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Nomination à la Primature et enjeux cachés
 
Komi Sélom Klassou a été nommé à la Primature depuis une vingtaine de jours. Mais sa nomination à ce poste pas du tout usurpée au regard de ses qualifications, continue de susciter des réactions. Pour des observateurs avertis, ce parachutage à la Primature répondrait à des enjeux stratégiques et à des calculs politiciens. Certains y voient un débarras d’un homme sur le chemin de l’intérim de la présidence de la République.
 
Le choix de la fidélité et de la fermeté
 
La nomination d’un remplaçant à Arthème Ahoomey-Zunu était très attendue, d’autant plus que ce dernier n’a pas laissé de bons souvenirs à la Primature, malgré les lauriers qu’il se dresse. C’était déjà un soulagement pour beaucoup de Togolais de savoir qu’il ne devrait pas être reconduit au poste. Mais le choix de Komi Sélom Klassou a laissé pantois plus d’un, à son annonce le vendredi 5 juin. Les réserves émises n’avaient rien à avoir avec les qualifications professionnelles de l’homme. Le nouveau Premier ministre est un enseignant chercheur à l’Université de Lomé et a connu une carrière politique plus ou moins remplie. Tout était lié au fait qu’il soit un cacique du pouvoir Rpt/Unir. Et c’était l’une des toutes premières fois qu’un thuriféraire était parachuté à la Primature souvent confiée aux militants modérés, aux technocrates ou aux opposants.
 
Cela sautait aux yeux que c’était d’abord un choix de la fidélité. La loyauté de Komi Sélom Klassou était ainsi récompensée. Faut-il le rappeler, c’est un pur produit du pouvoir Rpt qui y a fait ses armes depuis sa vie d’étudiant jusqu’à ce jour. On se rappelle ses propos de grand zèle dans une allocution lors de l’agression terroriste du 23 septembre 1986 alors qu’il était à la tête du Mouvement national des étudiants et stagiaires du Togo (Monesto). « Le président du Monesto, M. Komi Klassou a condamné aussi les terroristes et leurs commanditaires et a demandé que justice soit faite, car le sort du Togo se joue au Togo, par les vrais Togolais et non ailleurs. Il a demandé que les textes qui répriment le terrorisme chez nous soient appliqués sans faiblesse », lit-on dans la parution n°113 du mensuel de l’époque « Togo Dialogue ».
 
Les années sont passées, mais l’homme est demeuré tel, ou mieux, s’est endurci. Il fait partie du cercle fermé des thuriféraires du régime de son défunt père qui se sont autotransférés à l’Union pour la République (Unir) et ne pensent qu’en termes de préservation du pouvoir au sein du clan. N’a-t-il pas été identifié comme l’un des auteurs du blocage lors des discussions sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles ? C’est également ici que sa nomination apparait comme un choix de la fermeté sur le plan politique. On a placé à la Primature un faucon du régime en place, quelqu’un qui est prêt à tout pour sauvegarder ses intérêts. Un choix assez illustratif de l’état d’esprit de Faure Gnassingbé.
 
Un enjeu stratégique caché ?
 
Pris isolément, cette nomination de Sélom Klassou apparaît comme une promotion pour l’homme, car il s’agit d’une montée dans l’appareil exécutif. De (simple) député, l’homme devient Premier ministre, donc la seconde personnalité du pays dans l’ordre protocolaire. C’est lui qui supplée le chef de l’Etat en son absence. Tout est explicité dans l’article 78 de la Constitution : « Le Premier Ministre est le Chef du Gouvernement. Il dirige l’action du Gouvernement et coordonne les fonctions des autres membres. Il préside les comités de défense. Il supplée, le cas échéant, le Président de la République dans la présidence des conseils prévus aux articles 66 et 72 de la présente Constitution. Il assure l’intérim du Chef de l’Etat en cas d’empêchement, pour cause de maladie ou d’absence du territoire national ». Son rôle devrait être plus renforcé si la Constitution n’avait pas été toilettée en décembre 2002 par Gnassingbé Eyadéma et les prérogatives du Premier ministre réduites à néant. Il s’agit donc a priori d’une promotion. Mais des observateurs avisés relèvent des enjeux stratégiques cachés en lien avec l’intérim de la présidence de la République assuré par le président de l’Assemblée nationale en cas de vacance de poste et le débat actuel sur la santé du chef de l’Etat.
 
