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ANALYSE DU 6 JUILLET 2013

 
A la veille des élections législatives du 21 juillet 2013, l’anxiété devient palpable au sein de la population togolaise. Des voix s’élèvent à juste titre pour trouver des solutions de la dernière chance. Mais, ces voix qui pour certaines ont permis à ce régime de se maintenir, de se métamorphoser et de falsifier la vérité des urnes au Togo, ne doivent pas oublier que tous dialogues, même minimalistes avec un régime voyou les condamnent à affaiblir la lutte des peuples pour leurs souveraineté et liberté, tout en légitimant un système de l’arbitraire.
 
Le Togo est-il donc un Etat voyou avec lequel il ne faut pas entamer un mini-dialogue préélectoral ? Dialogue ou pas, la question mérite d’être posée de savoir si ce n’est pas en définitive  Faure Gnassingbé et son système qui empêchent la démocratie togolaise d’émerger ? Faut-il repousser les élections législatives à plus tard ou faire un dialogue minimaliste avant ces mêmes élections ? Enfin, le souk électoral 1 annoncé ne pourrait qu’accoucher de contestations de résultats électoraux ne reflétant pas la vérité des urnes. Les manifestations sur fond de crises sociales et politiques pourraient bien servir de détonateur pour un soulèvement imprévu du Peuple togolais comme en Egypte. Mais l’autre question attenante est simple : Armée républicaine togolaise et amie du peuple : Où es-tu ?
 
Aussi, une dernière question mérite d’être posée à savoir si Faure Gnassingbé pourrait connaître le même sort qu’il réserve aux inculpés innocents croupissant dans les prisons togolaises, notamment l’injustice, l’insalubrité et la promiscuité, etc. ? Car faut-il faut avoir un dialogue minimaliste avec un Etat voyou ?
 

1. LE TOGO EST-IL UN ÉTAT VOYOU ?

 
C’est la troisième fois que la Cour de justice de la Communauté économique et de développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) condamne l’Etat togolais et ses pratiques de viol des droits humains. Faure Gnassingbé à la tête d’un système d’abus de droit, de fait du prince et de violation des droits de la personne humaine a réussi en 6 ans le tour de force de refuser systématiquement  d’appliquer les décisions de la Cour de Justice de la CEDEAO. Rappelons rapidement que le système Faure Gnassingbé :
 

  • refuse toujours de réintégrer les 9 députés de l’Alliance nationale pour le Changement au parlement togolais après les avoir exclus en dehors des règles constitutionnelles, cédant vraisemblablement aux exigences de Gilchrist Olympio, chef de l’Union des Forces du Changement, pour mieux décider seuls avec les parlementaires de son parti RPT (rassemblement du Peuple togolais devenu dans des conditions de vices de forme et de procédure, l’Union pour la République (UNIR) ;
  • refuse de lever les charges contre Bertin Agba alors que les décisions et pratiques de la justice instrumentalisée du Togo ont été invalidées par la Cour de Justice de la CEDEAO ; et
  • refuse de libérer le député Kpatcha Gnassingbé et consorts alors que la Cour de Justice de la CEDEAO a conclu le 3 juillet 2013 2 que le Coup d’Etat dont se réclamait Faure Gnassingbé pour incarcérer son demi-frère et ses compagnons relevait de la pure imagination politicienne, afin d’avoir les coudées franches pour une autocratie dont se fait complice l’armée non-républicaine togolaise.

 
Le Togo n’est donc pas un Etat voyou, mais il y a des voyous à la tête du Togo. Il n’y a que des voyous qui peuvent refuser d’exécuter les décisions de la Cour de Justice de la CEDEAO. S’il ne s’agit pas de voyous, il faudra trouver d’autres mots pour les qualifier sans verser dans l’hypocrisie des chancelleries occidentales et des organisations internationales et africaines qui continuent à considérer que dès lors que la contrevérité des urnes ne conduit pas à l’insurrection généralisée avec des morts et des blessés, elles peuvent continuer à soutenir le système de Faure Gnassingbé.
 
