« Il n’y a pas de bonheur pour celui qui opprime et persécute ; non, il ne peut y avoir de repos pour lui. Car les soupirs du malheureux crient de vengeance au ciel » (Johann Heinrich Pestalozzi)
« Pour moi, le respect de la vie humaine est sacré, absolument sacré ». clamait Faure Gnassingbé dans une interview accordée à Jeune Afrique lors de la crise sociopolitique qui avait secoué le pays courant 2017-2018. La vie humaine est sacrée, elle n’a pas de prix aux yeux de Faure Gnassingbé. Cela ne l’a pas empêché de faire sacrifier par ses « sécurocrates » une trentaine de Togolais dont un apprenti mécanicien de 12 ans, Idrissou Moufidou abattu à bout portant pour pouvoir conserver le pouvoir ad vitam aeternam.
Depuis, les populations se font massacrer par sa soldatesque qui dispose du droit de vie et de mort. Les bavures policières, les crimes de sang, sont devenus le lot quotidien des Togolais. Pour un oui ou un non, les populations se font tirer dessus comme des lapins. Sans que Faure Gnassingbé, le Chef Suprême des armées, pour qui la vie humaine est sacrée n’élève la voix pour condamner la folie meurtrière des hommes en calotte et godillots. Ils ne seront non plus inquiétés. Ce qui constitue pour eux un blanc-seing, un permis de tuer. Chaque jour, ils continuent de commettre leurs forfaits avec la bénédiction du Chef Suprême des armées. Donnant ainsi raison à Alfred de Vigny qui disait que « l’armée est une nation dans la nation ; c’est un vice de nos temps ».
Le silence assourdissant dans lequel s’est emmuré Faure Gnassingbé devant les drames que vivent les Togolais au quotidien a scandalisé dans beaucoup de milieux. Le compatriote et chroniqueur Kodjo Epou s’indignait : « Aussi longtemps que ce président ne montera pas au créneau pour se désolidariser publiquement de ses agents qui tirent sur leurs semblables Togolais et les tuent; aussi longtemps que l’homme de 2005 n’ira pas en personne dire à la télévision toute sa compassion à l’endroit de ces pauvres citoyens injustement assassinés et, par la même occasion, exprimer courage et réconfort aux familles touchées par ces drames répétitifs, aussi longtemps que Faure, publiquement, ne tapera pas du poing sur la table en mettant en garde ces agents avec le ton et l’accent présidentiels que cela requiert, les Togolais continueront d’enterrer leurs proches parents et amis, gratuitement. » Mais Faure Gnassingbé n’a que faire de la colère ou des cris de détresse des Togolais.
Lors de la crise sociopolitique de 2017, le chef de l’Etat a semblé déplorer la présence de milices aux côtés de la police et de l’armée et qui avaient semé la terreur et la désolation au sein de la population. Des milices que le ministre de la Sécurité Yark Damehame avait qualifiées de groupes d’autodéfense. Mais rien n’a été fait pour démanteler ces lugubres individus qui se sont affichés dans les rues de Lomé samedi 1er août à la suite de la manifestation patriotique annoncée par la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK). Armés de machettes, des miliciens dont certains dans des tenues griffées Faure Gnassingbé ont pris position dans plusieurs carrefours de Lomé dans le but d’en découdre avec les manifestants, comme ce fut le cas en 2012 et 2017.
Le ton avait été donné la veille par une association fantoche dont les membres se défendaient de ne pas être des miliciens, mais dont les agissements prouvent tout le contraire. Mais ils ont fini par dévoiler leur hideux visage de miliciens en prétendant veiller aux côtés «des populations et en collaboration avec les forces de défense et de sécurité pour empêcher des troubles à l’ordre public.» Quel Togo voulons-nous bâtir pour demain ?
source : Médard AMETEPE / Liberté Togo