Anselme-Gouyano


Insurrection à Dapaong : Deux enfants tués, Commissariat, gendarmerie, mairie… incendiés

Le dimanche 14 avril, le gouvernement a cru bon de fermer les établissements scolaires publics à Lomé-commune et Golfe, à compter de lundi 15 avril, évoquant des « des actes de nature à mettre en danger la vie des élèves et de leurs enseignants ». Dans un communiqué diffusé sur les médias officiels, on apprend que « le gouvernement très préoccupé par leur sécurité (ndlr : des élèves) et en attendant que des solutions idoines soient trouvées, décide la fermeture temporaire de tous les établissements de l’enseignement général et de l’enseignement technique tant publics que privés dans la région pédagogique Lomé-commune Golfe ». Le gouvernement n’a plus voulu voir des foules d’élèves à Lomé, croyant avoir maîtrisé l’intérieur du pays. Mais à l’épreuve des faits, la décision n’a été que lettres mortes. A Lomé comme à l’intérieur, les élèves sont encore sortis nombreux dans les rues.

A l’intérieur du pays, notamment dans les Savanes, des violences ont été signalées et le pic a été atteint à Dapaong où des morts ont été dénombrés. Les manifestations ont vite dégénéré hier matin. Dans cette ville où certains ont fait croire que les forces de l’ordre n’ont pas tiré la moindre grenade au premier jour des manifestations, cette fois-ci, on ne s’est pas contenté des gaz. On a usé des balles, semant la désolation au sein d’une population qui n’a pas hésité à se joindre aux enfants dans les rues, pour venger les morts.

Dans leur fureur, les populations s’en sont prises au commissariat de la ville qu’ils ont incendié, mettant en fuite les occupants des lieux. Des véhicules des responsables de la mairie ont également fait les frais de la colère de la foule. De violents affrontements ont opposé forces de l’ordre et manifestants ça et là dans cette ville située au cœur de la région la plus sinistrée du pays depuis des décennies, mais qui compte multimilliardaires et plusieurs pontes du régime. « Les sources proches de la préfecture font état de trois armes a feu emportées par les manifestants, le commissariat en partie brulé, d’un véhicule de transport de troupe brûlé au carrefour de Tsévié. Deux morts signalés, un petit de douze ans en classe de 6eme et une petite fille de 14ans. Tous ceux qui avaient eu le malheur de porter des T-shirt de l’UNIR ont été proprement tabassés, les habits enlevés et brûlés, la nationale N°1 bloquée durant une bonne partie de la journée », précise un confrère.
Plus au Sud de Dapaong, à Barkoissi, on apprend que des usagers à bord d’un 4×4 ont été également pris pour cibles par des manifestants qui ont dû confondre le véhicule avec celui du préfet. Comme on le voit depuis quelques mois, les Savanes basculent dans la contestation.

Atakpamé a également connu des manifestations. Des foules d’élèves ont fait le tour des inspections situées dans la ville des sept collines.
A Tsévié aussi, les écoliers sont sortis. Ici, la circulation sur la route internationale a été sérieusement perturbée, comme en témoigne un confrère sur le réseau social facebook. « Comme si Dieu me parlait, je suis allé ce week-end à Notsè en famille en taxi-brousse. Je n’ai plus voyagé à moto. Quelle ne fut pas ma stupéfaction de constater que les pauvres élèves togolais manifestent pour réclamer les leçons, les cours, leurs enseignants. Leur principal souci: réussir en fin d’année. Alors ce lundi matin, peu avant le carrefour «Moninnou» de Tsévié, les élèves de ladite ville nous ont bloqués pendant plus d’une demi-heure, scandant : « nous ne voulons rien, nous voulons nos enseignants», «Les soldats peuvent nous charger, nous tirer dessus, leurs enfants sont nos camarades de classe, ils souffrent comme nos parents». A un moment donné, nous avons tous pris peur parce qu’ils donnaient des coups de bâtons et de poings au bus qui nous ramenait à Lomé. Même les élèves des écoles confessionnelles et du privé sont dans les rues », raconte Kodjo Dagah. Toujours à Tsévié hier, le tour cycliste qui devait traverser la ville en direction d’Atakpamé a été brutalement stoppé par les élèves. Le motard qui voulait forcer le passage a été poussé dans le ravin. Quant aux cyclistes, ils ont abandonné leurs vélos et pris leurs jambes au cou. Le tour cycliste du Togo s’est transformé en parathon à Tsévié.

Dans les Lacs, à Kpémé et à Agbodrafo, même scénario. Des milliers d’élèves ont manifesté ouvertement dans les rues et sur la Nationale N°2, réclamant la même chose : les professeurs et les cours. Rien que ça ! Du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest, la vague Kaki dicte ses lois.

Maxime DOMEGNI

L’Alternative Togo

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here