Pourtant, les Egyptiens viennent de faire la démonstration que les termes d’une législative fondée sur des élections fraudées et donnant une majorité à un candidat non légitime, ne peut perdurer si le peuple uni ne le souhaite pas. Au Togo, Faure Gnassingbé a compris qu’il suffisait de donner à manger à quelques-uns pour faciliter des défections au sein des partis dits d’opposition tout en favorisant la transhumance électoraliste si les moyens financiers sont au rendez-vous. Aussi, l’armée non républicaine togolaise porte une très grande responsabilité dans la situation de défiance entre les populations togolaises et les gouvernants togolais actuels. La violation du droit se confond aussi avec la non-séparation des pouvoirs :
 

  • entre l’exécutif et le militaire ;
  • entre l’exécutif et la justice ;
  • entre l’exécutif et les confessions religieuses (christianisme, islam comme religions africaines non importées) ; mais aussi
  • entre l’exécutif et une partie de la population, bien minoritaire, qui refuse la vérité des urnes, la vérité des comptes, la vérité dans les procès, bref, la vérité tout court.

 

2.  FAURE GNASSINGBÉ EMPÊCHE-T-IL LA DÉMOCRATIE TOGOLAISE D’EMERGER ?

 
Aucun citoyen togolais pacifique et sérieux ne peut préconiser un changement de régime politique et un retour de la vérité des urnes et de la démocratie non falsifiée dans un bain de sang. Aussi, lorsque de nombreuses associations dont la Solidarité Action pour le Développement Durable (SADD) et le Groupe de Réflexion et d’Action pour le Dialogue, la Démocratie et le Développement (GRAD) proposaient leur version d’une sortie de crise lors de la conférence du 1er juillet 2013 3, cette voie de sagesse ne peut qu’être entendue. Mais Faure Gnassingbé et Gilchrist Olympio semblent plutôt sourds à cet appel qui ne fait que refléter la pensée du peuple togolais.
 
C’est le même appel à la pondération que la Fédération des Eglises et Missions du Togo (FEMIT) ainsi que la Conférence Épiscopale du Togo ont lancé aux différents protagonistes à la veille de la campagne électorale pour les élections législatives prévues arbitrairement et unilatéralement par le pouvoir de Faure Gnassingbé pour le 21 juillet 2013, ce en pleine saison des pluies. Mais, est-ce de la naïveté, ou de la sagesse ou encore une véritable tautologie que d’inviter à ‘privilégier le dialogue, la concertation et le consensus pour tout aboutissement heureux et satisfaisant du processus électoral’. Cela fait des années que les principaux partis d’opposition, toutes tendances confondues ne font qu’appeler les tenants du pouvoir togolais, à savoir un système militaro-civil avec Faure Gnassingbé à sa tête, de donner des gages d’un minimum de transparence dans les conditions de transparence devant permettre l’émergence de la vérité des urnes.
 
Ce n’est pas parce que chacun  a fait sa bonne action tautologique en rappelant qu’il faut trouver, sans dire comment, ni avec quelles forces, les ‘voies et moyens pour permettre un dialogue minimal et rapprocher les points de vue divergents entre le groupe élargi RPT/UNIR/UFC de soutien à Faure Gnassingbé le groupe d’opposition effective du Collectif  Sauvons le Togo (CST), la Coalition Arc-en-ciel et certaines personnalités de la société civile, les « CO-CO » qu’une solution satisfaisante pourra être trouvée sans un rapport de force effectif. Le rapport de force ne signifie pas toujours que cela doit passer par le versement du sang des Togolais. Il y a d’autres acteurs qui profitent de la situation par le biais d’entreprises privées, qui défendent leurs intérêts au Togo et dans la sous-région, qui pourraient contribuer à inverser ce rapport de forces, s’ils étaient moins hypocrites dans ce qui touche à la défense des droits humains et de la démocratie. Ces acteurs sont les dirigeants occidentaux comme la France, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Union européenne mais aussi les dirigeants africains notamment regroupés au sein de l’Union africaine et de la CEDEAO qui brillent pour le moment par une inertie délibérée et caractérisée.
 
