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Une équation à un milliard d’inconnus dans un Togo où les enquêtes sur les crimes commis sur les paisibles populations sont la plupart du temps dirigées contre une opposition naïve, même quand tout le monde connaît presque les auteurs et commanditaires des actes incriminés. Aujourd’hui, on pourrait se demander ce qu’ont fait le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark Damehame et le premier responsable du Service de Recherche et d’Investigation (SRI), le Capitaine Akakpo, de la déclaration de Kpatcha Gnassingbé devant la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, selon laquelle les auteurs des incendies de l’Institut Goethe en 2005 seraient les éléments du Colonel Félix Kadanga. L’on ne connaît pas jusqu’à ce jour les résultats des enquêtes ouvertes par le régime, si ce n’est cette déclaration du député de la Kozah (embastillé dans une rocambolesque affaire de coup d’Etat) qui incrimine le pouvoir Faure Gnassingbé et ses milices.


Depuis quelques semaines, une campagne de dénigrement et de décapitation de l’opposition, surtout du Collectif « Sauvons le Togo » qui fait peur au pouvoir au fil des jours, a été lancée par le régime caché derrière la Justice, par l’entremise d’une enquête sur les incendies survenus dans les grands marchés de Kara et de Lomé. Pour la première fois sous Faure Gnassingbé, les Togolais connaissent les résultats des enquêtes sur des crimes commis sur les populations quelques jours seulement après les événements, alors que les experts internationaux commis pour ce faire, n’ont pas encore fini leurs travaux. Ce qui est extraordinairement surprenant dans tout cela, c’est que les coupables se retrouvent seulement du côté de l’opposition qui œuvre par tous les moyens pour faire obstacle au désir de la mafia qui a pris le pays en otage, de se maintenir au pouvoir. Un à un, les leaders de l’opposition, membres du CST, sont en train d’être enlevés, comme on en voit dans les films hollywoodiens où des ravisseurs demandent des rançons après avoir kidnappé d’honnêtes citoyens. Sauf qu’ici, la rançon, c’est de se déclarer coupable ou charger un innocent, afin de dégager toute responsabilité et implication du pouvoir, pour recouvrer la liberté. On connaît tout le bruit que le gouvernement fait autour de cette affaire d’incendie, surtout avec la sortie manquée le vendredi 25 janvier dernier du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark Damehame lors de sa conférence de presse où il a présenté des éléments (sic) qui auraient servi à mettre le feu aux marchés. Les balivernes racontées par les supposés jeunes de l’opposition à la Gendarmerie nationale le même jour n’ont ému personne, surtout quand on sait que c’est du déjà vu dans notre pays. D’ailleurs, l’intervention spontanée des proches de l’un de ces jeunes manipulés quelques heures seulement après la mise en scène, témoigne de la roublardise dont fait preuve le pouvoir vis-à-vis de l’opinion, surtout des Togolais qui voient en le CST, une force capable de déranger les partisans de l’ancien système. Toutefois, on peut bien être obligé de demander à Yark Damehame et au Capitaine Akakpo les vrais résultats des enquêtes sur les actes de barbarie commis par les miliciens du régime sur les militants de l’opposition le 15 septembre 2012 à Adéwui.
 
En effet, lors d’une manifestation conjointe organisée par le CST et le FRAC et dont le point de départ devrait être le carrefour de Tokoin-Doumasséssé (Adéwui), les militants de l’opposition ont été accueillis sur les lieux très tôt le matin par des miliciens du régime Faure Gnassingbé armés de coupe-coupe, de machettes, de couteaux, de gourdins cloutés et autres objets tranchants pour faire mal aux citoyens qui voulaient exprimer leur ras-le-bol face à un pouvoir machiavélique. On a déploré plusieurs blessés graves. Les blessures étaient essentiellement causées par des coups de machettes. En amont, des témoins auraient aperçu le fameux Capitaine Akakpo, celui qui joue aujourd’hui au grand justicier dans l’affaire des incendies en poursuivant les opposants et leurs militants jusque dans leur dernier retranchement, offrir de la boisson aux miliciens pour les mettre dans les meilleures pour commettre les actes de violence. Mais ce dernier a nié son implication. Aujourd’hui, ces individus sans foi ni loi, qui ont commis ces exactions et dont les photos trainent un peu partout, circulent librement sans que personne ne les interpelle. Les fameux agents des services de renseignement les connaissent mieux que quiconque.
 
Les enquêtes annoncées par le gouvernement pour détecter les auteurs et commanditaires peinaient à être rendues publiques. Les appels des organisations de défense des droits de l’Homme et de la presse n’ont pas suffi pour faire décider le ministre de la Sécurité et ses enquêteurs à s’exécuter. Il a fallu attendre plusieurs semaines, contrairement à ce qu’on a vu dans les enquêtes sur les incendies des marchés, pour que Yark Damehame se décide à rendre un simulacre de rapport qui n’a convaincu personne. Ce dossier reste encore entier pendant qu’on traque aujourd’hui ceux qui ont été victimes de ces actes barbares.
 
Que d’hypocrisie, de politique de deux poids deux mesures et de mise en scène dans les enquêtes sur les crimes commis par des individus facilement reconnaissables au Togo ! Les Togolais veulent connaître les auteurs des massacres d’Adéwui. Le Colonel Yark Damehame et le Capitaine Akakpo peuvent leur faire plaisir en arrêtant leur bidonnage et trouver les vrais coupables des incendies. Et ils savent bien de quel côté ils se trouvent même.
 
K. I.


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