« Klassou est un fidèle des fidèles politiquement parlant ; mais il y a aussi d’autres enjeux que le commun des citoyens ne voit pas (…) Ce pouvoir est un as des calculs politiciens. Klassou était en fait comme une épine aux pieds des grands décideurs et sa nomination est un bon débarras. C’est comme on voulait anticiper sur certaines choses (…) Vous devez comprendre que seule la Primature est concédée aux originaires de la partie Sud du pays. Quant à la présidence de la République, c’est la chasse gardée des originaires du Nord du pays, ainsi que tout poste qui pourrait être une passerelle pour y accéder d’une manière ou d’une autre, comme la présidence de l’Assemblée nationale très importante en cas de vacance de poste du président de la République pour cause de maladie invalidante ou de mort. Tout se joue là», relève l’un d’eux. Et d’ajouter : « Klassou mérite amplement d’être président de l’Assemblée nationale. Il était pendant toute la mandature 2007-2013 1er Vice-président sous Abass Bonfoh. Logiquement, il n’y a pas de raison qu’il ne soit pas promu à la présidence après les législatives de 2013. Mais le parti au pouvoir ne l’a pas fait, mais a préféré y parachuter Dama Dramani dont on connait les origines. On a maintenu Klassou à la Vice-présidence pour finalement lui faire un « tais-toi » avec sa nomination à la Primature ». Une analyse loin d’être farfelue si l’on fait une bonne observation. « En cas de vacance de la présidence de la République par décès, démission ou empêchement définitif, la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le Président de l’Assemblée nationale », indique l’article 65 de la Constitution.
 
Anticiper certaines situations
 
Cet aspect de la chose a été relevé par notre interlocuteur dont les propos ont été rapportés plus haut. « Klassou est un originaire du Sud, et on ne veut pas prendre le risque de le voir à la présidence de l’Assemblée nationale en cas d’intérim du président actuel Dama Dramani », indique-t-il. Cela parait un vieux débat, d’autant plus que la présidence de l’Assemblée nationale a été pourvue depuis pratiquement deux ans. Mais il pouvait encore y parvenir par le concours des circonstances, comme la situation actuelle cristallisée par la santé dite chancelante du Prince.
 
En effet dans l’hypothèse que les rumeurs deviennent des clameurs et que le fils du père réélu pour un 3e mandat au pouvoir ne puisse plus assurer ses fonctions, c’est à Dama Dramani en tant que président de l’Assemblée nationale qu’il revient d’assurer l’intérim durant soixante jours et d’organiser une élection présidentielle pour élire son successeur. Et par un simple jeu de chaise musicale, la logique voudrait que ce soit le 1er Vice-président qui monte et deviennent président de  l’Assemblée nationale. Un Ahouna – souvent soupçonné d’être opposant naturellement- à un poste aussi important à un moment aussi sensible n’est pas quelque de rassurant… Imprévisible, il pourrait prendre des initiatives qui pourraient remettre en cause les plans obscurs fignolés dans les laboratoires du pouvoir. Les observateurs avisés rappellent, pour étayer cette argumentation, le sort d’un certain Eric Kpadé, 2e Vice-président de l’Assemblée nationale lors du décès d’Eyadéma le 5 février 2005.  C’est un secret de Polichinelle, ces considérations ethnicistes et régionalistes persistent encore avec un pouvoir qui surfe souvent sur cette fibre et voudrait compter en dernier ressort sur le cercle fermé des «frères du président ». Ce n’est pas pour rien que les postes de souveraineté au gouvernement, les grandes régies financières ou postes clefs au sein de l’armée sont majoritairement aux mains des originaires d’une certaine région du Togo, de l’ethnie ou du village du grand boss. Au demeurant, ce parachutage de Sélom Klassou à la Primature apparait comme un « débarras » pour « sécuriser tous les plans ».
 
