Plantons rapidement le décors. Depuis plus de douze mois, la pandémie à Coronavirus a surgi dans le monde. Son mode de contamination et sa capacité à tuer, poussent tous les États du monde à prendre des mesures rigoureuses pour la contrer. 

Ailleurs, ce fut des confinements systématiques, avec des allocations spéciales aux populations en situation difficile. Mais en Afrique et plus précisément au Togo, l’on a recouru rapidement à la fermeture des frontières, allégé des taxes fiscales aux entreprises, opéré quelques transferts monétaires circonstanciels aux couches vulnérables, pris en charge les tranches sociales dans la facturation des consommations d’eau et d’électricité sur trois mois. Au même moment, le CHR de Lomé a été entièrement rénové et équipé pour assurer la prise en charge gratuite des patients atteints de Covid.

Ces mesures, l’on peut aisément le déduire, coûtent de l’argent à l’État qui, reconnaissons-le, ne fait non plus de magie pour fonctionner. Il n’a du souffle qu’avec ce que génère le labeur du peuple qu’il recueille aussitôt sous forme de taxes d’impôts ou de douanes ainsi que quelques aides budgétaires extérieures.

En gros, même de loin, l’on peut aisément imaginer toute la difficulté que les États à économies aussi fragiles que la nôtre, peuvent éprouver pour continuer de fonctionner, assurer les salaires mensuels et faire face à leurs responsabilités régaliennes.
Dans un tel contexte, l’augmentation des frais de péage et l’élargissement de ce payement aux engins à deux roues peut aisément se comprendre et à la limite, se tolérer dans notre pays.

Mais, ah oui mais, pourquoi les critiques sont-elles aussi sévèrement formulées à l’égard du gouvernant en ces circonstances précises?
Au moins trois bonnes raisons peuvent l’expliquer.

D’abord la précarité ambiante qui a systématiquement pactisé avec le quotidien de l’écrasante majorité du peuple, dont notamment les jeunes en premier. Augmenter des frais de péage dans un tel contexte signifie implicitement, dans l’esprit des citoyens, que l’État n’a pas pleine conscience des sérieuses difficultés qu’ils éprouvent avant de se maintenir en survie. Ce qui n’est pas forcément vrai!

Ensuite, vient la laconique communication qui entoure ce projet de nouvelle tarification tout comme bien d’autres d’ailleurs qu’initie l’État.
 Certes, dès le début d’année, le gouvernement a procédé par un conditionnement du mental du peuple, en annonçant, au cours d’un conseil des ministres, son intention d’augmenter ces frais et la raison qui avait sous-tendu une telle initiative, était justement le fait que les investissements annuels dans l’entretien des routes étaient de l’ordre de 32 milliards alors que les recettes que génèrent les péages sont à à peine 17 milliards. Du coup un trou considérable est là et doit être comblé.

Mais depuis lors, plus rien, aucune émission, aucun écrit détaillant ce projet et expliquant avec efficience au peuple pourquoi, comment et quand de telles tarifications entreraient en vigueur. Même le patron chargé des péages lui-même ne décroche plus les appels selon les témoignages de certains journalistes.

Comment donc comprendre cette forme de mutisme qui participe à entretenir la confusion au sein de la masse et donne le regrettable sentiment que le principe de la recevabilité vis-à-vis du peuple n’existe pas au Togo?
Encore autre raison, le manque de franchise et de sincérité dans la communication officielle. Concernant justement les ressources destinées à investir dans l’entretien des routes, est-ce seuls les frais de péage servent à une telle cause? 
Visiblement non, puisque précisément, dans la structure des prix des produits pétroliers, l’on observe qu’un pourcentage est destiné à l’entretien routier, que dit-on de ces recettes? Silence radio. 

Du coup, le principe de la sincérité et de la transparence qui permet d’établir une confiance naturelle et détermine le peuple à se sacrifier au besoin pour l’État se fissure et se lézarde chaque jour un peu plus. 

A qui donc la faute, si ce n’est aux acteurs et dirigeants de l’appareil de l’État qui manquent de comprendre que le peuple n’est pas composé que des abrutis à qui on peut manquer de comptes et en même temps tout leur demander à la fois?
Très sincèrement, je ne crois pas que le togolais soit aussi dur, aussi mauvais et aussi incompréhensible pour s’irrite à tout moment contre les initiatives de ses propres dirigeants. Un minimum d’efficience et d’efficacité dans la stratégie de communication de l’État suffirait à dissiper certains malentendus entre les dirigeants et le peuple lui-même.


Mais n’y mettre aucun intérêt ni soin ressemble de près à une forme d’arrogance dont le rebond est justement cette fronde que les gens dressent contre le pouvoir à travers les réseaux sociaux et la presse traditionnelle.
Il appartient donc à ceux qui ont encore en main le destin du pays de revoir leur copie en terme de méthode et technique de communication afin d’arriver, autant que possible, à créer un minimum de confiance entre les deux parties.

Luc Abaki

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