« … les partis politiques d’opposition connus pour leur contestation réelle du système n’ont même pas un seul représentant officiel dans plus de trois mille (3000) bureaux de votes et au sein de seize (16) Commissions Electorales Locales Indépendantes (CELI)… »

Le Comité d’action pour le renouveau (CAR) ne présentera pas de candidat au scrutin présidentiel de 2020, suspend la participation de ses représentants de tous les organes liés au processus électoral et lance un appel ultime et pressant au pouvoir afin d’arrêter le processus en cours et d’engager des discussions avec les forces vives en lutte pour l’alternance dans le but d’apaiser le climat politique et social. C’est la décision prise, samedi 04 janvier 2020, par le Conseil national du parti. Dans la déclaration finale, Me Yawovi Agboyibo et les délégués du parti estiment que les conditions ne sont pas réunies pour que le scrutin présidentiel du 22 février puisse garantir la transparence et la vérité des urnes.

Déclaration solennelle des délégués au conseil national du CAR au sujet du scrutin présidentiel de 2020

Le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) réuni au siège du parti le samedi 04 janvier 2020 en Conseil National Ordinaire regroupant les fédérations des diverses composantes territoriales du parti, de ses organes nationaux et organisations de la jeunesse, de la branche féminine et des couches socioprofessionnelles,

Considérant qu’en ce moment crucial pour le devenir de notre pays et vu que le régime  agissant au mépris des multiples interpellations qui sont lancées de toutes parts au niveau national et international, s’obstine à tenir le 22 février 2020 le scrutin présidentiel visant à consacrer un 4ème mandat présidentiel de 5 ans à Faure Gnassingbé,

Vu la parodie de réforme orchestrée par le gouvernement dans le but de s’assurer la main mise absolue sur toutes les institutions en charge de l’ensemble du processus électoral, la CENI et ses démembrements, la Cour Constitutionnelle, la HAAC et autres,

 Considérant que notre pays est ramené pour ainsi dire à l’époque du système politique caractérisé par la confusion de l’Etat et du parti unique RPT et la neutralisation systématique des partis d’opposition,

Vu que ce système qu’on croyait pourtant révolu a refait surface depuis le jour où le régime a fait voter une loi qualifiée de « statut de l’opposition » par laquelle le pouvoir a accordé à tout parti politique la possibilité de jouir des avantages réservés à l’opposition, et, c’est par ce biais que pour l’organisation du prochain scrutin présidentiel, les postes réservés à l’opposition dans la CENI et ses démembrements ont été attribués dans leur quasi-totalité à des partis qui apportent délibérément leur soutien à l’action gouvernementale,

Considérant qu’entre autres conséquences de cette anomalie, les partis politiques d’opposition connus pour leur contestation réelle du système n’ont même pas un seul représentant officiel dans plus de trois mille (3000) bureaux de votes et au sein de seize (16) Commissions Electorales Locales Indépendantes (CELI) auxquels il revient de collecter et de transmettre à la CENI les procès-verbaux et les fiches de résultats des bureaux de votes,

Vu que les opérations électorales à l’horizon sont entièrement acquises au régime et donc ouvertes à toute sorte de fraudes et irrégularités,

Considérant qu’en dépit des graves anomalies ci-dessus relevées, si notre parti le CAR s’obstine à participer à ce scrutin, à qui ira-t-il se plaindre ? Ce n’est certainement pas à la CEDEAO, ni au G5, ni à l’ONU. On ne manquera pas de le référer à la présente Cour Constitutionnelle bancale et taillée sur mesure du régime dont le comportement est connu de tous à l’avance,

Les délégués au Conseil national ordinaire à l’issue de leurs travaux déclarent solennellement ce qui suit :

Notre pays est à l’aube d’un grand péril. Les belles promesses des gouvernants pour un devenir meilleur de notre pays nous ont endormis au point de rendre complice et passif notre attentisme. Ainsi, avant que notre sommeil ne devienne suicide, il est temps de nous réveiller et d’opérer le choix entre accompagner le régime dans ses dérives ou lui résister.

Réitérant le constat catastrophique de la situation socio-économique et politique que traverse notre pays le Togo avec pour conséquence les conditions lamentables de vie de nos populations des villes et campagnes,

Réaffirmant la nécessité pour le peuple de se déterminer pour délivrer les institutions et poser les bases d’une véritable alternance au sommet de l’Etat à travers des actions pragmatiques, efficaces et porteuses,

Tirant leçons des processus électoraux passés émaillés de violences de tous ordres auxquels s’ajoutent les conditions désobligeantes dans lesquelles s’organise le scrutin présidentiel de 2020,

 Nous, délégués venus des différentes fédérations, réunis en Conseil National Ordinaire ce jour, décidons à l’unanimité, que notre parti le CAR ne présentera pas de candidat au scrutin présidentiel de 2020.

En conséquence, le CAR suspend la participation de ses représentants de tous les organes liés au processus électoral en cours, la CENI et ses démembrements pour compter de ce jour.

Le Conseil lance un appel ultime et pressant au pouvoir afin d’arrêter le processus en cours et d’engager des discussions avec les forces vives en lutte pour l’alternance dans le but d’apaiser le climat politique et social.

Fait à Lomé, le 04 janvier 2020

Pour le Conseil,

Le Président,

Me Yawovi Agboyibo

1 commentaire

  1. Voila une décision d’hommes sages.Tous ceux qui continuent de participer aux élections présidentielles dans cette mascarade sont des collaborateurs du régime nauséabond rpt-unir.
    Comment peut-on refuser d’aller aux législatives mais participer à la présidentielle si ce n’est pour participer au partage et à la dilapidation des deniers publics????????