Tino Kossi
 
source : Liberté Togo
 

3 Commentaires

  1. Les faits resistent dès fois aux theories. Le refus de faire de Natchaba est un president par interim à la mort du farfelu general le 5fevrier 2005, demontre que tout ce discours est qu’une digression à la limite un hors sujet fracassant.
    Et pourtant Natchaba est un grand defenseur du regime Rpt pour ne pas dire faucon,et même quelqu’un de particulierement très aimé voire admiré du farfelu general à cause de son intelligence et son eloquence au discours.Et aussi Natchaba est du Nord voire du Nord Nord même.Pas comme cet Abas bonfoh un poltron à la bouche puante qui ne peut meme pas faire une bonne phrase en Français, quelqu’un qui tremble à la vue d’un petit caporal de l’armée, veritable ane du Bassar; region qui n’est pas tellement au Nord, mais à cheval entre le Nord et le sud: le centre.
    Bref ce texte n’est que pur contre sens de la realité et de ce que les vrais tenants du regime Rpt-unir ont dans leur tête à l’instar du diable Debach alias koffi de Souza et leurs alliés des FATS.

  2. M.Tino Kossi,
    Ce que je voulais vous conseillé par rapport à mon intervention est ceci: cesser de penser le pouvoir togolais en termes de regions ( Nord ou Sud)ou même en termes ethniques( Kabye contre Ahouna, comme vous le dites,mais Mina ou Ewé). Ce serait plutôt juste en termes de clan voire famille: la famille Gnassingbe. Même là aussi attention( kpatcha est de la famille mais il est en prison, pour des motifs incongruits)…
    C’est plutôt une entité libano-juive en concert avec la famille gnassingbe qui a pris en otage tout le peuple togolais qu’elle exploite à ses fins: grands trafiquants de drogue, blanchiment d’argent, machines à sous et autres jeux de hasard, exploitation clandestine des ressources du pays sont entre autres leurs principales activités.
    Ce n’est ni au Nord ni au Sud que la gestion des ressources du Togo profite. Donc si vous surfer sur ces termes vous n’allez que semer la peur chez l’HOMME du Nord voire chez le Kabye qui est lui même victime de ce regime( Bodjona par exemple) et finira par se resigner à son sort plutôt que de lutter pour quelqu’un ou le changement qui le considere déjà comme son ennemi.Puisque pousser au loin votre analyse fait de l’HOMME du Nord dépositaire du pouvoir et ennemi de l’opposition et par consequent opposé au changement .
    Vous voyez comment en denonçant mal quelqu’un vous lui donner encore des moyens de tenir debout…..beaucoup de gens du Nord voire les Kabye sont contre ce regime nauseabond mais quand le discours prend cette allure, le regime le recupere et l’interprete en sa faveur: Ahhh l’opposition dit que quand elle sera au pouvoir tous les gens du Nord à partir de Lomé jusqu’a sotouboua vont repartir chez eux…….et effectivement le regime lui même avait semé la terreur en ce sens après la conference nationale souveraine ou durant. Et on a vu les consequences.Quand on fait une election, on dit Atakpamé- Anié- kpalimé jusqu’a sotouboua ont voté Rpt-unir et pourtant regions du Sud mais allez savoir QUI vit plus dans ses regions si ce n’est pas Kabye et Naouda( Losso) ou kotokoli ( moindre mesure)??????????????
    Pour me resumer, denoncez ce regime dans la realité de ses personnes et non en termes de Nord ou Sud, si non la victime serait sans repère et serait à quel bord se vouer.
    Merci M. Tino

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