Oui, le report des élections législatives du 21 juillet 2013 est une proposition de sagesse, mais pour quel résultat ? Si Faure Gnassingbé et Gilchrist Olympio se contentent :
 

  • de refuser le report et d’aller aux élections malgré tout ;
  • de reporter de quelques jours juste pour faire semblant de satisfaire les exigences sans profondeur d’un dialogue dit « minimal » et de faire les élections et surtout publier les résultats électroniques.

 
Alors que faire ? Constater que ceux qui croient crédible d’appeler à une table ronde sans un rapport de force et un appui international se trompent ? Peut-être, mais au fond, le peuple togolais n’y gagne rien. Pire, c’est peut-être toutes ces bonnes volontés qui s’activent souvent à la veille des élections organisées dans des conditions exemplaires de non-transparence qui sont le danger pour le Peuple togolais. En effet, apparemment, chacun refuse d’organiser l’unité à la sortie de la précédente fraude électorale et s’active pour éviter de voir le sang couler alors que l’un des protagonistes n’a rien changé de sa stratégie pour usurper le pouvoir par la contrevérité des urnes. Les acteurs qui s’activent pour trouver un dialogue minimum avant les élections législatives du 21 juillet 2013, espérant obtenir un report des élections, devraient faire leur mea culpa du silence coupable qui les a animés depuis les dernières élections frauduleuses au Togo. En fait, tout se passe comme s’il était préférable d’avoir un régime de la contre-vérité des urnes institutionnalisé par Faure Gnassingbé et son réseau clientéliste élargi à l’Union des Forces du Changement de Gilchrist Olympio, plutôt que d’opter pour une alternance claire qui viendrait limiter, sinon éradiquer, l’impunité, la fraude électorale et la fausse légitimité des dirigeants togolais actuels.
 

3. FAUT-IL REPOUSSER LES ÉLECTIONS LEGISLATIVES DU 21 JUILLET 2013 À PLUS TARD ?

 
Que peuvent être les conditions d’apaisement lorsque l’on ne dispose d’aucun rapport de force ? Que chacun des spécialistes de la tautologie – une lapalissade aurait dit un puriste de la langue française – qui définit avec pertinence le fait de répéter ad aeternam  la même proposition de paix, de dialogue et autre volonté de consensus minimaliste dont la conclusion énonce un résultat déjà contenu dans la proposition de départ, à savoir que Faure Gnassingbé est sourd à tout sauf à la pression internationale, et donc à la force internationale. Ce n’est donc pas un coup d’Etat qu’il faut au Togo car les hommes changent, mais le système perdure.
 
C’est une prise de conscience collective de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis, de l’union européenne, de la France et de l’Allemagne en particulier,  mais aussi des dirigeants africains, membres du syndicat des chefs d’Etats qui défendent le statu quo, que le temps de l’autodétermination des peuples ne passe plus par la contre-vérité des urnes, même électronique comme cela se prépare activement au Togo. Ce sont les amendements successifs à la Constitution togolaise de 1992, apportés unilatéralement par la force, successivement par le Père et le Fils Gnassingbé, qui empêchent de trouver les conditions d’apaisement politique. Mais, au fond, si l’on y réfléchit bien, c’est peut-être tout simplement Faure Gnassingbé lui-même qui empêche de trouver les conditions d’apaisement politique au Togo. Rappelons que cette Constitution fut obtenue de manière consensuelle grâce à un gouvernement de consensus et pendant une période de transition qui n’a pu aller à son terme.
 
