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Où trouver du financement pour reprendre les activités ? Voilà la préoccupation essentielle des victimes des incendies des deux grands marchés de Lomé et de Kara. Mais l’opinion, quant à elle, est soucieuse de connaître la VERITE et les véritables auteurs de ces actes. Et c’est dans cette dynamique, en fait nous avait-on dit, que Faure Gnassingbé a requis l’aide de François qui a dépêché deux spécialistes au chevet du Togo. Leur mission s’était terminée depuis le 26 janvier, mais les résultats se font toujours attendre. Et on craint que les conclusions ne soient jamais rendues publiques.
 

Un rapport attendu

 
« Comprendre les causes de ces drames», « à partir de l’étude des lieux sinistrés ». Telle était la mission des deux experts du feu envoyés par François Hollande, suite à la demande d’assistance technique adressée par Faure Gnassingbé au locataire de l’Elysée. L’un est chef de la section ingénierie du feu au laboratoire central de la préfecture de police de Paris, et l’autre un major, responsable de la cellule investigations de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, et ils devraient « analyser et prélever des éléments permettant d’établir le point de départ des incendies, d’en expliquer la ou les causes et d’en comprendre la propagation ».
 
L’opinion dont Liberté avait salué à l’époque l’initiative de Faure Gnassingbé de requérir à des spécialistes pour découvrir les origines des incendies. Mais leur joie risque de s’arrêter juste là. Les deux experts ont débarqué à Lomé le 18 janvier et leur mission était censée durer du 19 au 26 janvier 2013. On en est aujourd’hui au 13 février. Voici depuis dix-huit (18) jours donc que ce délai est passé, mais aucun mot sur les résultats des recherches.
 

Passer par pertes et profits les conclusions

 
« Nous sommes au Togo pour réaliser une enquête technique sur demande expresse des autorités togolaises. Après l’observation des trois marchés de Lomé, de Kara et d’Adidogomé et les analyses qui seront réalisées en France de certains produits retrouvés sur les lieux, nous remettrons aux autorités togolaises un rapport détaillé relatant nos conclusions…Quant à la publication de nos conclusions, ce sera aux autorités togolaises d’en déterminer le moment opportun », informait l’un des deux experts, dans une interview accordée conjointement aux confrères Focus Info et RFI et publiée le 28 janvier dernier.
 
C’est dit, c’est aux autorités togolaises, sans doute au Procureur de la République qui conduit les enquêtes, de rendre publics les résultats des recherches. Mais cela est attendu depuis le 26 janvier. Sur la publication des conclusions justement, nous avons posé la question le lundi 4 février dernier au Procureur de la République, Essolissam Poyodi lors de sa dernière conférence de presse. Je n’ai pour l’instant reçu aucun rapport, nous a-t-il répondu en substances.
 
A supposer que les analyses en France nécessitent un peu de temps, cela fait dix-huit jours que les recherches ont été bouclées. Jusqu’à quand doit-on alors attendre les conclusions ? Au retour de Jésus Christ sur terre ? Certains craignent le même traitement réservé au cas Atsutsè Agboli, retrouvé mort à la plage en août 2008. A l’époque une expertise avait rendu des conclusions plus ou moins acceptables ; mais pour faire diversion, le pouvoir avait annoncé avoir fait des prélèvements qu’il devait envoyer dans des laboratoires occidentaux de renom pour les analyses. Malheureusement, les résultats sont attendus depuis 5 ans. C’est le dossier même qui est rangé dans les placards.
 

Des experts court-circuités

 
« En matière d’enquête post-incendie, une hypothèse qui ne se fonde pas sur des faits scientifiques ou physiques déterminés n’est que supposition, jusqu’à preuve du contraire… », ont par ailleurs signifié les experts au cours de l’interview sus-indiquée. Et les conclusions de ces recherches, l’Ambassade de France les disait dans un communiqué « indispensables à la progression de l’enquête ». Mais voilà, le pouvoir a ouvert les enquêtes et conclu aussitôt à la piste criminelle, sans aucun fondement scientifique. Il a trouvé les coupables et a commencé à les arrêter avant même que Faure Gnassingbé ne requière de François Hollande l’assistance de la France et que les experts ne débarquent au Togo.
 
Au cours d’une sortie le 25 janvier dernier, l’Inspecteur Derrick togolais, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile Yark Daméhame a exposé ce qu’il appelle le mode opératoire (en fait, croyait-il) et surtout les éléments utilisés par les pyromanes à Lomé. Il parla de cocktails Molotov pour mettre le feu et de poudre à canon qui aurait servi à le répandre très vite, rendant ainsi inefficace toute intervention des sapeurs- pompiers. Difficile donc d’attendre que les conclusions des spécialistes du feu soient rendues publiques, surtout si elles n’épousent pas les pistes privilégiées et ne confirment pas le corps du délit (sic) mis en avant par le Derrick togolais. Les deux experts ont tout simplement été court-circuités. Au-delà, ce sont François Hollande et la France qui sont couillonnés.
 

De la nécessité pour la France de publier les résultats

 
« Les experts français auront-ils toute la liberté de travailler ? Les pressions ne vont-elles pas les pousser à concéder l’option précocement prise par le gouvernement et conclure à un incendie criminel, et ainsi encourager le harcèlement contre les responsables du Cst ? Autant de questions qui méritent d’être posées. Il faut avouer que quelque part, c’est la France qui joue sa crédibilité (sic) aux yeux de l’opinion togolaise à travers ces deux experts », écrivions-nous dans un article intitulé « Incendies / Recours aux experts après la croisade contre les leaders du CST/ Une démarche qui désavoue Faure Gnassingbé et délégitime les arrestations » dans la parution N°1376 du 21 janvier 2013, en guise d’avertissement à la France, connaissant le goût aux manœuvres du pouvoir. Entre les lignes, et en arrière-coin de notre esprit, nous redoutions des calculs secrets, une exploitation tendancieuse par le pouvoir et craignions que l’image de la France ne soit salie dans cette histoire, sachant le régime Faure Gnassingbé incompatible à la VERITE. On a bien peur qu’on n’en soit là.
 
Lors de sa sortie, Yark Daméhame a laissé croire que les enquêtes entreprises sont fondées sur les recherches des deux experts français. Mêmes manœuvres du Procureur de la République lors de ses différentes sorties. Et pour l’opinion, cela porte à croire que la France cautionne le simulacre d’enquêtes, en fait un acharnement contre le Collectif « Sauvons le Togo » et ses leaders, et les violations des droits de l’Homme dans ce dossier. Il urge donc que la France finisse par publier les conclusions des recherches des deux spécialistes français, pour éclairer l’opinion, car de toute vraisemblance, ce serait naïf d’attendre que le pouvoir Faure Gnassingbé le fasse.
 
Tino Kossi
 
liberte-togo
 
 

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