révisions constitutionnelles et les fraudes électorales sont des moyens antidémocratiques et illégitimes pour se maintenir au pouvoir.  Oui les dirigeants « hors-la-loi fondamentale » qui portent des coups de canif à leur Constitution ou qui se spécialisent dans l’organisation des parodies d’élection pour s’éterniser au pouvoir ne sont en rien différents des militaires qui s’emparent du pouvoir par les armes. Ces dirigeants sont aussi des putschistes.

Mais curieusement la France, la CEDEAO, l’Union Africaine, etc. qui sont prompts à hausser le ton contre les militaires, affichent une complaisance déconcertante avec les dirigeants qui perpètrent des coups d’Etat constitutionnels et électoraux.

Lors du sommet extraordinaire de la CEDEAO par visioconférence consacré jeudi dernier à la crise malienne, le président Bissau-Guinéen, Umaro Sissoco Embaló a jeté un pavé dans la mare en rappelant à ses pairs que les tripatouillages de la Constitution sont aussi des coups d’Etat et doivent être sanctionnés comme tels.

  « Lors d’un premier tour de prise de parole des chefs d’État, alors que Mahamadou Issoufou, président en exercice de la CEDEAO, rappelait la nécessité de condamner le coup d’État et qu’Alassane Ouattara et Alpha Condé affichaient leur soutien à Ibrahim Boubacar Keïta, qu’ils espèrent toujours réinstaller à la présidence malienne, Sissoco Embaló a jeté un froid lors de l’assemblée virtuelle. En effet, si le président bissau-guinéen s’est déclaré favorable à la condamnation du coup d’État au Mali ; il a ajouté que la Cédéao devrait adopter la même attitude pour « tous les coups d’État ». Et d’ajouter que, selon lui, « les troisièmes mandats étaient également des coups d’État », rapporte Jeune Afrique.

 Les cas d’Alpha Condé et d’Alassane Ouattara qui ont révisé la Constitution avec en ligne de mire leur projet de 3ème mandat sont susceptibles d’engendrer des crises aux conséquences dramatiques en Guinée et en Côte d’Ivoire et même dans la sous-région. L’histoire politique récente de ces deux pays – la Guinée avec de longues décennies de dictatures et de massacres et la Côte d’Ivoire qui a connu des conflits meurtriers, la rébellion de 2002 et la guerre de 2011 – aurait pu inspirer une certaine retenue à ces vieux despotes. Mais leur soif de pouvoir est plus forte que tout. Alpha Condé et Alassane Ouattara préféreraient jouer avec le destin de leur peuple que d’œuvrer pour la paix et la stabilité de leur pays.

 Les sempiternelles crises sociopolitiques, le Togo en est champion dans la région. A cause de la volonté du clan Gnassingbé de rester au pouvoir ad vitam aeternam. En 2017, les Togolais étaient descendus en masse dans les rues à travers tout le pays pour exiger plus de liberté, de justice et de démocratie. Le refus du régime de Faure d’écouter les aspirations des Togolais avait fait sortir le président nigérian Muhammadu Buhari de ses gonds. Estimant que « l’option militaire face au refus de l’alternance n’est plus une idée, mais une règle qui s’imposera à nous tous ». Même s’il avait révisé sa position par la suite après le ballet diplomatique des conseillers de Faure Gnassingbé à Lagos.

L’option militaire ici peut prendre deux formes : engager des forces loyalistes des pays de la région pour aller dégager un autocrate du pouvoir comme en Gambie, ou ce sont des militaires d’un pays qui font sauter un dirigeant dictateur ou incompétent comme au Mali. source : Médard AMETEPE / Liberté Togo

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