Que faire ? Un coup d’Etat ? La Constitution togolaise le proscrit même si les exemples du Niger et maintenant de l’Egypte permettent de croire que les Coups d’Etat qui viennent soutenir une lutte populaire, peuvent constituer un moyen de sortie d’une crise entre les dirigeants et le peuple. Mais quand le Président français François Hollande affirme en Tunisie le 5 juillet 2013 que c’est un échec qu’un Président élu démocratiquement soit déposé par l’armée et que c’est aussi un échec quand une grande majorité de la population demande le départ d’un Président, il faisait allusion à l’Egypte. Mais le Président français oublie qu’il y a eu des fraudes massives en Egypte en zone rurale malgré la proclamation des résultats et l’acceptation par la communauté internationale. Ce sont ces fraudes massives, quand il ne s’agit pas tout simplement d’inversion des résultats, qui constituent la contre-vérité des urnes au Togo. L’alignement de la France et de l’Union européenne sur des résultats promouvant la contrevérité des urnes ne peuvent que conduire à l’impasse politique togolaise actuelle. Ce n’est pas pour cela qu’il faut exonérer les partis politiques d’opposition de leur impossible unité ; unité tant souhaitée par le peuple togolais.  Mais si l’armée décide enfin d’accompagner le Peuple togolais et de se ranger du côté des citoyens démocrates, alors oui, le changement vital s’opèrera au Togo.
 
Mais le Président François Hollande devrait plus s’interroger sur le rôle trouble des observateurs internationaux et plus particulièrement occidentaux dans la validation d’élections fondées sur la contrevérité des urnes dès lors que cela arrange les intérêts des pays occidentaux. Ainsi au Togo, le changement radical dépend de l’armée togolaise, mais aussi et surtout de la position des pays occidentaux, notamment la France et l’Union européenne au cours de la période post-électorale au Togo. Se confondre en excuse ou simplement avaliser la contrevérité des urnes comme les Etats-Unis de Barack Obama se sont contentés de valider ex-post parce que les nombreux affairistes américains avaient des intérêts plus importants que la démocratie et la vérité des urnes, pose problème sur le jeu politique et les alliés politiques des occidentaux à la tête des Etats africains.
 
Après autant de sacrifices du peuple togolais, face à l’entêtement de Faure Gnassingbé et de Gilchrist Olympio et leurs clientèles de construire une démocratie fondée sur la vérité des urnes qui permet la représentation effective des populations togolaises, il faut croire que le seul problème du Togo est la présence de Faure Gnassingbé et son système qui bafoue délibérément les intérêts du peuple togolais dans sa très grande majorité. S’il faut y rajouter les Togolais et Togolaises de la Diaspora que Faure Gnassingbé a refusé catégoriquement de recenser et d’autoriser à voter, la marge de manœuvre de Faure Gnassingbé pour gagner les élections législatives du 21 juillet 2013 reste très mince, s’il ne prend  pas appui sur une fraude électorale massive et/ou électronique. Alors, oui un dialogue avant le 21 juillet 2013 qui ne déboucherait :
 

  • Ni sur un report d’au moins six mois des élections législatives ;
  • Ni sur une mise à plat des nombreux points de violation des conditions de transparence dans l’organisation d’élections libres, sécurisées et reflétant la vérité des urnes au Togo,

 
resterait un faux dialogue exclusivement destiné à endormir le peuple togolais. C’est une forme nouvelle d’hypnose d’organisation des rapports de force populaire. A ce jeu, certains doivent commencer à mesurer le degré de leur responsabilité.
 

4.    FAURE GNASSINGBÉ POURRAIT-IL SE RETROUVER A LA PRISON CIVILE DE LOMÉ  BIENTÔT?

 
Comme Faure Gnassingbé refuse de libérer les nombreux prisonniers politiques innocents togolais et s’entête en continuant à remplir inutilement les prisons togolaises, les citoyens togolais mais aussi les pouvoirs d’influence de la communauté internationale doivent répondre à au moins trois questions à savoir :
 
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6 juillet 2013.
 
Dr Yves Ekoué AMAÏZO
 
Coordonnateur Général
 

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