Le mythe de Sisyphe est un essai mythologique du célèbre écrivain engagé Albert Camus en 1942. Selon l’intrigue, Sysiphe, pour avoir déplu aux dieux, en confiant leur secret aux humains, est frappé par un châtiment, qui consiste à pousser un énorme rocher jusqu’au sommet d’une montagne dans les royaumes des morts…. Comparaison n’est pas raison, dit-on, souvent, mais je me permets de faire un diallèle entre l’illustre disparu et le personnage philosophique d’Albert Camus. Me AGBOYIBO, bien étant un parent du village Kouvé m’a plutôt inspiré en se faisant remarqué plutôt dans l’univers politico-social de mon pays. Il n’était un quidam, pas du tout ordinaire pour le togolais lambda. La libéralisation du SODABI fut son principal actif socio-économique. En effet dans les années 80 le désormais regretté Me AGBOYIBO a défendu avec engagement et détermination les pauvres paysans de la région du sud TOGO qui tiraient leurs revenus de de la distillation de l’alcool issu de vin palme, une boisson très prisée mais qui faisait l’objet d’une interdiction fantaisiste du régime dictatorial du père de l’actuel président à vie de notre pays. Du coup sa popularité a monté en flèche, faisant découvrir un stratège fin, un renard des négociations.

La CNDH consacrera l’homme devenu une icône de la défense des droitsdes peuples. Tous les togolais connaissent désormais l’avocat de KOUVE qui a été bâtonnier de l’ordre des avocats du Togo, et qui a inspiré beaucoup de jeunes de notre pays. Le choix de Sisyphe, pierre angulaire de mon hommage s’explique par le parcours de l’homme. Me AGBOYIBO, pour ceux qui l’ont connu était très rusé et a utilisé beaucoup de subterfuges pour glaner d’énormes acquis pour l’instauration de la démocratie dans notre pays. Je me permets ici de l’adouber homme politique le plus prolifique de mon pays et défie quiconque dans cette logique. L’amnistie générale, le forum national de dialogue commué illico presto en conférence nationale souveraine font partie d’une liste non exhaustive de son patrimoine politique. Je corrobore mon ami CARLOS KETOHOU qui l’a qualifié de, je cite : Père de la démocratie togolaise. Toujours à l’instar de Sisyphe, Me AGBOYIBO connaissait les secrets de LOME II où il rentrait et ressortait à sa guise, le locataire de ce palais Feu Eyadema était considéré comme un demiurge.

Ces supposés secrets ont été confiés aux humains que sont les autres togolais. Vérité ou mythologie, Me AGBOYIBO a refusé de nous donner la clé comme LEIBNIZ dans sa définition cartésienne de la vérité. C’est la naturehabile de l’homme. Vint alors la sanction contre son péché adamique… Il doit rouler un gros rocher jusqu’au sommet d’une montagne au royaume des morts…. Exactement comme Sisyphe.

En effet Me TITI comme on l’appelle affectueusement dans mon village n’a jamais été capable de présider à la destinée de notre pays, fauteuil qu’il ne démérite pas du tout à mon humble avis. Il s’est heurté à plusieurs reprises au refus du régime RPT/UNIR de lâcher prise. Dans cette lutte, sa ruse a souvent été ses défauts et ses calculs minutieusement politiques non compris lui ont causé des torts. Comme l’albatros de Charles Baudelaire dont les ailes de géant l’empêchent de marcher. La traversée du désert, il en a connu.

Dans une affaire rocambolesque montée de toutes pièces, il fut jeté en prison contre toute attente et pire a été maintenu en détention plus d’un an après avoir purgé sa peine… fait non étonnant dans une dictature militaromarxiste de père en fils. Je m’en souviens encore comme hier, Un évènement qui m’a particulièrement marqué… Me AGBOYIBOR dans une de ses résidences au quartier ABLOGAMÉ la veille de son arrestation, était dans une posture très rassurante autour de ses jouissances favorites m’avait dit ceci. «je suis moralement carapacé» et je n’ai pas peur du verdict… Ce jour-là j’étais allé le voir pour lui introduire un jeune homme, bras droit de AGBEYOMÉ Kodjo qui avait les preuves du parrainage du groupe de miliciens qui terrorisait les populations locales de SEDOMÉ, une localité dans la préfecture de YOTO, Mon ami Carlos KETOHOU en a parlé largement dans son hommage au Bélier noir de KOUVE. Le jeune voulait témoigner preuve à l’appui au tribunal pour défendre et sortir d’affaires le premier président de la commission nationale des droits de l’homme. Courage légendaire? Crainte- fruit de sa ruse? calcul politicien pour atteindre son but à l’instar de Nelson Mandela ou Robert MUGABE??? Descartes a encore logé cette vérité à l’hôtellerie de l’évidence et il a oublié de nous donner l’adresse.

Son ouvrage «Mon combat pour un Togo démocratique » m’a beaucoup permis de découvrir le personnage – Sphinx selon Carlos- et Sisyphe selon moi. Jamais perturbé par les gargouillis de ses actes politiques, il s’est accroché à l’action politique jusqu’à ses derniers soupirs et comme Sisyphe arrivera à rouler le gros rocher au sommet de la montagne au royaume des morts. Je retiens une leçon de la vie du père du célèbre avocat fiscaliste Pascal AGBOYIBO à qui je présente mes condoléances au passage: les échecs devraient être plutôt un moyen de mise en cause de la méthode utilisée et l’abandon est l’apanage des défaitistes. A plusieurs reprises je l’ai critiqué mais je n’ai pas l’habitude de jeter l’anathème sur des morts et je me garde d’en parler en détail. Me YAWOVI MADJI APPOLINAIRE AGBOYIBO, que la terre qui t’a vu naitre, grandir et mourir te soit légère, tu es une icône de la lutte pour la démocratie dans mon pays, tu mérites une statue géante pour immortaliser ta personnalité.

Fait à Montréal le 31 mai 2020

GIRY KOHLMAN

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